IAG (British Airways) prêt à racheter la low-cost Norwegian : Air France sous pression

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  809  mots
Le groupe anglo-espagnol IAG a indiqué, ce jeudi, envisager une possible offre de rachat de la compagnie aérienne à bas coûts norvégienne, troisième low-cost en Europe.
IAG, maison-mère de British Airways, Iberia, Aer Lingus, Vueling et de la marque low-cost long-courrier Level, a indiqué ce jeudi envisager une possible offre de rachat de la compagnie aérienne à bas coûts norvégienne.

Coup de tonnerre dans le ciel européen. Pendant qu'Air France s'enlise dans une grève qui va lui coûter très cher, son rival britannique IAG, maison-mère de British Airways, Iberia, Aer Lingus, Vueling et de la marque low-cost long-courrier Level, prépare avec beaucoup d'opportunisme un coup magistral sur le plan stratégique.

Le groupe anglo-espagnol, a indiqué ce jeudi envisager une possible offre de rachat de la compagnie aérienne à bas coûts norvégienne, troisième low-cost en Europe derrière Ryanair et Easyjet avec 144 avions et première low-cost long-courrier européenne. IAG a par ailleurs précisé avoir déjà acquis sur le marché 4,61% du capital de Norwegian. Le groupe a été obligé de sortir du bois après des révélations de presse dévoilant se projet.

Le cours de Bourse de Norwegian a bondi avant d'être suspendu

"L'investissement minoritaire est destiné à constituer une position afin d'entamer des discussions avec Norwegian, parmi lesquelles la possibilité d'une offre pour Norwegian", a expliqué IAG, en précisant que de telles discussions n'ont pas encore lieu et qu'aucune décision n'a été prise sur une offre.

Dans un communiqué distinct, Norwegian a dit avoir découvert jeudi non seulement l'intérêt de IAG, mais aussi sa prise de participation. Ces informations ont fait s'envoler le titre de Norwegian à la Bourse d'Oslo, qui a par la suite été suspendu. À la suspension à 09H36 GMT, il bondissait de 18,29% à 212 couronnes norvégiennes, ce qui valorisait la compagnie plus de 8 milliards de couronnes (850 millions d'euros).

Norwegian conforterait le poids de British Airways sur l'Atlantique Nord

S'il passait réellement à l'offensive, le groupe IAG ferait preuve d'opportunisme. La compagnie norvégienne n'est, en effet, pas au mieux actuellement. Le transporteur norvégien a perdu près de 300 millions de couronnes (près de 31 millions d'euros) l'an dernier après un bénéfice net de 1,14 milliard en 2016. En raison de sa croissance considérable, la compagnie est confrontée à des coûts de développement très élevés, alors que sa facture carburant a grimpé. La direction a averti que sa perte se creuserait au premier trimestre en raison du prix du carburant et de l'euro. Elle a récemment annoncé une augmentation de capital afin de lever 1,3 milliard de couronnes d'argent frais. Cette année, Norwegian doit recevoir 24 B737-800 ou MAX et 11 B787. Ses capacités vont augmenter de 40%.

« Sur le plan stratégique, cette opération est impressionnante, notamment sur le long-courrier. Spécialisée sur la desserte des États-Unis, Norwegian renforcerait les positions déjà très fortes de British Airways sur l'Amérique du Nord », explique Yan Derocles, analyste chez Oddo BHF.

Ayant obtenu le feu vert pour exploiter 153 routes intérieures et internationales en Argentine, Norwegian apporterait également un potentiel de croissance en Amérique du Sud, déjà bien couvert par Iberia.

IAG atteindrait immédiatement dans le low-cost long-courrier la taille qu'il comptait atteindre au bout de nombreuses années avec Level (30 avions). Aujourd'hui composée de 22 B787, la flotte de Norwegian doit en effet grimper à 32 appareils en fin d'année, avant l'arrivée des A321LR à partir de 2019. IAG, dont le directeur général Willie Walsh est convaincu du développement du low-cost long-courrier, prendrait ainsi un coup d'avance sur Lufthansa dont Eurowings ne compte qu'une grosse dizaine d'avions, et sur Air France-KLM qui hésite à se lancer sur ce marché.

Autre point positif. Avec cette éventuelle acquisition, IAG prendrait le contrôle d'une compagnie qui a déjà financé les frais de marketing pour se positionner sur le marché américain, et qui dispose d'une belle base de données de clients. Enfin, la flotte de B787 est aujourd'hui rodée. Quant à Level, IAG pourrait très bien la positionner sur d'autres axes, comme l'Asie.

Moins de synergies sur le moyen-courrier

Pour Yan Derocles, « les synergies sur le moyen-courrier sont moins évidentes entre Vueling, la compagnie low-cost de IAG qui exploite des Airbus et Norwegian qui opère des Boeing B737 ».

Pour autant, même si IAG a les moyens, l'opération sera coûteuse. Au-delà de la valeur en Bourse, IAG reprendrait également la dette (environ 2 milliards de dollars), et des investissements colossaux au cours des prochaines années pour financer les livraisons d'avions. En 2019, ils s'élèveront par exemple à 2,6 milliards de dollars.

Si IAG mettait la main sur Norwegian, IAG mettrait une sacrée pression sur ses concurrents, et notamment Air France-KLM qui reste pour l'heure à l'écart de la consolidation européenne, même si le groupe français va entrer au capital de Virgin Atlantic. Après la reprise d'Air Berlin en novembre par Lufthansa et Easyjet, Alitalia est amené à être reprise, probablement par morceaux. Lufthansa, Easyjet et la low-cost hongroise Wizzair serait sur les rangs selon l'agence Reuters.