Sous la pression de l'ouverture à la concurrence de son marché depuis le 18 décembre, la SNCF lance son offensive low-cost. Face aux coups de boutoir de son concurrent Trenitalia, notamment, qui se positionnent sur les lignes françaises, la compagnie a lancé lundi des trains classiques relativement lents, et commercialisés par une filiale sous la marque Ouigo, sur les lignes Paris-Lyon et Paris-Nantes.
Pour capter cette clientèle sur des offres à bas prix, dans un contexte de forte inflation en France, la SNCF s'est d'ailleurs dotée d'une filiale spécifique baptisée Oslo (acronyme de "Offre de services librement organisés"), rattachée à sa verticale Voyageurs.
Jusqu'à 5 heures de trajet
Concrètement, ces rames "Ouigo Train Classique" utilisent de vieilles voitures Corail rafraîchies et pelliculées en rose. L'intérieur est assez disparate: certains sièges ont eu besoin d'être remplacés, certaines voitures disposent de prises... "On ira plus loin dans la rénovation intérieure si on continue l'expérience", a indiqué Stéphane Blandin, directeur du développement d'Oslo, la filiale de SNCF Voyageurs qui exploite le nouveau service.
SNCF Voyageurs (société du groupe SNCF) s'est en effet donné deux ans pour tester le bien-fondé du retour des trains Corail sur deux axes déjà desservis par des TGV.
La compagnie propose deux allers-retours quotidiens entre Paris (Austerlitz ou Bercy) et Lyon-Perrache, qui prennent entre 4 heures 45 et 5 heures 15, avec des arrêts à Villeneuve-Saint-Georges (à partir de juin), Melun, Dijon, Chalon-sur-Saône et Mâcon.
Les syndicats montent au front
Il faut compter entre 3 heures 30 et 4 heures 15 pour rallier Paris-Austerlitz à Nantes, avec trois allers-retours par jour passant par Le Mans ou par Tours, avec des arrêts respectivement à Juvisy, Massy-Palaiseau, Versailles-Chantiers, Chartres, Le Mans et Angers, ou Juvisy, Les Aubrais, Blois, Saint-Pierre-des-Corps, Saumur et Angers.
"On dit oui à plus de trains, mais la direction fait le choix de les produire par des filiales", a déploré Thomas Cavel, secrétaire général de la CFDT-Cheminots, dénonçant "du moins-disant sur les conditions sociales".
"Ce qui va leur être appliqué (aux employés d'Oslo), c'est l'accord de branche pour l'organisation du travail. Ce qui va les amener à travailler 15 à 20 jours de plus par an", a critiqué Érik Meyer, secrétaire fédéral de SUD-Rail. "Notre mot d'ordre, c'est de dire que la filialisation est une trahison!"
La guerre du low-cost
Or, dans le même temps, la compétition s'accroît. Premier opérateur étranger à concurrencer la SNCF sur le TGV en France, Trenitalia a annoncé début avril avoir transporté 150.000 voyageurs entre Paris et Lyon depuis le lancement en décembre de ses deux allers-retours quotidiens.
Le billet Paris-Lyon de Trenitalia est proposé à partir de 23 euros en classe standard, contre 16 euros en Ouigo et 25 euros en TGV Inoui pour les prix d'appel de la SNCF, sans carte de réduction.
Avec cinq allers-retours par jour à partir de juin, le premier concurrent de la SNCF sur le TGV en France depuis l'ouverture à la concurrence en accès libre de ce secteur, en décembre 2020, aura augmenté de 20% l'offre sur la ligne, a-t-il souligné, la SNCF assurant elle 24 aller-retour quotidiens.
En plus de la concurrence ferroviaire, la compagnie doit aussi tenir à distance les offensives des offres routières telles celles des cars Flixbus mais aussi le covoiturage de Blablacar.
(Avec AFP)
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