Transport aérien  : une reprise en fanfare perturbée par une explosion des coûts

Avions pleins, tarifs élevés et bénéfices sans précédent... Après le Covid-19, tout va mieux en apparence pour les compagnies aériennes, mais elles sont confrontées à une préoccupante explosion de leurs coûts face aux pénuries de pièces et de main-d'œuvre.
Des voyants se sont mis à clignoter, comme des promotions consenties par certaines compagnies aériennes pour l'été, signe d'un besoin de relancer les ventes.
Des voyants se sont mis à clignoter, comme des promotions consenties par certaines compagnies aériennes pour l'été, signe d'un besoin de relancer les ventes. (Crédits : DR)

En 2023, tiré par une forte reprise des voyages, le transport aérien a retrouvé 94,1% de son trafic mondial de 2019. Iata, qui rassemble 320 compagnies aériennes réalisant 83% du trafic mondial, n'a pas encore consolidé le nombre de passagers dans ses calculs, mais début décembre, l'association avait dit escompter 4,29 milliards de voyages aériens en 2023, non loin du volume historique de 2019 de 4,54 milliards. Pour 2024, l'organisation estime que ce record sera battu avec 4,7 milliards de voyages.

Cette reprise spectaculaire pourrait bien être enrayée par de nombreuses problématiques auxquelles sont confrontées les compagnies.

« Aujourd'hui la question est de savoir comment réussir la saison d'été avec une demande assez forte, mais des avions pas toujours au rendez-vous », résume à l'AFP Jérôme Bouchard, partenaire du cabinet de consultants Oliver Wyman.

En cause : les retards dans les livraisons d'appareils, un sujet criant chez Boeing, mais concernant également Airbus. Le constructeur a d'ailleurs remis ce jeudi au régulateur américain de l'aviation (FAA) une « feuille de route » pour résoudre ses problèmes de production.

De nombreux transporteurs rentables comme jamais

Cela n'empêche pas de nombreux transporteurs d'être rentables comme jamais. Emirates, emblématique du développement économique de Dubaï ces dernières décennies, a raflé 5,1 milliards de dollars de bénéfice en 2023-2024, pas très loin des 7,8 milliards cumulés engrangés par les compagnies basées aux Etats-Unis.

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Mais des voyants se sont mis à clignoter, comme des promotions consenties par certaines compagnies pour l'été, signe d'un besoin de relancer les ventes. Air France-KLM, qui avait encaissé 934 millions d'euros l'année dernière, a perdu 522 millions au premier trimestre 2024, s'imposant un plan d'économies comme le groupe Lufthansa qui s'est enfoncé dans le rouge pendant la même période (-734 millions d'euros). TAP Air Portugal a aussi alourdi ses pertes à 71,9 millions d'euros au premier trimestre, en raison notamment de la fin des coupes salariales liées à son plan de restructuration. Autre exemple : SAS, dont Air France-KLM va devenir actionnaire, a presque doublé sa perte au deuxième trimestre de son exercice décalé, malgré des ventes en nette hausse.

Iata tient lundi son assemblée générale annuelle

« De nombreux coûts augmentent de façon importante » pour l'aérien, en particulier en Europe, constate Nina Lind, partenaire chez McKinsey à Munich (Allemagne), évoquant « de nouveaux accords salariaux » et « une pénurie générale d'ouvriers qualifiés ». Début avril, le personnel navigant de Lufthansa a ainsi obtenu une augmentation salariale de 16,5%, après un bras de fer de plusieurs mois avec la direction ayant provoqué des grèves et des annulations de vols

L'experte estime toutefois qu'en général, l'année 2024 « sera très bonne d'un point de vue financier pour les compagnies », comme 2023, car leurs clients consentent à acquitter des prix toujours élevés, même si ceux-ci se sont repliés depuis le pic de 2022. Easyjet s'attend ainsi à un été record. « Au cours des prochains mois, nous assurerons près de 2.000 vols quotidiens et transporterons 300.000 passagers par jour, » a indiqué la compagnie la semaine dernière.

Pascal Fabre, spécialiste du secteur aérien chez AlixPartners, apporte une nuance : selon lui, entre 2019 et 2023 les tarifs des vols intérieurs aux Etats-Unis « ont augmenté de 9%. Sur l'intra-européen, de 12%, et sur le transatlantique de 14%. Mais globalement, c'est plus faible que l'inflation » même si les passagers ne le ressentent pas ainsi.

L'Iata doit publier lundi de nouvelles statistiques et projections financières pour le secteur, à l'occasion de son assemblée générale annuelle. Les rendez-vous de l'association sont aussi l'occasion de débats sur un secteur à la fois mondialisé et tributaire de circonstances locales: les conflits qui affectent la demande de voyages et les plans de vol, les problèmes de production et de qualité de Boeing, l'irruption de l'intelligence artificielle ou la lutte contre le changement climatique.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 31/05/2024 à 10:20
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EasyJet . 2000 avions et 300 000 passagers/jours. Transport de masse, tourisme de masse, des futilités qui coûtent "un pognon de dingue" qui pourrait être investi dans des activités moins polluantes et moins destructrices pour la planète.

à écrit le 31/05/2024 à 9:07
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Une explosion des coûts supportés par l'argent public encore donc, vu que j'ai vu hier une publicité pour une compagnie aérienne qui faisait les billets à 5 euros pour telles et telles destinations. Leurs gros camions, leurs gros avions, leurs gros p...

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