![Les lignes les plus touchées seront le RER D et la ligne R du Transilien. (photo d'illustration)](https://static.latribune.fr/full_width/2111030/rer.jpg)
[Article publié le mardi 21 mai 2024 à 7h53, mis à jour à 8h36] Le trafic sera « très fortement perturbé » mardi pour les trains de banlieue et RER exploités par la SNCF en raison d'une grève des cheminots franciliens à la veille d'une journée de négociations sur les primes perçues pendant les Jeux olympiques, a annoncé dimanche la SNCF.
Les lignes les plus touchées seront le RER D et la ligne R du Transilien, avec seulement un train sur cinq et uniquement aux heures de pointe (de 6h30 à 9h30 et de 16h00 à 20h00). On comptera seulement deux trains sur cinq sur le RER E, qui ne roulera pas entre 10h00 et 17h00 et ne desservira pas de nombreuses gares. Le RER C sera lui aussi particulièrement perturbé avec deux trains sur cinq, seulement entre 6h00 et 10h00 et entre 16h00 et 20h00, selon les branches. Cela signifie qu'on comptera en moyenne un train toutes les 15 à 30 minutes en heure de pointe et de nombreuses gares ne seront, là non plus, pas desservies. Sur la ligne V du Transilien, il y aura un seul train par heure, en heure de pointe.
Ailleurs sur le réseau, le RER A, ligne la plus empruntée avec plus d'un million de voyageurs par jour, sera à peu près épargnée car exploitée par la RATP, à l'exception d'une branche allant vers Poissy où on comptera un train sur deux. Même chose pour le RER B où il y aura un train sur deux sur la partie nord (SNCF) et deux sur trois sur la partie sud (RATP). Enfin, les autres lignes du Transilien (les trains de banlieue) verront circuler un train sur trois (H, J, L, N, U). Reste que, en raison des perturbations, la SNCF recommande de différer ses déplacements ou de privilégier le télétravail.
L'épineux sujet des primes JO
Le mouvement, initié par Sud-Rail et la CGT-Cheminots, rejoints par endroit par l'Unsa-Ferroviaire mais aussi FO-Cheminots (syndicat non-représentatif de la SNCF), s'annonçait particulièrement suivi. Dès vendredi, Sud-Rail a prévenu que plus de 90% des conducteurs avaient l'intention de se mettre en grève sur certaines lignes, au lendemain du lundi de Pentecôte.
Les cheminots cherchent à mettre la pression sur la direction, à la veille d'une réunion conclusive sur les primes allouées aux agents mobilisés pendant les Jeux olympiques et paralympiques.
Sud-Rail déplore pour le moment que seule une indemnité de 50 euros brut par jour travaillé pendant les compétitions ait été prévue. A la RATP, où les négociations sont terminées, les agents mobilisés entre le 22 juillet et le 8 septembre toucheront en moyenne une prime de 1.000 euros brut.
La présidente de la région Île-de-France et de l'autorité régionale des transports, Valérie Pécresse, a fustigé sur X une « grève indéfendable ».
« Si ces primes JOP sont légitimes, le chantage à la grève lui ne l'est pas, surtout dans un grand service public qui devrait avoir les usagers au cœur. Les demandes des cheminots doivent rester financièrement responsables », a-t-elle commenté.
Même dénonciation pour la tête de liste de la droite aux élections européennes, François-Xavier Bellamy. « On est dans une situation où les Français payent deux fois pour la SNCF un service public qui a été confisqué par une petite minorité qui décide de tout bloquer », a-t-il déclaré sur Public Sénat, évoquant le coût croissant des billets et la charge pour les contribuables.
Les syndicats en position de force
Les syndicats tentent donc d'obtenir des concessions de la direction, en faisant pression à quelques mois des JO. Une stratégie qui a d'ailleurs déjà fonctionné puisque ces derniers ont réussi à faire signer un accord sur les fins de carrière des cheminots, à la direction, fin avril. L'accord prévoit entre autres une amélioration du dispositif de retraite anticipée, en particulier pour les cheminots ayant occupé des postes à la pénibilité avérée.
