[Article mis en ligne jeudi 1er août 2024 à 15h26 et mis à jour à 16h57]
Les comptes de La Poste sont dans le vert à la mi-année. L'entreprise affiche, en effet, un bénéfice net de près de 500 millions d'euros au premier semestre. À noter toutefois que si ce dernier grimpe de 7%, c'est en particulier grâce à de moindres charges fiscales. De son côté, le chiffre d'affaires semestriel du groupe est en baisse de 0,6%, à environ 17 milliards d'euros.
« Les résultats semestriels du groupe La Poste résistent dans un contexte macro-économique qui demeure très difficile », s'est néanmoins félicité, ce ce jeudi, son PDG Philippe Wahl dans un communiqué.
Pour affronter cette nouvelle conjoncture, le groupe a revu son modèle stratégique, « aujourd'hui plus diversifié, plus numérique, plus international », a commenté le PDG. Et ce modèle s'appuie sur quatre branches principales : les services (dont la distribution de repas), le courrier et les colis (Colissimo) ; Geopost, filiale de colis à l'international ; La Banque postale (dont CNP Assurances) ; le grand public (bureaux de poste) et numérique.
La croissance des activités d'assurance
Le gros de ses profits provient encore de la filiale d'assurances détenue à 100% par La Banque postale, CNP Assurances. À lui seul, l'assureur public a dégagé un résultat net de 758 millions d'euros entre janvier et juin, permettant à La Banque postale d'être dans le vert (515 millions d'euros), ainsi que le groupe La Poste.
En revanche, ses activités historiques, comme la livraison du courrier, continuent leur décroissance. Depuis dix ans, le volume du courrier baisse drastiquement et a provoqué un trou de plus de 6 milliards d'euros dans le chiffre d'affaires, « l'équivalent (de ceux) de la RATP ou de Dassault Systèmes », avait comparé le dirigeant de La Poste en février.
En outre, le métier de banque de détail, en France, de La Banque postale (LBP) est un gouffre financier qui s'est creusé l'an dernier : il accuse une perte nette de 707 millions d'euros en 2023, selon le rapport annuel de La Banque postale. Ses charges d'exploitation sont supérieures au chiffre d'affaires, une équation économique difficile à tenir. LBP supporte notamment les coûts des personnels de La Poste travaillant exclusivement pour elle, refacturés par La Poste.
Compensation par l'Etat pour les missions de service public
En conséquence, le résultat d'exploitation du groupe La Poste s'élève à 1,127 milliard d'euros (-3,4%) et La Banque postale (dont CNP Assurances) y contribue pour 1,111 milliard d'euros, Geopost pour 333 millions, le « grand public » et numérique pour 61 millions d'euros. Mais la branche services, courrier et colis accuse une perte d'exploitation de 42 millions d'euros.
Les missions de service public du groupe - dont le service postal universel -, « font l'objet d'une compensation par l'Etat qui n'est pas totale et qui laisse apparaître un déficit qu'on retrouve dans nos résultats », a expliqué une porte-parole de La Poste à l'AFP.
Le marché de la livraison progresse
Les volumes de colis, en revanche, progressent de 3,1% comparés à 2023, grâce notamment à Geopost et Colissimo. Ainsi, la Poste compte-t-elle « étendre le cœur de métier de Geopost » sur la livraison hors domicile, mais aussi « poursuivre son développement sur les marchés en croissance de la livraison alimentaire ou des produits de santé ».
Au premier semestre, La Poste a livré 6 millions de repas essentiellement à des personnes âgées, contre 5 millions sur toute l'année dernière, a-t-elle précisé à l'AFP. Dans dix ans, « la première activité des 65.000 facteurs » français sera la livraison de repas à domicile, avait affirmé, en avril, Philippe Wahl.
Le groupe espère aussi « intensifier sa présence hors Europe ». Et pour se renflouer, il compte également sur la vente de ses parts dans l'opérateur téléphonique La Poste Mobile dont elle détient 51%, une opération qui pourrait lui rapporter environ la moitié de 950 millions d'euros.
Le bénéfice de La Banque postale en repli Le bénéfice net de La Banque postale a baissé de 11,3% sur un an au premier semestre, à 515 millions d'euros, en lien avec le ralentissement de CNP Assurances qui reste cependant essentiel pour maintenir le groupe à flot. Le produit net bancaire, équivalent du chiffre d'affaires pour le secteur, atteint 3,65 milliards d'euros entre janvier et juin, 5,6% de moins que l'an dernier à la même période. « Dans un contexte macroéconomique et financier toujours aussi incertain, La Banque postale affiche des résultats financiers en repli, sous l'effet d'une baisse des revenus de l'assurance », a déclaré le président du directoire de La Banque postale (LBP), Stéphane Dedeyan, dans un communiqué.
(Avec AFP)
Sujets les + commentés