Déboires de Boeing : le patron démissionnaire convoqué par une commission d'enquête du Sénat

Dave Calhoun, le patron du constructeur aéronautique américain Boeing, qui doit quitter son poste d'ici la fin de l'année, va témoigner le 18 juin devant une commission d'enquête du Sénat des Etats-Unis au sujet des problèmes de production de l'avionneur.
Boeing a cumulé des problèmes de production tout au long de l'année 2023 sur plusieurs de ces modèles.
Boeing a cumulé des problèmes de production tout au long de l'année 2023 sur plusieurs de ces modèles. (Crédits : Peter Cziborra)

Les derniers mois de Dave Calhoun à la tête de Boeing promettent d'être mouvementés. Le patron démissionnaire du constructeur, qui va partir à la fin de l'année, va déjà devoir témoigner le 18 juin devant une commission d'enquête du Sénat des Etats-Unis.

Annoncée mercredi dans un communiqué, cette audition fait suite à celle qui s'est tenue le 17 avril lorsque quatre lanceurs d'alerte ont parlé de problèmes de sécurité dans la production de trois des quatre avions commerciaux actuellement produits par Boeing (737 MAX, 787 Dreamliner et 777).

« J'ai hâte d'entendre le témoignage de M. Calhoun, qui est une étape nécessaire pour aborder correctement les défaillances de Boeing, pour retrouver la confiance du public et pour rétablir la position centrale du groupe dans l'économie américaine et la défense nationale » a relevé le sénateur démocrate Richard Blumenthal, président de la commission d'enquête, cité dans le communiqué.

La cadence de fabrication du 737 MAX gelée

« Nous saluons l'opportunité de pouvoir être entendu par la commission d'enquête pour faire part des actions que nous avons entreprises, et que nous continuerons d'entreprendre, afin de renforcer la sécurité et la qualité et d'assurer que l'aviation commerciale reste le moyen de transport le plus sûr », a commenté le groupe auprès de l'AFP.

Boeing a cumulé des problèmes de production tout au long de l'année 2023 sur plusieurs de ces modèles. Mais un incident en vol le 5 janvier sur un 737 MAX 9 de la compagnie Alaska Airlines a mis le feu aux poudres. Plusieurs audits et investigations, dont l'un mené par le régulateur américain de l'aviation civile (FAA), ont identifié de nombreux problèmes de « non-conformité » et de défauts, en particulier dans le contrôle qualité.

Le groupe a remis le 30 mai « un plan d'action complet » exigé fin février par la FAA pour remédier à ces problèmes. En attendant, le régulateur a gelé la cadence de fabrication du 737 MAX, son avion vedette. « Au bout du compte, il s'agit d'un changement systémique. Il y a beaucoup à faire », a alors indiqué Mike Whitaker, patron de la FAA, devant la presse après une rencontre de trois heures avec des dirigeants de l'avionneur.

Selon Stephanie Pope, à la tête de la branche aviation commerciale de Boeing depuis fin mars, ce plan s'articule autour de quatre catégories : « des investissements importants » dans la formation du personnel, une « simplification du processus industriel, », le « renforcement de la culture de sécurité et de qualité » ainsi que des « mesures spécifiques » de contrôle et de gestion de l'état du système de production.

Lire aussiBoeing : après de graves incidents, l'agence européenne (AESA) juge que la situation est finalement « sous contrôle »

Les compagnies embarrassées par des retards de livraisons d'appareils

Tous ces déboires entraînent des retards de livraisons d'appareils qui mettent les compagnies aériennes en difficulté. Tim Clark, président d'Emirates, a estimé en début de semaine à Dubaï, à l'occasion de l'assemblée générale de l'association des compagnies aériennes, que Boeing mettrait « au moins cinq ans, à partir d'aujourd'hui, pour retrouver ses niveaux de production », vu la multiplicité des chantiers qui attendent sa direction.

Interrogé sur ce sujet, le directeur général de l'Iata, Willie Walsh, a remarqué que les retards de livraisons touchaient aussi Airbus. « De nombreuses compagnies voient qu'elles peuvent développer leur réseau, veulent desservir de nouvelles destinations, mais n'y arrivent pas parce qu'elles ne reçoivent pas de nouveaux avions » a-t-il affirmé : « cela provoque beaucoup d'exaspération ». En public, la plupart des dirigeants de compagnies aériennes mesurent néanmoins leurs critiques contre Boeing, une rare exception ayant été le patron de Ryanair, Michael O'Leary, gros client du 737 MAX, qui avait fustigé en février la « débâcle » du constructeur et son « approche médiocre des contrôles de qualité ».

Les carnets de commandes d'Airbus et Boeing sont quasi pleins jusqu'à la fin de la décennie et les compagnies n'ont donc pas d'autre choix que de ronger leur frein, d'autant plus que changer de constructeur s'avère extrêmement compliqué et coûteux.

Le vaisseau Starliner a enfin décollé avec des astronautes à son bord

La troisième tentative de décollage a donc été la bonne. Le vaisseau Starliner de Boeing a décollé mercredi de Floride en direction de la Station spatiale internationale avec pour la première fois des astronautes à bord, une mission qui doit permettre d'allonger la courte liste des véhicules spatiaux transportant des êtres humains.

Après des années de reports successifs et deux tentatives de décollage annulées au dernier moment, le lancement de la fusée Atlas V du groupe ULA, avec la capsule Starliner à son sommet, a eu lieu à 10H52 de Cap Canaveral en Floride (14H52 GMT). Boeing doit démontrer lors de ce vol test que Starliner est sûr pour commencer ses opérations régulières, avec toutefois quatre ans de retard sur SpaceX, qui achemine déjà des astronautes vers la Station spatiale internationale (ISS) depuis 2020.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 06/06/2024 à 9:13
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Il y a trop d'avions qui volent pour des futilités. Stop l'avion.

le 07/06/2024 à 14:17
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Avec les carburants de synthèse, on résous une grande partie du problème. C'est dans cette direction que s'orientent certains pays qui disposent de gaz naturel à convertir en kérosène. On peut aussi le faire avec de l'hydrogène produit à partir d'éle...

à écrit le 06/06/2024 à 9:03
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Un procès capital afin de juger la crédibilité du modèle américain, s'ils étouffent l'affaire ce sera une défaite ou du moins une profonde défaillance affichée par la première puissance mondiale.

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