La belle histoire de Nortel à Châteaufort risque de mal finir

Pas de banderole, pas de barrage, pas de mobilisation bruyante. À peine visible depuis la route, caché derrière une double haie et bordé par un petit lac, le site de Nortel à Châteaufort dans les Yvelines est toujours aussi calme. « Vous n'êtes pas chez Continental ou Caterpillar », commente un salarié anonyme. Pourtant, depuis l'annonce la semaine dernière d'un plan visant à supprimer 500 des 700 emplois du site, les salariés de l'équipementier en télécoms canadien vivent la fin de l'histoire du groupe en France. En redressement judiciaire depuis le 15 janvier au Canada, Nortel se débat pour sa survie.À court de liquidités, l'activité de recherche et développement de Châteaufort sera fermée. En revanche, la direction et Ernst & Young, l'administrateur qui gère depuis Londres la procédure des 11 filiales européennes, veulent maintenir à flot l'autre unité française, Nortel SAS. Avec, pour objectif, de sauver les contrats en cours, notamment celui avec Bouygues Télécom, premier client du groupe en France.reprise des discussionsSuspendu depuis la semaine dernière, le comité d'entreprise reprend aujourd'hui. Refusant de parler à la presse pour ne pas compromettre les discussions, les représentants du personnel ont demandé des garanties à la direction, notamment pour les 200 salariés qui resteront chez Nortel SAS ou sur l'usage des fonds excédentaires de la mutuelle. Mais s'ils n'obtiennent rien, les salariés n'excluent pas d'entrer dans un mouvement plus « actif », explique un salarié. Car, anonymement, beaucoup reconnaissent leur « dégoût » devant cette situation et la stratégie de Nortel qui, en cinq ans, a fait passer les effectifs de Nortel à Châteaufort de 2.500 à 700 personnes aujourd'hui? et peut-être 200 demain.« Inquiet », Patrice Pannetier, le maire de Châteaufort, tente de mobiliser le gouvernement. Ancienne députée de la circonscription, Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur, a été alertée. Le message a été porté jusqu'aux services du ministère de l'Économie. Mais depuis, plus de nouvelle, même si le « préfet se préoccupe du dossier ».Aucun employé de Nortel n'habite Châteaufort, mais la fermeture du site sera un coup dur pour ce village de 1.500 habitants. « Installé depuis 2002, sur un site qu'il a lui-même fait construire, Nortel assure 12 % de la taxe professionnelle et 4,5 % du budget de la commune », calcule Patrice Pannetier. Le maire a contacté plusieurs entreprises voisines pour trouver un repreneur pour le site, notamment Renault dont le Technocentre est à quelques kilomètres. En vain. Du coup, le maire a décidé de renoncer à plusieurs investissements. O. Pi.
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