« Pocahontas » : un gros succès commercial... hors des écrans

Avec seulement 4,6 millions d'entrées en France au 2 janvier, six semaines après sa sortie sur le grand écran, Pocahontas est loin d'égaler le score réalisé l'an dernier par le Roi lion (7,9 millions de spectateurs à la même époque). Tout comme aux Etats-Unis, où le dernier-né des studios Disney a rapporté deux fois moins : 150 millions de dollars (750 millions de francs) au box-office, contre 300 millions pour le lion Simba. Il est vrai que le Roi lion a fait figure de film événement : au même titre que ET, de Steven Spielberg, cette production a réussi à attirer la famille entière au cinéma. L'histoire de la petite indienne visait une cible plus restreinte : la fillette de six à douze ans. Un réflexe de consommation Aux yeux de nombreux abonnés Disney, l'absence d'animaux a pénalisé Pocahontas, qui devrait faire le même nombre d'entrées que Aladdin. « On y croyait moins », ajoute-t-on chez Carrefour, un distributeur très impliqué l'an passé avec le Roi lion, mais qui n'a pas souhaité récidiver... Au grand dam de Mattel, l'un des fidèles partenaires du groupe de Michael Eisner. « Le nouveau Disney a dépassé nos espérances, confie son directeur général adjoint, Hervé Parizot. En France, les jouets inspirés du dessin animé enregistrent un chiffre d'affaires de 50 millions de francs. Mais nous aurions pu augmenter nos ventes de 20 % si la grande distribution avait totalement adhéré au film. » Chez Chaulnes Textiles Industries - qui travaille depuis 1982 avec Disney et vient de signer une licence pan-européenne - on se félicite des ventes réalisées cette année (+ 20 %). Paradoxalement, si la carrière du film n'a rien d'éclatant, Pocahontas devrait battre tous les records de vente de droits dérivés... « Il va coiffer sur le poteau le Roi lion, dont le merchandising a rapporté environ 400 millions de dollars en Europe, avec des recettes de 10 % à 15 % supérieures, toutes catégories de produits confondus, avec une pointe à 50 % dans le textile », assure Pierre Sissmann, responsable en France de la maison Disney et président de la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique. Ce dernier table donc sur une valeur au détail de 600 millions à 650 millions de dollars pour les articles estampillés Pocahontas, un bilan définitif étant prévu pour la fin mars. Le nombre des licences délivrées en Europe est à la hausse (350 pour Pocahontas, 300 pour le Roi lion), de même que le nombre des produits dérivés (autour de 5.000) proposés par ces entreprises... L'engouement du public pour Mickey et consorts reste fort. le Roi lion a créé un réflexe de consommation : « Désormais, les gens sont prédisposés à acheter les objets liés au dernier Disney, même s'ils ne sont pas allés voir le film », relève Stéphane Azoulai, directeur commercial de la société de jouets audio Lansay. De fait, la dépense moyenne unitaire des Français en produits à l'effigie des personnages Disney (un marché de 4 à 5 milliards de francs, hors parcs de loisirs) s'élève à plus de 180 francs par an. Ce qui nous situe au second rang européen, derrière les Allemands. La compagnie reste toutefois désireuse d'accroître sa présence dans l'Hexagone : forte d'une quinzaine de boutiques en propre (Disney Stores), elle compte ouvrir, d'ici à deux ans, des « corners » dans les grands magasins et autres centres commerciaux, à l'instar de ce qui est réalisé en Espagne (avec Corté Inglès) et en Allemagne (avec C&A). Mais, pour le moment, la firme s'apprête à vivre une année exceptionnelle, avec la prochaine sortie en France de Toy Story (un dessin animé réalisé en images de synthèse) et du Bossu de Notre-Dame (tiré du roman de Victor Hugo), prévu pour la fin de l'année. Un défi pour Disney, qui devra gérer deux nouveautés dans la même année. Nathalie Hamou et Nicole Triouleyre
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