Soldes d'été : un bilan plombé par les Jeux olympiques à Paris

Alors que la traditionnelle période de promotions estivale se termine ce mardi, les commerçants de la capitale dénoncent les restrictions de circulation qui ont freiné la venue des clients en boutiques. D'autant que nombre de Parisiens ont fui la capitale, comme le pointe la Fédération nationale de l'habillement (FNH) qui note toutefois une légère progression des ventes à l'échelle nationale.
Coline Vazquez
Les JO ne sont pas les seuls responsables de la morosité chez les commerçants déçus par la période des soldes d'été.
Les JO ne sont pas les seuls responsables de la morosité chez les commerçants déçus par la période des soldes d'été. (Crédits : Vincent Kessler)

Bien que le soleil semble s'être durablement installé sur la capitale, l'humeur n'est pas au beau fixe chez ses commerçants. En cause, le dispositif installé depuis le 18 juillet en prévision de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques. Cette dernière se tiendra le 26 juillet. D'ici là, plusieurs zones autour de la Seine limitent la circulation des voitures comme des piétons, forcés de slalomer entre les barrières de sécurité qui les détournent des boutiques... où ils auraient pu faire leurs emplettes, dénoncent les professionnels du secteur.

En conséquence, alors que ce mardi signe la fin des soldes d'été, le bilan est bien décevant dans la capitale. Interrogé par La Tribune, Patrick Aboukrat, le président de la fédération nationale de l'habillement (FNH) Ile-de-France anticipe une baisse de 30% en moyenne des ventes par rapport à 2023 dans le centre de Paris. « Dans ma boutique je suis à -26%, certains prévoient d'être à -40%. On ne rattrapera jamais le retard accumulé depuis le mois de mai », se désole-t-il.

« C'est une catastrophe pour les magasins qui sont dans le périmètre SILT (Sécurité intérieure et lutte contre le terrorisme, ndlr) », abonde Pierre Talamon, le président de la Fédération nationale de l'habillement (FNH). Au sein de cette zone dite grise, qui est la plus proche de la Seine, la circulation des véhicules est interdite excepté pour de rares dérogations. Et pour les piétons, il faut désormais un « Pass Jeux », c'est-à-dire un QR Code pour pouvoir se déplacer dans ce périmètre. « Dans ces quartiers, les clients se baladent, ils n'ont pas de circuit défini. Or, ils se retrouvent face à des rues bloquées », déplore Patrick Aboukrat qui « ne s'attendait pas à autant de difficultés ». Il s'inquiète désormais de voir les commerçants attaquer la rentrée en septembre et l'hiver avec une trésorerie faible. D'autant que certaines restrictions seront maintenues jusqu'en septembre du fait de la tenue des Jeux paralympiques, du 28 août au 8 septembre.

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Les Parisiens ont déserté la capitale

A ces restrictions de circulation liées à l'organisation de la cérémonie d'ouverture s'ajoute le grand départ des Parisiens. Ceux-ci semblent avoir fui la capitale, regrette le représentant de la FNH.

« Dès la fin de l'école, on a vu tout le monde partir », soupire Patrick Aboukrat.

Et les commerçants misent peu sur les visiteurs qui devraient affluer pour assister aux épreuves des JO : « Nous n'avons aucune idée de la typologie du touriste attendu. Est-ce qu'il aura un budget bas, de moyenne gamme ou de luxe ? », s'interroge Pierre Talamon. La Fédération mise néanmoins sur l'héritage des Jeux qui pourrait profiter à l'image de Paris l'année prochaine. Elle a toutefois demandé le déblocage d'un fond de solidarité pour les commerçants situés dans les zones de restriction, précise-t-elle.

Les JO ne sont pas les seuls responsables de la morosité chez les commerçants. « Bien que l'inflation ait ralenti, on sent quand même que les consommateurs font très attention à leurs achats. Et la situation politique très anxiogène liée à la dissolution, qui n'a pas donné lieu à une lecture politique claire, amplifie cette période très attentiste », constate Pierre Talamon. Il précise néanmoins que le bilan des soldes d'été est moins catastrophique à l'échelle nationale.

