Nouvelle déconvenue pour les taxis volants qui ne seront finalement pas expérimentés pour les JO à Paris

Ces « véhicules à décollage et atterrissage verticaux » (VTOL) - projet porté le groupe ADP et la startup allemande Volocopter - n'ont pas obtenu la certification nécessaire pour leur permettre d'effectuer, comme convenu, des vols à partir d'une plateforme aménagée, amarrée à un quai sur la Seine au niveau d'Austerlitz pendant les Jeux olympiques. L'objectif étant de capitaliser sur l'événement sportif pour faire la promotion de ces nouveaux engins, loin de faire l'unanimité.
Le Volocity présenté en mars 2023 au Japon.
Le Volocity présenté en mars 2023 au Japon. (Crédits : Kenichi Unaki / The Yomiuri Shimbun via Reuters Connect)

[Article publié le jeudi 08 août 2024 à 08h13 et mis à jour à 14h40] C'était l'une des nombreuses promesses des JO, mais celle-ci ne sera pas tenue. Les promoteurs des taxis volants ont annoncé ce jeudi, renoncer à effectuer des vols d'expérimentation à Paris. En cause, une certification des moteurs qui n'a pas pu être obtenue dans les temps.

« Le coup de frein est réel », a reconnu Augustin de Romanet, le PDG du Groupe ADP, au micro de France info ce matin. « Mais nous conservons l'espoir de faire voler ces engins au-dessus de la Seine avant la réouverture de Notre-Dame », prévue en décembre, a-t-il ajouté.

Ces taxis volants, appelés VTOL pour « véhicules à décollage et atterrissage verticaux », « sont de nouveaux véhicules de déplacement aérien qui sont donc décarbonés et sans nuisance », décrivait Edward Arkwright, directeur général exécutif du groupe ADP (Aéroports de Paris), lors du Sommet du Grand Paris organisé par La Tribune en septembre dernier, assurant qu'ils sont, avec 60 décibels, quatre fois moins bruyants qu'un hélicoptère. Ces aéronefs à deux places, dont celle du pilote, sont équipés de batteries alimentant 18 rotors disposés en couronne au-dessus du cockpit.

Lire aussiTaxis volants : « Tout est fait pour qu'ils soient prêts pour les Jeux olympiques » (Groupe ADP)

La certification du Volocity, l'engin conçu et fabriqué par Volocopter, a subi un « décalage de quelques semaines », a ainsi expliqué Edward Arkwright. Le PDG de la startup allemande, Dirk Hoke, a attribué ce nouveau retard à « un sous-traitant américain qui n'était pas capable de fournir ce qu'il avait promis ». Ce type de moteur « avait de petites vibrations », a précisé Augustin de Romanet.

Les moteurs devant équiper l'engin prévu à Austerlitz ont dû être renvoyés aux Etats-Unis afin d'être contrôlés. « Ils vont revenir la semaine prochaine, mais pas à temps pour faire les vols depuis la barge » avant la fin des Jeux, a encore ajouté Edward Arkwright. « On est un peu déçus, mais en tout cas on avait dit qu'on ne ferait aucun accommodement avec la sécurité », a-t-il assuré.

Pas de certification de l'Europe

Initialement, ADP - qui gère les aéroports et aérodromes de la région parisienne, dont Paris-Charles-de-Gaulle et Orly, mais aussi Saint-Cyr - et Volocopter souhaitaient effectuer des vols à partir d'une plateforme aménagée, amarrée à un quai sur la Seine au niveau d'Austerlitz, dans l'est de la capitale, en capitalisant sur l'attention mondiale portée aux Jeux olympiques. Le but à terme est de démontrer la faisabilité d'un nouveau mode de transport en zone urbaine dense, en faisant circuler ces appareils entre plusieurs « vertiports ». Parmi ceux-ci figurent l'installation de Saint-Cyr, inaugurée jeudi et qui comprend un poste d'inspection-filtrage des bagages des passagers, une station de recharge des batteries mobiles des appareils, ainsi qu'une aire de stationnement.

Ce n'est pas la première fois que les initiateurs de ce projet sont contraints de revoir leurs ambitions à la baisse. Volocopter n'a, en effet, pas obtenu à temps une certification de l'Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) pour accueillir des passagers payants.

La mairie de Paris opposée au projet

Sans compter que le projet ne fait pas l'unanimité, malgré le soutien notamment de la région Ile-de-France. Il a, en effet, rencontré l'hostilité des élus municipaux de Paris, de la majorité comme de l'opposition. La mairie, parlant d'une « aberration écologique », avait même contesté en justice l'arrêté publié le 9 juillet par le ministère des Transports et autorisant la création de l'« hélistation » d'Austerlitz (la plateforme permettant le décollage et l'atterrissage des taxis).

Néanmoins, le 24 juillet, le Conseil d'Etat saisi en référé avait donné tort à la municipalité, en attendant une décision sur le fond censée intervenir à l'automne. Selon l'arrêté du ministère, l'autorisation d'exploitation de la plateforme court jusqu'au 31 décembre « au plus tard », et ce, compte tenu du « caractère expérimental » du projet.

