![Pékin a décidé de faire un geste diplomatique envers l'Hexagone en annonçant, ce vendredi, que les Français pourront désormais se rendre en Chine sans visa si leur séjour n'excède pas 15 jours.](https://static.latribune.fr/full_width/2274130/le-president-chinois-xi-jinping-a-pekin-en-chine.jpg)
Les touristes ou les hommes d'affaires qui ont connu le parcours du combattant pour obtenir un visa pour se rendre en Chine seront ravis. Alors que les tensions se sont dégradées avec l'occident ces dernières années, Pékin a décidé de faire un geste diplomatique envers l'Hexagone en annonçant, ce vendredi, que les Français pourront désormais se rendre en Chine sans visa si leur séjour n'excède pas 15 jours.
« La Chine a décidé de mettre en œuvre une politique d'exemption de visa pour les ressortissants français venant en Chine pour des courts séjours de 15 jours ou moins », a annoncé vendredi à Pékin le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, en marge d'une rencontre avec son homologue française Catherine Colonna.
« Maintenant que l'ombre de l'épidémie est dissipée, nous nous réjouissons de voir se multiplier les visites mutuelles, les contacts et les échanges entre nos deux peuples », a souligné Wang Yi. Le géant asiatique avait pratiquement fermé ses portes pendant près de trois ans durant la pandémie de Covid-19.
Les citoyens allemands, italiens, néerlandais, espagnols et malaisiens vont aussi recevoir cette autorisation, a précisé le ministère chinois des Affaires étrangères. Pour rappel, la Chine applique déjà des mesures d'exemption de visa à destination des citoyens de pays comme la Bosnie-Herzégovine, l'Albanie, les Bahamas, le Qatar ou encore Singapour. La diplomatie chinoise a précisé dans un communiqué qu'il s'agissait d'une mesure « expérimentale », appliquée pour le moment pendant une année, entre le 1er décembre 2023 et le 30 novembre 2024.
Un geste pour réchauffer les relations avec l'Europe
Cette annonce est un geste symbolique fort, la Chine n'accordant ce privilège qu'à un nombre limité de pays. La Chambre de commerce de l'Union européenne en Chine s'est d'ailleurs « félicitée » de cette nouvelle, dans un communiqué, et « espère que d'autres nations européennes viendront bientôt s'ajouter à cette liste ».
« Il s'agit d'une amélioration tangible et utile, qui renforcera également la confiance des entreprises », a-t-elle souligné.
Dans l'autre sens, les Chinois titulaires d'un master, que leur diplôme soit français ou chinois, pourront se voir délivrer par la France un visa de circulation d'une durée de cinq ans, a annoncé vendredi la diplomatie française. L'une des conditions sera d'avoir effectué au moins un semestre d'études en France. Cette mesure permettra à ses bénéficiaires de faire des aller-retours librement entre les deux pays et pourrait potentiellement attirer davantage d'étudiants chinois en France.
La Chine ne veut pas perdre les industriels français
Il ne s'agit d'ailleurs pas de la première tentative de séduction de la France par Pékin. Le 21 novembre, Emmanuel Macron s'est entretenu lors d'un appel téléphonique avec le président chinois qui cherche à renforcer les liens avec son partenaire commercial européen après la visite du chef d'Etat français en Chine en avril. Xi Jinping, le président chinois, souhaite voir davantage de produits français entrer sur le marché chinois. « La Chine est prête à maintenir des échanges de haut niveau avec la partie française », a déclaré le président chinois, lundi, lors d'un appel téléphonique avec Emmanuel Macron.
La présidence française a ainsi souligné dans un communiqué que l'ouverture du marché chinois doit aussi aller de pair avec des règles de concurrence équitable pour les entreprises étrangères. Interrogé sur les progrès réalisés pour contrer les velléités chinoises d'obliger les entreprises françaises de cosmétiques à partager leurs secrets de fabrication, un conseiller présidentiel français a répondu qu'il s'agissait d'un sujet important, qui était remonté jusqu'à l'Elysée. « Maintenant, la prochaine étape, ça doit avant tout être un dialogue avec les autorités compétentes pour leur expliquer les conséquences de la réglementation qui est envisagée », a déclaré le conseiller.
Le dirigeant du géant asiatique a aussi appelé Paris à jouer un rôle constructif dans la promotion du développement positif des relations entre la Chine et l'UE. « La Chine et l'Union européenne devraient rester des partenaires pour une coopération mutuellement bénéfique », a dit Xi Jinping lors de l'appel.
Fin septembre, le ton était monté entre la Chine et l'Union européenne, après la décision de Bruxelles de lancer une enquête sur les subventions accordées par Pékin aux constructeurs de voitures électriques. Laquelle pourrait déboucher sur un fort relèvement des droits de douane sur les voitures chinoises. Alors que Pékin avait déjà dénoncé une mesure « protectionniste » qui aura « un impact négatif sur les relations économiques » entre les deux blocs, le vice-Premier ministre chinois He Lifeng en avait remis une couche lors d'une rencontre avec le commissaire européen au commerce Valdis Dombrovskis, en réaffirmant le « fort mécontentement » du gouvernement chinois.
Les pays européens ne sont pas les seuls puissances occidentales auxquels l'ex-Empire du Milieu n'est pas la seule puissance occidentale. Le 15 novembre, les présidents chinois et américains se sont rencontré en marge du sommet du G20 à San-Francisco, après plus d'un an sans s'être rencontrés. « Nous n'essayons pas de nous découpler de la Chine », avait assuré Joe Biden, la veille de la rencontre. Pour ce dernier, l'objectif est « d'être capables de prendre le téléphone et de se parler s'il y a une crise ». Le locataire de la Maison Blanche a toutefois estimé que la Chine de Xi Jinping avait de « vrais problèmes » face au « rétablissement du leadership américain ». « Nous nous opposons à une définition des relations sino-américaines en termes de concurrence », a répété de son côté une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Pékin appelant régulièrement Washington à la coopération plutôt qu'à l'affrontement. Pékin n'est donc pas prêt de redevenir un allié des Américains.Pékin tend aussi la main aux Américains
(Avec AFP)
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