Le gouvernement portugais relance pour la énième fois la construction d’un nouvel aéroport à Lisbonne

Le gouvernement portugais a annoncé ce mardi soir avoir retenu la municipalité d'Alcochete, sur la rive sud de l'estuaire du Tage, pour construire le nouvel aéroport de Lisbonne. Un projet en débat depuis 50 ans, notamment sur la question de sa localisation, qui doit permettre de désengorger l'actuel, régulièrement saturé.
L’actuel aéroport Humberto Delgado de Lisbonne a accueilli 33 millions de voyageurs en 2023, un chiffre qui a plus que doublé en dix ans.
L’actuel aéroport Humberto Delgado de Lisbonne a accueilli 33 millions de voyageurs en 2023, un chiffre qui a plus que doublé en dix ans. (Crédits : Rafael Marchante)

L'aéroport Humberto Delgado, qui se trouve au nord de la capitale portugaise, devrait vivre ses dernières années d'activité. « Le gouvernement a décidé d'approuver la construction du nouvel aéroport de Lisbonne (...) à Alcochete », a déclaré le Premier ministre de la droite modérée Luis Montenegro, entré en fonctions début avril, à l'issue d'un Conseil des ministres mardi soir. Ce nouvel aéroport, qui s'appellera Luis de Camoes du nom du grand poète portugais du XVIe siècle, « est amené à complètement remplacer » l'actuel, a-t-il précisé. Le coût total de cet investissement est estimé à quelque huit milliards d'euros, selon les médias portugais.

Aucune date n'a pour l'heure été avancée quant à la mise en service de ce nouvel aéroport, véritable serpent de mer. Son objectif est de désengorger l'actuel, qui repousse depuis plusieurs années son point de saturation. Le nombre de passagers, qui a plus que doublé en dix ans, a franchi l'année dernière la barre des 33 millions de voyageurs.

Meilleure option

L'emplacement de cette nouvelle infrastructure est l'un des points qui a suscité le plus de débat. Ce site d'Alcochete, sur la rive sud de l'estuaire du Tage, est celui qui a été désigné comme la meilleure option par un comité d'experts, chargé par le précédent gouvernement socialiste d'étudier une solution. Dans leur rapport, rendu en fin d'année dernière, ils ont analysé huit scénarios différents et Alcochete a obtenu le meilleur classement.

L'ancien Premier ministre démissionnaire, Antonio Costa, avait alors expliqué que la décision reviendrait à son successeur. Son nom étant impliqué dans une affaire de trafic d'influence, il avait jugé qu'il n' « [avait] pas la légitimité pour prendre une décision sur ce sujet ». Luis Montenegro, alors candidat au poste de chef du gouvernement, avait indiqué que le projet de nouvel aéroport « sera l'une de [ses] premières décisions » s'il « [devenait] Premier ministre ».

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Luis Montenegro a en outre précisé mardi qu'il a également chargé la société qui gère les infrastructures ferroviaires et routières du pays de travailler sur un projet de construction d'une troisième traversée à Lisbonne afin de relier les deux rives du fleuve Tage. Ainsi que d'une liaison ferroviaire à grande vitesse entre Lisbonne et Madrid, projet lui aussi dans les cartons depuis plus d'une décennie.

« En tant que Premier ministre je veux affirmer aujourd'hui que ces décisions bien que rapides sont réfléchies, fondées et stratégiques pour les pays » et « sont dans l'intérêt de la nation », a souligné le Premier ministre portugais.

50 ans de débats

S'il se concrétise, le projet de nouvel aéroport à Lisbonne conclurait un feuilleton à multiples épisodes. Les débats sur l'opportunité de créer cette infrastructure dans la région de la capitale portugaise sont légion depuis 50 ans, période au cours de laquelle pas moins de 17 projets ont fait l'objet de discussions. En 2010, le site d'Alcochete avait d'ailleurs déjà été annoncé par un précédent gouvernement, avant d'être abandonné. À cette époque, le pays sombrait dans la crise de la dette et plusieurs grands projets d'aménagement avaient été repoussés en raison de leur coût colossal.

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Le dernier rebondissement en date remonte à l'été 2022, quand le ministre des Infrastructures de l'époque avait annoncé le projet d'un aéroport complémentaire à Montijo, également sur la rive sud du fleuve Tage, avec à plus long terme la construction d'un aéroport unique à Alcochete. « Cela fait des années que le pays parle d'aéroports. Cela dure depuis trop longtemps. La décision est prise. Nous allons avancer », avait assuré le ministre. Avant d'être désavoué par le Premier ministre alors en place. L'annonce avait en effet pris de court les partis de l'opposition et suscité une vague de contestation, si bien que le gouvernement avait rapidement fait volte-face.

(Avec AFP)

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