Service à domicile : face à ses concurrents, O2 mise sur ses atouts pour gagner des parts de marché

15.000 salariés, 90.000 clients, 297 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023, 500 agences... Ces quelques chiffres illustrent, à eux seuls, la dimension de O2 (Le Mans), l'une des onze marques appartenant au groupe OuiCare. Celle qui se revendique comme le leader des services à domicile en France compte bien le prouver.
Leader des services à domicile en France, O2 enregistre 70% de son chiffre d'affaires (297 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023) dans l’entretien à domicile.
Leader des services à domicile en France, O2 enregistre 70% de son chiffre d'affaires (297 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023) dans l’entretien à domicile. (Crédits : O2)

En 24 ans, O2 s'est imposé comme un poids lourd du service à la personne en France en passant d'une agence en 2000 à 500 en 2024 (182 succursales et 318 franchises). C'est en 2004 que le groupe né de la fusion entre At Home (plateforme internet de services à domicile créé en 1996 à Lille) et Unipôles (première plateforme de services à domicile en France), et toujours piloté par son fondateur Guillaume Richard, a pris ses quartiers au Mans. Une année qui a marqué le début de son déploiement avec l'ouverture de trois agences à Lille, Alençon puis à proximité de son siège manceau. Huit ans plus tard, la première franchise O2 a ouvert ses portes en Mayenne. « Nous voulions mailler rapidement le territoire mais n'avions pas les moyens d'installer des succursales partout. La franchise a donc été un relai pour ouvrir de nombreuses agences », se souvient Jean-François Auclair, directeur général d'O2 depuis 2021.

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« Nous sommes leaders »

Tout d'abord spécialisée dans le ménage, O2 s'est ensuite diversifiée dans la garde d'enfants en 2009 puis dans l'autonomie en 2011. Une palette de services que le multispécialiste a ensuite enrichi avec le soutien scolaire depuis deux ans et O2 Pro Ménage, depuis 2021, à destination des professionnels (petits locaux et professions libérales). Si ce dernier marché est encore anecdotique (il pèse 1% dans le chiffre d'affaires), la volonté est bien de le développer. De l'entretien du domicile à la préparation des repas, en passant par le jardinage, ou encore l'accompagnement des seniors et des personnes en situation de handicap, le prestataire de services intervient désormais auprès de 90.000 clients.

Un secteur qui se veut très concurrentiel. « Des acteurs multispécialistes comme nous il y en a mais pas avec la même notoriété », indique Jean-François Auclair citant Tout A Dom Services (46 agences) et Axeo Services (le réseau de services à la personne de La Poste avec plus de 180 agences).

« Aujourd'hui, nous sommes leaders sur le marché en nombre d'implantations et de volume d'affaires. »

Le reste du paysage est occupé par des entreprises spécialisées dans un seul métier. « Dans le ménage, notre plus gros concurrent est Shiva (Domia Group, NDLR) à la différence que cette entreprise fonctionne en mode mandataire. Dans la garde d'enfants, il existe des structures nationales avec une part de marché similaire à la nôtre, comme Kinougarde, et Kangourou Kids. Puis, dans le métier de la dépendance, il y a une multitude d'acteurs : 7 à 8 groupes nationaux, une pléthore d'indépendants et une présence associative très forte, notamment en ruralité (exemple d'ADMR). Le plus gros concurrent est le réseau Petit-fils (groupe Korian). Puis, nous voyons aussi apparaître des plateformes, comme Wecasa. Les travailleurs non déclarés représentent quant à eux la moitié du marché », détaille le directeur.

Autres acteurs positionnés sur ce marché très porteur : le Groupe ViaSphère (marques Family Crèche, Family Sphère, MerciPlus...) qui vise l'ouverture d'une vingtaine d'agences en 2024, le groupe A2micile avec deux marques phares en France : Azaé et Domaliance (plus de 260 agences et plus de 10.000 salariés) ou encore le groupe Zephyr (4 enseignes, 220 implantations, 20.000 clients, 5.800 collaborateurs).

