Ces ministres qui tirent profit de la crise

Pour présenter le plan de relance adopté quelques minutes plutôt en Conseil des ministres, Patrick Devedjian, en charge de sa mise en ?uvre depuis une semaine, a dû accepter, hier, de se déplacer à Bercy, chez ses collègues Christine Lagarde et Éric Woerth. Une façon pour la ministre de l'Économie et celui des Comptes publics de rappeler qu'ils sont aux premières loges dans l'application du plan et la distribution de ses 26 milliards. N'est-ce pas Bercy et ses services qui vont assurer le remboursement anticipé de la TVA et des acomptes d'IS ou la mise en place d'un amortissement accéléré pour les investissements??Le plan de relance annoncé le 4 décembre par Nicolas Sarkozy a, en fait, divisé le gouvernement en deux camps?: celui des gagnants et les autres... «  Je constate qu'il y a des ministres qui sont heureux de la situation économique difficile car elle amène à des arbitrages plus favorables que ceux qui avaient été décidés », lançait François Fillon, en regardant Christine Boutin et Fadela Amara qui l'accompagnaient en déplacement lundi dernier à Orléans. À l'évidence, la ministre du Logement et sa secrétaire d'État à la Politique de la ville font partie des bénéficiaires du plan. Malgré le report de sa loi logement qu'elle a mal vécu, Christine Boutin peut aujourd'hui se prévaloir des 100.000 logements nouveaux à construire ou à racheter aux promoteurs en deux ans. Fadela Amara, dont l'action patinait depuis plusieurs mois, a, à nouveau, du grain à moudre avec les 350 millions d'euros supplémentaires affectés lundi par le Premier ministre à la rénovation des quartiers sensibles. De même, après la difficile adoption du RSA et son financement, Martin Hirch, le haut-commissaire aux Solidarités actives, peut justifier de son utilité avec la prime de 200 euros qui sera attribuée en avril aux 3,8 millions de bénéficiaires de son RSA. grands travaux avancésDonné partant de la Défense lors d'un prochain remaniement, le centriste rallié à Nicolas Sarkozy, Hervé Morin, sauvera-t-il sa tête en arguant du fait qu'il faut un ministre expérimenté pour dépenser d'ici à 2010 2,3 milliards supplémentaires ? Il s'est d'ailleurs empressé d'annoncer la commande de 200 nouveaux petits véhicules blindés à Panhard.Si Jean-Louis Borloo peut se déclarer satisfait des 500 millions destinés aux infrastructures et aux équipements durables, comme la réfection des canaux et des barrages, c'est son secrétaire d'État aux Transports, Dominique Bussereau, qui tire véritablement la couverture à lui en pilotant la construction des quatre nouvelles lignes TGV censées être achevées d'ici 2011 et non 2020 comme prévu initialement. Ministre déjà bien notée, Valérie Pécresse profite de 1,7 milliard supplémentaire pour accélérer la rénovation des locaux universitaires, soit une progression de son budget de 15 % au lieu de 8 %.Mais à l'inverse, Xavier Darcos, son ministre de tutelle, déjà fragilisé par le report de sa réforme de la classe de seconde, n'a rien obtenu pour l'Éducation nationale. Pas plus que Rachida Dati, la désormais très contestée garde des Sceaux, pour la construction ou la rénovation de prisons. Reste le cas de Patrick Devedjian. Sans crise ni plan de relance, l'ancien secrétaire général de l'UMP n'aurait pas rejoint le gouvernement en cette fin d'année. Mais maintenant qu'il doit suivre l'application du plan pendant au moins un an, il risque de louper, au prochain vrai remaniement, le ministère de la Justice, qu'il lorgne depuis des mois. Patrick Coquidé
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