![Railpool cherche des relais de croissance en s'attaquant au marché français.](https://static.latribune.fr/full_width/623509/fret-ferroviaire-euro-cargo-rail.jpg)
Présent dans 19 pays européens avec près de 400 locomotives, Railpool brille jusqu'ici par son absence en France. De passage à Paris ce mercredi pour annoncer la création d'un bureau dans la capitale et d'une entité juridique locale, son directeur général Torsten Lehnert a affiché ses ambitions sur le marché hexagonal. Déjà leader en Allemagne et numéro deux en Europe, la société spécialisée dans la location de locomotives de fret électriques veut s'imposer face à la domination quasiment sans partage d'Akiem, l'ancienne filiale de la SNCF. Sûr de ses forces, il veut devenir le deuxième acteur du marché français à l'horizon 2027.
La deuxième place en ligne de mire
« Si nous avons 50 locomotives, nous serons le deuxième plus gros acteur en France », annonce tout simplement Torsten Lehnert. Et cela tombe bien, Railpool a déjà commandé ces 50 locomotives - des Traxx Universal, conçues par Bombardier avant son rachat par Alstom - en juillet dernier. Les livraisons sont prévues entre juillet 2025 et mars 2027, contribuant à constituer un parc de près de 500 locomotives avec à peine 6 ans de moyenne d'âge. Si elles ne seront pas pour autant toutes placées en France, elles doivent fournir le potentiel de croissance pour s'emparer de plus d'un quart du marché dans les prochaines années.
En se basant sur les commandes déjà faites par les différentes roscos (société de location et de gestion des flottes de matériels roulants) du secteur - Akiem, Alpha Train, Beacon Rail... - Railpool estime le marché français à 290 locomotives de location dans les prochaines années, contre 170 aujourd'hui (toutes destinées au fret et à la desserte). Une croissance de plus de 70 %, ni plus ni moins. Avec ses 50 nouvelles locomotives et sûr de son « service complet de location », Torsten Lehnert estime pouvoir s'emparer de 17 % du gâteau, reléguant Alpha Train et surtout Beacon Rail au second plan. En revanche, toujours selon les calculs de Railpool, Akiem devrait continuer de dominer les trois-quarts du marché (92 % aujourd'hui).
A titre de comparaison, Railpool revendique le quart du marché allemand, qui compte 580 locomotives électriques en location, et 18 % du marché européen (1.860 locomotives).
Retards et potentiel français
Le patron de Railpool veut profiter du potentiel de croissance offert par la France. Seules 170 locomotives électriques environ y sont louées aujourd'hui, contre 580 en Allemagne. Malgré un taux d'électrification du réseau ferroviaire de 60 %, plus avancé que dans les pays voisins, la France est en retard dans l'évolution de son parc vers des motorisations électriques par rapport au niveau européen. Selon Torsten Lehnert, le diesel représente moins d'un quart des locomotives de fret en Europe, contre 40 % en France.
Outre le fait de vouloir profiter de ce retard, le dirigeant allemand compte aussi sur les politiques européennes de développement de la part modale du ferroviaire. La France s'est ainsi fixée pour objectif ces dernières années de doubler cette part en dix ans, pour atteindre 18 % en 2030. Elle s'approche pour l'instant des 11 %. Au niveau européen, la Commission veut passer de 17 % aujourd'hui à une cible de 25 à 30 %. Torsten Lehnert y voit un objectif « très ambitieux », mais aussi un signal fort sur lequel il entend bien capitaliser, en France notamment.
Pour appuyer son développement dans l'Hexagone, Railpool a donc ouvert un bureau à Paris, confié à Frédérique Erlichman, passée par Novatrans et la Deutsche Bahn. Il sera complété par une filiale à 100 %, Railpool France SAS, en cours d'immatriculation.
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