Réhabilitation de friche : à Brest, la nouvelle vie d’une ancienne prison

À Brest, l’ancienne prison de Pontaniou sera reconvertie en tiers-lieu culturel et événementiel, tout en conservant des fonctions sociales. Un peu plus d'un an après le lancement de la démarche de réhabilitation et deux étapes de sélection, le projet « Pontaniou : une ouverture sur la ville » a emporté l'adhésion du jury. Le budget de réhabilitation s’élève à 8 millions d’euros.
Issue de la transformation en 1810 d'une fonderie édifiée sous l'Ancien régime, cette maison d'arrêt de l'Arsenal est située face au téléphérique et à deux pas du magnifique plateau des Capucins.
Issue de la transformation en 1810 d'une fonderie édifiée sous l'Ancien régime, cette maison d'arrêt de l'Arsenal est située face au téléphérique et à deux pas du magnifique plateau des Capucins. (Crédits : Brest Métropole)

À mesure que le foncier se raréfie, les friches, ces bâtiments administratifs ou industriels abandonnés, dégradés et ayant perdu leur fonction d'origine, concentrent l'attention des aménageurs et des élus. C'est le cas à Brest, où l'ancienne prison maritime de Pontaniou, avec sa vue imprenable sur la rade, va elle aussi connaître une deuxième vie d'ici à 2027, pour devenir un tiers-lieu culturel, touristique et commercial.

Issue de la transformation en 1810 d'une fonderie édifiée sous l'Ancien régime, cette maison d'arrêt de l'Arsenal est située face au téléphérique et à deux pas du magnifique plateau des Capucins, un centre culturel lui-même constitué à partir de la rénovation des ateliers des Capucins, d'anciens bâtiments de l'Arsenal de Brest construits au XIXe siècle.

Lire aussiBrest lance un vaste chantier pour changer de stature

Dans ce quartier en plein redéploiement urbain depuis 2016, Brest Métropole, propriétaire des lieux depuis 1997 à la suite de l'État a engagé un processus d'appel à projets il y a plus d'un an puis une phase de sélection en février dernier. En avril, la collectivité s'est prononcée en faveur du projet « Pontaniou : une ouverture sur la ville », pour un volume d'investissement total estimé à près de 8 millions d'euros. Dans la seconde phase de la procédure, le lauréat était en concurrence avec deux autres pools de candidats.

« Démarche d'insertion dans les murs »

« Ce projet d'aménagement est porté par le groupement La Route des Pingouins / Delphes / Fonciere K, et s'inscrit dans la stratégie et l'activité de la Route des pingouins (chaîne hôtelière dont les hébergements et restaurants jalonnent le sentier des douaniers GR34, NDLR) » explique Tifenn Quiguer, vice-présidente de Brest Métropole en charge de l'urbanisme, soulagée de voir « l'âme de l'ancienne prison respectée ».

Alors que le cahier des charges de l'appel d'offres insistait sur l'ambition de faire de Pontaniou « un nouveau lieu de vie et de valoriser son histoire », en misant sur l'ouverture au public et une « approche architecturale d'insertion dans les murs », le projet retenu a vocation à accueillir une diversité d'activités gratuites et payantes, tournées vers la création contemporaine et l'événementiel ainsi qu'une programmation construite avec les acteurs locaux.

Sélectionné également pour ses caractéristiques et performances environnementales, le projet architectural, confié au cabinet Done Architecture, est fondé sur la conservation et la valorisation du lieu et de son histoire. Les architectes s'engagent ainsi à  « conserver au maximum l'âme des façades (ouvertures, grilles, gabarits, modénatures), les témoignages intérieurs clés (escalier central, sas, circulations, portes...), le gabarit du bâtiment ainsi que le mur d'enceinte », se félicite la collectivité.

Crèche, Guinguette, hébergements touristiques

« Les interventions seront limitées au strict fonctionnel afin de désenclaver le site, répondre aux exigences techniques et règlementaires, et adresser un signal visuel en toiture pour moderniser et actualiser le lieu » ajoute Brest Métropole.

Audacieux dans son parti-pris, le projet Pontaniou entend mixer lieu de vie local et scène d'expression culturelle. Outre un centre d'art contemporain implanté dans un bâtiment vitré face à celui de l'ancienne prison, le tiers-lieu sera entouré d'un espace extérieur végétalisé dédié au théâtre, au cinéma en plein air, à des expositions et à des concerts.

Également constitué d'espaces d'expositions, l'intérieur du bâtiment sera en plus dédié à des fonctions sociales, commerciales et touristiques. Y seront notamment aménagés une micro crèche, des commerces (produits locaux, recyclerie, location de vêtements...) ainsi qu'une offre de 18 gîtes d'étapes calqués sur le modèle de La Route des pingouins, à partir de 20 euros la nuit.

Les étages les plus hauts accueilleront un restaurant panoramique et une guinguette.
Autant de propositions destinées à répondre aux besoins du quartier et à attirer des publics divers en lien avec une politique de la Ville de Brest, très active en matière de développement culturel (nouvelle scène nationale Le Quartz inaugurée en décembre 2023).

Côté business, Franck Jaclin, l'entrepreneur de La Route des Pingouins table sur un chiffre d'affaires compris entre 1,5 et 2,5 millions d'euros par an. Brest Métropole précise que le schéma retenu pour cette réhabilitation est celui d'une cession-acquisition, mais qu'elle sera soumise à des garanties sur « la bonne réalisation du projet au fil du temps ». La vente sera réalisée dans les mois qui viennent après estimation par lDirection Nationale d'Interventions Domaniales (DNID), consultée lors d'opérations immobilières voulues par les collectivités locales.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 18/05/2024 à 8:53
Signaler
Brest est devenu un gigantesque chantier seule l'industrie est oubliée. Pour cette prison de Pontaniou dont sa mise en lumière va nous couter un bras et pour quel résultat si ce n'est de subventionner les habitués. J'aurais bien vu refaire une prison...

à écrit le 18/05/2024 à 7:42
Signaler
Les bâtiments construits jusque dans les années 50 étaient solides et beaux, avant que les actionnaires milliardaires gangrènent tout de leurs marges bénéficiaires mortifères, il faut sauver ce patrimoine là souvenir d'une époque dans laquelle le tra...

à écrit le 17/05/2024 à 15:34
Signaler
cette prison historique était une insulte à l'humanité tant les conditions d'incarcération étaient indignes et insalubres. Ce projet , quoique probablement interessant, aurait à mon sens dû être remplacé par une prison musée permettant une visite imm...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.