Celui-ci a également obtenu le soutien du ministre des Transports, Patrice Vergriete, aujourd'hui démissionnaire, qui avait déclaré le 24 juillet se « réjouir de la décision du Conseil d'État. J'aimerais bien qu'on puisse expérimenter ce nouveau type de déplacement, ce nouveau type de mobilité », avait-il commenté. Le ministre avait, alors, insisté sur l'utilité de ces engins pour effectuer des évacuations sanitaires ou des transports d'organes, plutôt que de parler de « taxis volants » associés à un mode de transport pour les plus riches. « Pourquoi a-t-on envie de l'expérimenter ? Parce que je pense que demain ça peut peut-être sauver des vies », avait-il affirmé, soulignant que des « ambulances du ciel » sur la base d'appareils plus grands que le Volocity biplace sont par ailleurs dans les cartons de Volocopter.

D'ailleurs, ce jeudi, alors qu'une maquette du Volocity exposée à Saint-Cyr jeudi portait la livrée de l'ADAC, l'automobile-club allemand, et l'inscription « Notarzt » (Médecin urgentiste), Augustin de Romanet a, lui aussi, défendu un projet « utile aux gens », et a appelé sur le ton de l'ironie les critiques de cette technologie à s'engager à ne pas y avoir recours « le jour où ils auront besoin d'être secourus en montagne, au bord de la mer ou dans un festival techno ».

Des démonstrations prévues cette semaine

ADP et Volocopter visent désormais un vol « d'ici à la fin de l'année » depuis une plateforme flottant sur la Seine à Paris. Ils prévoient d'organiser des démonstrations avec un prototype, sans passager, jeudi et dimanche à l'aérodrome de Saint-Cyr-l'Ecole (Yvelines). Une autre est programmée dimanche à l'aube depuis le Grand Trianon situé dans le parc du Château de Versailles, d'où s'était élevé en 1783 le premier engin volant de l'histoire, la montgolfière des frères Montgolfier.

Car même sans certificat, le Volocity peut être autorisé à effectuer des démonstrations avec le seul pilote à bord, voire à transporter également un observateur non payant, précisait en début d'année le PDG de Volocopter, Dirk Hoke.

« ADP poursuit la fuite en avant (...). Ce vol versaillais serait donc réalisé sans homologation de l'AESA (Agence européenne de sécurité aérienne, ndlr), ce qui interroge et confirme la stratégie de passage en force permanent des porteurs de ce projet », a néanmoins réagi dans un communiqué Céline Malaisé, présidente du groupe communiste au conseil régional.

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 10
à écrit le 11/08/2024 à 3:53
Signaler
Comme pour les taxis volant sur la Seine, ou l'homme volant du 14 juillet , des pompes à subventions que nos énarques littéraires sponsorisent avec l'argent du contribuable.

à écrit le 10/08/2024 à 16:22
Signaler
Ces gadgets sont inutiles. Si on veut transporter des malades, il faut le faire par hélicoptère avec du personnel qualifié. Et si des gens veulent se déplacer, il existe les transports en commun, le vélo ou la marche à pied. L’espace urbain est dense...

à écrit le 09/08/2024 à 19:20
Signaler
Outre les nuisances sonores et visuelles, quand quelques uns se seront crashes en pleine ville …

à écrit le 08/08/2024 à 20:40
Signaler
Il y a des yaxis volants depuis bein longtemps le hélicoptere etait inventé par Sikorsky aux États-Unis en 30s de 20eme siecle.

le 10/08/2024 à 7:39
Signaler
comment expliquer q'une entreprise allemande fait valider un concept par un autre pays si ce n'est la magouille du pdg des aeroports de paris qui n'est autre que le beau frere du ministre des finances de la france ce qui ressemble a une manipulation...

à écrit le 08/08/2024 à 14:40
Signaler
Les taxis volants ? A hurler de rire ! Pilotés automatiquement pour mourir écrasé contre un mur ? Et compte-tenu de leur envergure encombrante où se poseront-ils ? Certainement pas au pied de chez vous mais où la place le permettra. Ensuite il vous ...

à écrit le 08/08/2024 à 14:34
Signaler
Comme ambulance, c'est sans doute un moyen intéressant.

à écrit le 08/08/2024 à 14:24
Signaler
En Europe, on pose une norme d'abord, d'abord, et on se plie au certificat de type. Aux Etats-Unis, on vole, on met au point, on produit, et l'on vend et on impose sa norme. On l'a déjà vu dans les drones.

à écrit le 08/08/2024 à 12:13
Signaler
il n'y a pas que paris pour valider le projet mais avec m macron on percoit une arnaque de grande ampleur suite de ces bateaux volants sur la seine donc les francais ont payer mais ou sont ils les jeux vont finir et toujours rien m macron doit remb...

à écrit le 08/08/2024 à 8:19
Signaler
Oui ce serait bien d'abord et avant tout quand même hein, prenons l'exemple des voitures dites autonomes qui ont tué trois personnes tandis qu’elles ne le sont toujours pas autonomes, de faire des tests sans risque à savoir par exemple à Strasbourg o...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.