Mise en concurrence des bus : Keolis et RATP déjà prêts à s'affronter dans la petite couronne parisienne

La mise en concurrence des bus en petite couronne parisienne commencera dès la rentrée. Et déjà, deux opérateurs semblent prêts à s'affronter : Keolis et RATP. C'est sans compter sur des opérateurs étrangers qui souhaitent, eux aussi, récupérer une part du gâteau.
En tout, 13 lots où sont réparties 308 lignes de bus seront ouverts aux appels d'offres dès octobre prochain pour une première mise en service fin 2025.
En tout, 13 lots où sont réparties 308 lignes de bus seront ouverts aux appels d'offres dès octobre prochain pour une première mise en service fin 2025. (Crédits : RATP)

Cela aurait dû commencer dans quelques semaines, ce sera finalement pour octobre 2024 : la mise en concurrence des bus en petite couronne parisienne qui a pour objectif d'améliorer le service, selon l'autorité organisatrice des transports, Île-de-France Mobilités (IDFM). Au total, 13 lots où sont réparties 308 lignes de bus seront ouverts aux appels d'offres dès octobre prochain pour une première mise en service fin 2025. Une date initiale en juin avait pourtant été prévue avant d'être reportée pour éviter les mouvements de grève lors des Jeux Olympiques et Paralympiques.

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Déjà, les premiers opérateurs de transports commencent à se positionner, et il y a fort à parier que cette ouverture à la concurrence ne s'établisse en une bataille acharnée entre la RATP Cap IDF, filiale de la RATP, et Keolis. Le premier, opérateur sortant, a déclaré « ne pas se fixer de limite » concernant les réponses aux appels d'offres sur ces lots. Le second a affirmé se positionner sur plusieurs lignes également.

La petite couronne, une perte d'argent ?

En revanche, l'un des plus gros opérateurs de transport, Transdev, pourrait ne pas se positionner cette fois-ci, préférant son développement à l'international. Le groupe n'a pas souhaité répondre à nos sollicitations. Pourtant, ce dernier avait remporté une partie du réseau en grande couronne, de même que Keolis, la RATP Cap et Lacroix-Savac.

Et pour cause, le réseau en petite couronne pourrait coûter cher aux opérateurs de transport. « La séparation en 13 lots fait perdre de l'argent et n'est pas efficace. Les opérateurs ne diffusent pas d'offres, c'est une mise en concurrence bidon, car personne ne veut se positionner dessus. La dette d'Ile-de-France mobilités a explosé, ils perdent 3 millions d'euros par an actuellement », tempête Jacques Baudrier, administrateur PCF à IDFM. L'élu dénonce des lignes peu rentables rendant infructueux deux des lots présentés sur les 13, ce qui repousserait le calendrier d'ouverture à la concurrence.

Un argument balayé par Grégoire de Lasteyrie, vice-président (Horizons) d'IDFM, expliquant que ces deux lots infructueux étaient liés à des raisons externes, notamment les conditions sociales proposées par les opérateurs positionnés. Pour Keolis, la raison concerne seulement les périmètres qui auraient été modifiés. L'opérateur a par ailleurs déclaré « ne pas s'engager là où on peut perdre 10% à 20% de chiffre d'affaires ». Mais difficile de connaître la rentabilité de la petite couronne parisienne, car aucun chiffre de rentabilité sur la grande couronne, déjà ouverte à la concurrence depuis 2021, n'ont été divulgués.

« Il est trop tôt pour connaître la rentabilité des réseaux en grande couronne, il va sûrement y avoir des ajustements », souffle Lacroix-Savac.

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La concurrence pourrait venir de l'étranger

« Il y a de l'intérêt à l'extérieur de France, certaines entreprises européennes sont intéressées », avance Grégoire De Lasteyrie, pour appuyer la rentabilité du réseau de voyageurs en petite couronne et attirer la concurrence.

C'est le cas notamment de l'opérateur italien ATM, spécialisé dans les métros automatiques. Ce dernier a annoncé « mettre à disposition son savoir-faire en participant en tant qu'ATM France aux appels d'offres de bus pour la gestion de la petite couronne ». L'opérateur milanais avait tenté de se positionner sur certains lots en grande couronne il y a trois ans, sans succès.

Quels qu'ils soient, les challengers devraient désormais arriver dans la concurrence avec des prix très agressifs, mais pas sûr que cela suffise à casser le duopole RATP-Keolis.

D'autant que « le critère prix n'est pas le plus important, nous regardons aussi les conditions sociales », a prévenu Grégoire De Lasteyrie d'IDFM.

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Des propos qui ne semblent pas totalement convaincre les 19.000 salariés de la RATP concernés par cette mise en concurrence, ni les usagers. « Cela risque de mal se passer, comme sur plateau de Saclay où la transition de Transdev à RATP Cap où le personnel a disparu et les véhicules étaient mal entretenus », avance Marc Pélissier, président de l'Association des usagers des transports (AUT) d'Ile-de-France. « 1.700 chauffeurs sont déjà partis de la RATP à cause de la mise en concurrence », enfonce Jacques Baudrier.

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Commentaires 2
à écrit le 01/06/2024 à 10:25
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Keolis ont déjà pris des marchés en grande banlieue, et même certaines grandes lignes comme via l'a14, Versailles, Saint Quentin et c'est un catastrophe, remporter le marché veux aussi dire mettre de jeunes conducteurs qui roulent n'importe comment o...

à écrit le 01/06/2024 à 8:50
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Keolis, 70% SNCF, entreprise publique; RATP entreprise publique, A-t-on deja vu une entreprise publique faire concurrence a une entreprise publique ? De qui se moque-t-on ? Posture, Cinema ...

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