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Une petite progression à l'échelle nationale

Sur l'ensemble de la France, « on est plutôt sur un constat atone », indique-t-il, tout en pointant « une petite progression » qui s'explique « par le retour du beau temps à partir de juillet, moment du début des soldes, par rapport à la très mauvaise météo des mois de mai et de juin ». Si cette période de promotion a été difficile « dans la région de Bordeaux et en Occitanie, notamment », les ventes sont par ailleurs stables dans les Hauts-de-France ou encore en Rhône-Alpes, précise le président de la FNH. Surtout, il se réjouit de les voir progresser en Provence-Alpes-Côte d'Azur « probablement grâce aux touristes ».

Pour rappel, l'an passé les soldes d'été s'étaient terminées sur un bilan « mitigé » avec une baisse de 1 % du chiffre d'affaires des commerçants par rapport à celles de 2022, selon les chiffres du panel habillement de Retail Int. pour l'Alliance du commerce. La période avait duré cinq semaines, soit une de plus accordée par le gouvernement pour tenter de compenser l'effet des émeutes qui avaient suivi la mort de Nahel fin juin. Quant à 2024, il faudra encore un peu patienter pour avoir les chiffres définitifs... et la fin des JO.

Coline Vazquez

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Commentaires 13
à écrit le 23/07/2024 à 19:56
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bon, d'un autre cote, acheter a 50% des vetements dont on n'a pas besoin car on a les armoires pleines.........mais pour la vie des villes, c'est sur ca finira par poser souci quand toutes ces boutiques auront ferme

à écrit le 23/07/2024 à 16:56
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Il y a des soldes et des promo tout au long de l'année que ce soit en boutique ou sur internet , les périodes de soldes en début d'année ou l'été vont finir par disparaitre .

à écrit le 23/07/2024 à 15:42
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"Soldes d'été : un bilan plombé par les Jeux olympiques à Paris" A l'évidence le bilan économique (cf. détournement de fond public de 1,4 Mds via fausses facturations et absence d'appel d'offre pour assainir les eaux usées de la Seine) des JO se...

à écrit le 23/07/2024 à 14:18
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Ailleurs c'est pareil même sans les j.o

à écrit le 23/07/2024 à 11:36
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Une situation normale mais que nos technopolitiques hors sol n’ont pas anticipé comme d’habitude

à écrit le 23/07/2024 à 11:08
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Décidément, les dirigeants au pouvoir depuis 50 ans auront tout fait foirer. Ces jeux n'en sont que le reflet et la conclusion d'un pays à l'agonie.

à écrit le 23/07/2024 à 10:14
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Les JO sont un très bon levier pour un pays en voie de développement ou pour des villes peu connues au niveau touristique qui ont besoin de se faire connaître. Pour des villes déjà trop touristiques comme Paris c'est plus du marketing politique et de...

le 23/07/2024 à 17:00
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Les commerçants , hôteliers et restaurateurs niçois ne sont pas mécontents que le Tour de France soit arrivé dans leur ville .

le 23/07/2024 à 17:38
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Sans oublier les commissions à percevoir pour les contrats signés. A plusieurs reprises, les élus ont montré qu'ils n'hésitaient pas à s'enrichir personnellement.

à écrit le 23/07/2024 à 8:55
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Les politiques qui l t œuvres pour les Jo ont ils considérés les impacts sur le quotidien? Non car leurs quartiers résidentiels, leurs modes de fonctionnement, les voitures de fonctions mises à leur dispo les épargnent de leurs propres décisions…faut...

à écrit le 23/07/2024 à 8:55
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Les politiques qui l t œuvres pour les Jo ont ils considérés les impacts sur le quotidien? Non car leurs quartiers résidentiels, leurs modes de fonctionnement, les voitures de fonctions mises à leur dispo les épargnent de leurs propres décisions…faut...

à écrit le 23/07/2024 à 7:38
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Les chiffres du tourisme sont encore plus mauvais chaque année et la volonté de notre classe dirigeante de nous paupériser ne va pas arranger les choses. Donc non ce n'est pas le manque de premier ministre qui fait que les gens consomment moins (mdr)...

le 23/07/2024 à 20:42
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Les touristes français et européens ne sont pas plus masos que d'autres ,donc ils vont en Espagne ou Italie pour consommer plus et moins cher Ex : bouteille de vin à la cave 10 euros restau français 40 euros ,chez nos voisins 10 euros et tout...

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