Les cheminots occupant un poste pénible, comme les conducteurs ou les aiguilleurs, pourront entamer une « cessation anticipée d'activité » 30 mois avant leur retraite avec 15 mois travaillés rémunérés à 100% et 15 mois non travaillés rémunérés à 75%. Pour les contrôleurs, le dispositif est encore plus avantageux avec une cessation d'activité s'étalant sur 36 mois dont 18 mois non travaillés rémunérés à 75%. Les cheminots ayant plus de quinze ans d'ancienneté, mais pas de pénibilité, pourront aussi profiter d'un dispositif sur dix-huit mois, avec neuf mois à temps plein et neuf mois de dispense d'activité, l'ensemble étant rémunéré à 75 %. D'autres dispositions dans l'accord sont prévues sur le temps partiel de fin de carrière, rémunéré 10% de plus que le temps réellement effectué. La direction a également proposé la création d'un échelon d'ancienneté supplémentaire pour améliorer la rémunération des cheminots en fin de carrière.
Si la SNCF est prête à autant d'efforts, c'est parce qu'elle veut éviter de faire face à de nouvelles grèves d'ampleur. Durant le weekend du 16 février, le transporteur avait encaissé une grève massive avec trois contrôleurs sur quatre en arrêt et une circulation des trains « fortement perturbée ». « 850.000 Français vont pouvoir finalement partir en vacances » mais « je regrette que 150.000 Français ne vont pas pouvoir partir », avait déclaré sur BFMTV, le patron de SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet, concédant que « nous ne sommes pas au rendez-vous ».
Surtout, les syndicats laissaient planer la menace de nouveaux mouvements de grève cet été, pendant les Jeux olympiques et paralympiques. La SNCF s'était néanmoins montrée rassurante. « A ce stade » pour les JO, « je ne vois pas de risque particulier » de perturbations et « je ne suis pas pessimiste du tout », avait assuré Jean-Pierre Farandou fin mars. « Je pense qu'on sera en capacité de converger au mois de mai, au mois de juin », avait ajouté le patron du groupe ferroviaire public au micro de BFMTV et RMC.
Farandou sanctionné
La stratégie de concession du PDG de la SNCF n'a cependant pas plu au gouvernement. Ainsi, ce dernier ne sera pas reconduit pour un deuxième mandat à la tête du groupe ferroviaire, mais poursuivra sa mission pendant l'été « afin de garantir la bonne organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques », a annoncé le gouvernement début mai.
Avant l'annonce, Bruno Le Maire a même convoqué le PDG de la SNCF à Bercy pour s'expliquer, notamment sur le financement de l'accord, évalué à environ 35 millions d'euros selon des sources ferroviaires. Le ministre de l'Economie et des Finances a même qualifié ce dernier de « pas satisfaisant » et « provocant ». « J'ai en partie avec d'autres, la tutelle de la SNCF, notamment la tutelle financière. Un accord est signé qui engage effectivement les équilibres de la réforme des retraites et les équilibres financiers de la SNCF. Je n'ai pas été averti », s'est désolé Bruno Le Maire, interrogé sur BFMTV/RMC.
Le ministre de l'Economie a rappelé que l'Etat avait aidé la SNCF à rééquilibrer ses comptes avec 35 milliards d'euros de reprise de dette en 2018, et qu'il était « en droit » de lui demander des comptes.
Une grève aussi prévue dans les aéroports parisiens Plusieurs syndicats des agents des aéroports parisiens ont parallèlement déposé un préavis de grève pour mardi, mais le mouvement ne devrait pas perturber le trafic outre mesure. « Tous les vols prévus pourront être assurés », a indiqué une porte-parole d'Aéroports de Paris (ADP) dans un message à l'AFP en précisant que « certains vols pourraient être affectés mais sans être annulés ». La mobilisation est à l'appel des syndicats CGT, CFDT, FO et Unsa, qui demandent « un plan d'embauche d'urgence, l'ouverture immédiate de négociations des grilles avec revalorisation (et) l'arrêt de la dégradation des conditions de travail ». Ils souhaitent également « une gratification homogène pour tous les agents ADP (volontaire ou non / opérationnel ou non) travaillant du 8 juillet au 15 septembre » pour les Jeux olympiques et paralympiques. ADP, détenu à 50,6% par l'Etat français, tiendra ce même jour son assemblée générale.
(Avec AFP)
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