Rémunération des agriculteurs : les géants de la grande distribution demandent à être reçus par Emmanuel Macron

La fédération des supermarchés (FCD), qui rassemble désormais les groupes E.Leclerc, Carrefour, Intermarché et Système U, demande à être reçue par Emmanuel Macron pour évoquer la question de la rémunération des agriculteurs. Le gouvernement prévoit de présenter « d'ici l'été » un nouveau texte de loi pour « renforcer le dispositif Egalim », censé protéger les revenus des agriculteurs.
Les distributeurs demandent à être reçus par Emmanuel Macron. (photo d'illustration)
Les distributeurs demandent à être reçus par Emmanuel Macron. (photo d'illustration) (Crédits : Reuters)

La grande distribution veut se faire entendre. Ce mardi, la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), qui rassemble les groupes E.Leclerc, Carrefour, Intermarché et Système U, a demandé à être reçue par Emmanuel Macron pour évoquer notamment la question de la rémunération des agriculteurs, dans un courrier consulté par l'AFP.

Alors que le gouvernement prévoit de présenter « d'ici l'été » un nouveau texte de loi pour « renforcer le dispositif Egalim », censé protéger les revenus des agriculteurs, les dirigeants de la FCD se disent « déterminés à prendre toute (leur) part dans le débat », dans ce courrier daté du 9 mai et adressé au président de la République, révélé mardi par La Lettre et LSA, que l'AFP a pu consulter.

« Si nous voulons une véritable construction du prix "en marche avant", il nous faut revenir au triptyque essentiel des lois Egalim : contractualisation écrite obligatoire, non-négociabilité de la matière première agricole et transparence à toutes les étapes de la négociation commerciale », plaident les représentants de la grande distribution.

Des besoins à « 20 milliards d'euros par an »

Les signataires du courrier sont Alexandre Bompard, PDG de Carrefour et président de la FCD, ainsi que trois de ses vice-présidents, Thierry Cotillard, patron des Mousquetaires/Intermarché, Philippe Michaud, coprésident du Mouvement E.Leclerc, et Dominique Schelcher, PDG de Système U, au côté de Layla Rahhou, déléguée générale de la fédération. Les quatre enseignes pèsent plus de 70% de la grande distribution.

Les signataires disent ne pas pouvoir « accepter que les agriculteurs qui nous nourrissent ne puissent pas vivre dignement de leur travail » et entendent « garantir la pérennité d'une agriculture française forte ». Ils assurent en outre que « les besoins du commerce en investissements sont majeurs », notamment en matière de décarbonation, mais aussi de numérisation et « d'adaptation des compétences ».

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Ils évaluent ces besoins à « 20 milliards d'euros par an alors que le secteur ne dispose que d'une capacité d'investissement de 10 milliards d'euros ». Les signataires réclament des « politiques publiques qui portent en elles une véritable vision stratégique pour le commerce de demain ».

Leclerc et Intermarché ont rejoint la FCD à l'approche de la loi Egalim

La FCD a été renforcée en mars par l'adhésion des enseignes d'indépendants E.Leclerc et Les Mousquetaires/Intermarché, respectivement premier et troisième distributeur alimentaire français, qui en étaient historiquement absentes.

Avec ces arrivées, la FCD représente maintenant l'ensemble du secteur de la grande distribution alimentaire et espère ainsi que les enseignes vont « contribuer d'une voix commune au débat public et valoriser les métiers du commerce à la hauteur de leur impact et de leur engagement unique pour le pays ». Parmi les plus grosses enseignes du secteur, seul Lidl n'est pas adhérent.

La FCD était historiquement perçue comme la représentante des enseignes dites intégrées, comme Carrefour, Casino et Auchan, c'est-à-dire des groupes de distribution propriétaires de l'ensemble de leurs points de vente et employeurs de l'ensemble des salariés travaillant dans un magasin sous leur enseigne. Ces enseignes se tournent toutefois de plus en plus vers un modèle d'exploitation des magasins en franchise.

A l'inverse, le modèle de E.Leclerc et d'Intermarché, comme de Système U - quatrième distributeur alimentaire en France et déjà membre de la FCD -, est un modèle d'indépendants où chaque patron est propriétaire d'un ou de quelques magasins.

E.Leclerc et Intermarché sont membres de la Fédération du commerce et associé (FCA) et vont le rester parallèlement à leur entrée dans la FCD. Pour la FCA, l'adhésion de E.Leclerc et Intermarché à la FCD « répond aux enjeux forts de leur secteur et notamment à l'approche d'une énième loi Egalim » sur la rémunération des agriculteurs.

Les principaux distributeurs appellent à étendre Egalim

En février, les principaux patrons de la grande distribution avaient appelé à étendre les obligations d'Egalim « aux acteurs de la restauration, ainsi qu'aux grossistes industriels », dans un courrier commun à la FNSEA.

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La crise du monde agricole « nous oblige » mais la grande distribution « ne peut pas tout », avaient écrit dans ce courrier Michel-Edouard Leclerc (E.Leclerc), Alexandre Bompard (Carrefour), Thierry Cotillard (Les Mousquetaires/Intermarché), Dominique Schelcher (Système U), Philippe Brochard (Auchan), Jean-Charles Naouri (Casino, Monoprix) et Ludovic Chatelais (Cora).

Ces patrons souvent médiatiques demandaient que la question du revenu agricole ne soit pas traitée « sans appréhender les autres débouchés ». Leur secteur « représente moins de la moitié des débouchés des exploitations agricoles françaises ». Il est pour eux « grand temps d'étendre les obligations d'Egalim aux acteurs de la restauration hors foyer (restaurants et restauration collective, ndlr), ainsi qu'aux grossistes industriels ! »

Une charte des bonnes pratiques

La grande distribution demande en outre que soit faite « obligation aux industriels, sous peine de sanctions, de mener leurs négociations » avec les agriculteurs avant celles avec les distributeurs, et que le prix payé aux agriculteurs soit connu dans cette négociation.

Les précédentes moutures des lois Egalim poursuivaient cet objectif pour des résultats de l'avis général insatisfaisants. Le secteur propose encore de « de travailler à une charte de bonnes pratiques » pour éviter que l'utilisation de centrales d'achats et de services basées en Europe ne soit préjudiciable au revenu des agriculteurs.

(Avec AFP)

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