L'Otan apporte une nouvelle tempête

C'est un débat qui pourrait tourner à l'orage pour Nicolas Sarkozy et le gouvernement. Le retour de la France dans la structure militaire de l'Alliance atlantique devrait être officialisé lors des cérémonies du soixantième anniversaire de l'Otan, les 3 et 4 avril, à Strasbourg et Kehl. Mais cette décision, qui rompt avec la stratégie gaullienne d'indépendance instaurée en 1966, suscite l'opposition croissante des responsables de la gauche et de certaines voix de la majorité. Le Parti socialiste réclame un débat suivi d'un vote à l'Assemblée, et ce bien évidemment avant le début du mois d'avril. « Qu'est-ce que nous gagnerions en influence supplémentaire en allant jusqu'au bout de l'intégration militaire ? Je ne vois pas le progrès. En revanche, je vois ce que nous perdrions en termes d'autonomie et d'indépendance », a déclaré l'ex-patron du PS, François Hollande, invité hier sur RTL.« aller sans retour »Le président du Modem, François Bayrou, parle pour sa part d'un « aller sans retour », d'une « défaite pour la France et pour l'Europe ». Dimanche, l'ancien Premier ministre chiraquien Dominique de Villepin, héraut du « non » aux États-Unis lors de la crise irakienne de 2003, a jugé que ce serait « une faute » de la part de Nicolas Sarkozy de faire revenir la France « pleinement dans l'Otan ». Le retour de la France dans le commandement intégré de l'Otan « n'est pas un détail », « ce n'est pas juste une signature de plus pour normaliser une position », mais « c'est véritablement la France qui passe sous les fourches Caudines d'un autre pays », a déploré l'ancien ministre des Affaires étrangères. Dominique de Villepin s'est d'ailleurs interrogé sur la nécessité d'ouvrir un tel débat alors que Nicolas Sarkozy est déjà en difficulté dans l'opinion en raison de la crise économique.Face à la montée des contestations, François Fillon s'est dit prêt à engager la responsabilité du gouvernement en cas de vote à l'Assemblée sur l'Otan. Le Premier ministre ne souhaite pas ce vote mais, s'il devait être organisé, il constituerait un moyen puissant de contrainte pour les députés UMP tentés par une opposition à la décision de Nicolas Sarkozy.HéLèNE FONTANAUD
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.