Lufthansa dépose son offre pour mettre la main sur ITA Airways, Air France passe son tour

Sauf nouveau retournement de situation, ITA Airways sera bientôt allemande. Du moins en partie. Le groupe Lufthansa vient de poser une offre ferme en vue d'une prise de participation minoritaire dans la compagnie nationale italienne, devant conduire à une prise de contrôle partielle ou totale par la suite. La successeuse d'Alitalia ne sera en tout cas pas française, Air France-KLM ayant renoncé à s'en emparer.
Léo Barnier
ITA Airways devrait rejoindre le giron de Lufthansa.
ITA Airways devrait rejoindre le giron de Lufthansa. (Crédits : REMO CASILLI)

Lufthansa est sur le point de concrétiser son avantage dans le rachat d'ITA Airways. Le groupe allemand vient de déposer une offre ferme pour l'acquisition d'une part minoritaire de la compagnie nationale italienne. Dans le même temps, son concurrent Air France-KLM, qui s'était positionné pendant un temps sur le dossier au travers d'un consortium, a annoncé au gouvernement italien qu'il renonçait à faire de même.

Le dépôt de cette offre était attendu depuis plusieurs semaines, alors que la presse italienne avait annoncé en décembre dernier que Lufthansa avait accédé à plusieurs exigences posées par le gouvernement italien en vue d'obtenir un accord avant la fin de l'année 2022. Il reste néanmoins un certain nombre d'étapes à franchir et, au vu des nombreux retournements opérés par Rome depuis un an - déjà coutumière du fait du temps d'Alitalia -, la partie n'est pas encore gagnée.

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Une acquisition en tranches

Selon le groupe allemand, cette offre soumise au ministère italien de l'économie et des finances doit conduire à la signature d'un protocole d'accord, puis à des négociations exclusives pour finaliser le rachat. Elles porteront « sur la forme d'une éventuelle prise de participation », dont la hauteur n'a pas été dévoilée par Lufthansa si ce n'est qu'elle sera bien minoritaire. Le groupe a en revanche confirmé que son offre comprend des options d'achat pour l'acquisition « des actions restantes à une date ultérieure ».

En se basant sur deux sources proches du dossier, Reuters fait état d'une offre de 300 à 350 millions d'euros pour 40% du capital. Fin 2022, la presse transalpine faisait état d'une arrivée du groupe allemand par le biais d'une augmentation de capital de l'ordre de 200 à 250 millions d'euros pour prendre 35% d'ITA Airways. Une possibilité permise par le décret signé le 21 décembre dernier par la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, qui a défini de nouvelles modalités pour la privatisation d'ITA Airways. Ce décret prévoit d'ailleurs que les candidats au rachat s'engagent à « acquérir ultérieurement le contrôle ou la majorité du capital ».

Les autres points à négocier portent « sur l'intégration commerciale et opérationnelle d'ITA au sein du groupe Lufthansa, ainsi que sur les synergies qui en résulteraient » selon un communiqué du groupe allemand. Le décret gouvernemental de décembre évoque pour sa part des négociations exclusives sur « le plan industriel pour le développement et la croissance d'ITA en accordant une attention particulière au développement de pôles nationaux, l'entrée sur des marchés stratégiques, et l'augmentation des liaisons long-courriers ».

Surtout, le décret institue la mise en place d'un pacte d'actionnaire afin de garantir « la réalisation des objectifs du plan d'entreprise » et de permettre au gouvernement italien de conserver un certain niveau de contrôle sur l'avenir d'ITA. Selon le texte, le ministère de l'économie et des finances italien « se voit accorder des pouvoirs de contrôle adéquats sur la gestion et le droit d'approbation sur les nouveaux actionnaires », tandis que « des mécanismes sont adoptés pour la supervision par le ministère des décisions pertinentes pour la poursuite des objectifs de développement et de renforcement d'ITA ».

Autant d'éléments imposés par le gouvernement d'extrême-droite de Giorgia Meloni, en place depuis fin octobre, et auxquels Lufthansa a vraisemblablement accédé. Le groupe allemand s'était pourtant dit en novembre 2022 « intéressé par une véritable privatisation de la compagnie aérienne ».

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Air France-KLM passe son tour

Ce n'est pas le cas d'Air France-KLM. Bien qu'il ait été membre, avec Delta Air Lines et le fonds Certares, du consortium retenu cet été par le précédent gouvernement italien pour des négociations exclusives, le groupe français assure ne s'être positionné « qu'en qualité de partenaire commercial potentiel », comme il a expliqué à l'AFP. Une prise de contrôle majoritaire conjuguée à un important droit de regard de la part du gouvernement italien semblait donc bien éloignée de ses plans. Pour avoir déjà été actionnaire d'Alitalia à hauteur de 25% entre 2009 et 2014, Air France connaît bien les risques d'un tel montage. Chat échaudé craint l'eau froide.

D'autant qu'ITA Airways est à la peine. Elle a dû recevoir fin 2022 une injection de 400 millions d'euros de fonds publics pour passer l'hiver. Elle a ainsi déjà englouti 1,1 milliard d'euros sur le 1,35 milliard d'euros de financement public autorisé par la Commission européenne lors du lancement de la compagnie italienne en septembre 2021.

Cet épisode marque néanmoins une nouvelle étape dans l'affrontement entre Air France-KLM et Lufthansa pour prendre l'avantage sur le marché italien. Et si le groupe allemand semble en passe de l'emporter pour de bon, un connaisseur du secteur et des tribulations connues par Air France dans la péninsule transalpine assure que ce n'est pas forcément une victoire.

Léo Barnier

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Commentaires 2
à écrit le 19/01/2023 à 8:44
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Faut dire que Air France a engloutit quelques centaines de millions d'Euro pour essayer de relever Allitalia, ça a du les rendre prudent. Certes Allitalia ne connaissait que la grève. ITA est beaucoup plus petit, et peut-être socialement plus calme. ...

à écrit le 18/01/2023 à 18:51
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Après Swiss, Austrian, Brussels, et avant Lot ou SAS, Lufthansa tisse sa toile....alors que AFKLM végète ....J'ai du acheter un billet sur Japan Airlines pour aller au Japon en février car les prix AFKLM frise la folie.....un Multi JAL vers Fukuoka e...

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