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600 millions d'euros à horizon 2028

O2 présente un chiffre d'affaires de 297 millions d'euros en 2023, soit une croissance annuelle moyenne de 10%. 70% de ce volume sont générés par l'entretien à domicile, 18% par l'accompagnement des personnes âgées ou en situation de handicap, et 12% par la garde d'enfants. « Nous allons poursuivre le développement sur l'activité ménage mais réequilibrer le marché du seniors et la garde d'enfants qui restera malgré tout le troisième métier. » Car, selon Jean-François Auclair, le défi de la perte d'autonomie est un sujet social et sociétal crucial alors qu'il y a une crise de vocations. « Aujourd'hui, il y a une vraie difficulté : on ne forme pas assez d'auxiliaires de vie alors que le besoin, qui est déjà là, va s'accélérer de manière très forte dans les cinq à dix ans à venir. »

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L'ambition est d'atteindre 340 millions d'euros de chiffre d'affaires pour l'exercice 2024 et 600 millions d'euros à horizon 2028.

Une accélération assez forte

O2 (80% du capital sont toujours aux mains du fondateur et de quelques managers et deux fonds d'investissements détiennent le reste) entend bien poursuivre son développement. « Nous estimons entre 80 et 100 le nombre de zones d'implantation encore disponibles à ce jour en région parisienne, dans le centre de la France, en Bretagne et dans l'Est. »

Le groupe compte notamment s'appuyer sur son réseau de franchisés pour mailler le territoire. « La volonté est d'accélérer avec les partenaires qui sont performants. Une trentaine de franchisés nous ont déjà fait savoir qu'ils souhaitent prendre une zone complémentaire à proximité de la leur. » Le réseau pourrait ainsi atteindre 540 à 550 agences d'ici à la fin de l'année. De prochaines ouvertures sont notamment prévues à Orléans (Loiret), Herblay-sur-Seine (Val-d'Oise) et Jonzac (Charente-Maritime).

Ce maillage va se poursuivre aussi à l'international. A ce jour, trois agences sous licence de marque O2 ont ouvert leurs portes en Côte-d'Ivoire depuis un an et demi, au Maroc et au Sénégal depuis janvier dernier. Une implantation est prévue en Tunisie en octobre prochain. « La marque O2 est limitée dans son développement à l'international par la présence de l'opérateur anglais de réseau mobile éponyme. En raison de cette problématique de marque, un accord a été conclu pour nous autoriser à nous implanter essentiellement dans les pays francophones », explique Jean-François Auclair qui table sur 10 à 15 agences à termes dans ces différents pays.

3.500 personnes supplémentaires

O2 ce sont aussi 15.000 professionnels. Un effectif voué à grossir. « D'ici à fin septembre, nous allons recruter environ 3.500 personnes (en moyenne sept personnes par agence) », poursuit-il. Pour faire face à des difficultés de recrutements, l'entreprise dit « mettre beaucoup de moyens » pour multiplie les actions en vue d'attirer de nouvelles recrues. O2 qui fait son apparition sur le réseau social TikTok cherche notamment à « sortir des sentiers battus du recrutement au regard d'une cible qui n'est pas facile à capter et mal considérée sur le plan professionnel ». La dernière opération en date a eu lieu début juin avec le premier e-job dating, en partenariat avec LinkedIn, centré sur les métiers de la garde d'enfants. 1.000 candidats ont participé aux entretiens en visio.

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 En parallèle, O2 a lancé depuis cette année le Job Café. Le principe : un rendez-vous sans CV et autour d'une tasse de café. Toutes les agences du réseau y participent le même jour.

« L'approche est plus détendue et très inclusive : il n'y a pas de barrières pour venir chez nous. »

Une approche qui semble faire ses preuves si l'on en croit Jean-François Auclair. « Ces opérations ont bien fonctionné. 10% des candidatures se sont soldées par une embauche. Dans la profession, ce taux atteint habituellement 3% à 4%. Par exemple, le 28 mai lors du deuxième e-job café, nous avons recruté 158 personnes quand nous embauchons en moyenne 350 à 450 personnes par mois. » Une nouvelle vague de recrutements aura lieu en octobre ou novembre prochain lors d'un deuxième e-job dating.

O2 va aussi profiter de diverses opération solidaires (collecte de cartables et de cadeaux) pour faire déplacer du public dans ses agences permettant ainsi de se constituer un vivier de candidats potentiels et d'en faire « une opérations RH et commerciale ».

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Commentaires 2
à écrit le 19/06/2024 à 8:27
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Une femme de ménage utilisant les produits phytosanitaires actuels à plus de chance d'avoir un cancer qu'un fumeur d'un paquet de cigarettes par jour.

à écrit le 18/06/2024 à 17:20
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Leader parlons en :15.000 salariés soit mais en équivalent temps plein ça nous en fait combien ? quant au turn over et au niveau de salaire ...Pourquoi donc mettre en avant ce type d'entreprises ?

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