Malversations : Eurofins réfute à nouveau les allégations de Muddy Waters et menace de saisir la justice

Accusée de malversations par le fonds Muddy Waters, l'entreprise fourbit ses armes et se concerte avec « ses conseillers juridiques ». Ces allégations avaient fait tomber l'action du groupe à son plus bas depuis 2020 et interviennent peu de temps avant la publication des résultats du premier semestre.
Eurofins Scientific, entreprise d'analyse de produits pharmaceutiques, alimentaires et de matériaux.
Eurofins Scientific, entreprise d'analyse de produits pharmaceutiques, alimentaires et de matériaux. (Crédits : STEPHANE MAHE)

Eurofins Scientific est prête à prendre les armes. L'entreprise d'analyse de produits pharmaceutiques, alimentaires et de matériaux a annoncé ce mercredi se concerter avec « ses conseillers juridiques » après l'attaque du fonds spéculatif Muddy Waters dont il a été l'objet en juin.

Eurofins indique qu'il se rapprochera « de ses auditeurs dont le travail a également été injustement mis en cause, ainsi que de ses conseillers juridiques et des régulateurs concernés pour répondre à toute allégation infondée et introduire les actions qui pourraient devoir être prises pour protéger les investisseurs et prévenir toute manipulation ultérieure du marché ».

Dans son communiqué, Eurofins réfute à nouveau, et cette fois en détail, « des accusations et informations trompeuses intentionnellement diffusées par le vendeur à découvert Muddy Waters (MW) » qui avait lancé des allégations de malversations visant le géant des laboratoires d'analyses le 24 juin. Dans un rapport de 36 pages, le fonds américain avait notamment dénoncé « l'opacité » des comptes du groupe.

Ces attaques avaient alors fait tomber l'action à son plus bas niveau depuis 2020 en séance, avant de clôturer en baisse de plus de 16% à la Bourse de Paris.

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Un risque « réputationnel » plus qu'« opérationnel »

Dans le détail, Muddy Waters écrit dans son rapport que « la confusion » et « les contradictions inhérentes à ses finances et à ses activités » rendent l'entreprise « propice à des malversations ».

« Au fur et à mesure qu'Eurofins s'agrandit, elle procède à des acquisitions plus petites (...). La grande majorité des acquisitions n'atteignent pas le seuil de divulgation, ce qui maintient l'opacité de la plupart des dépenses », a ajouté le fonds vendeur à découvert.

Eurofin avait rapidement contesté ces allégations : « L'ensemble des allégations et insinuations qui sont contenues » dans le rapport « est soit inexact, soit non pertinent, soit partial et/ou trompeur », avait affirmé l'entreprise dans un communiqué. Le géant des laboratoires d'analyses regrette que le fonds américain n'ait « jamais directement engagé un dialogue » avant sa publication. Il explique d'ailleurs avoir « toute confiance dans l'intégrité de ses comptes, de sa performance opérationnelle, de ses contrôles internes et de sa gestion des risques ». Le groupe précise que « les montants de trésorerie sont systématiquement audités tant au niveau local que consolidé » et qu'il compte « travailler avec ses auditeurs » pour préparer « d'autres analyses ».

Mais les analystes d'Oddo notent que l'entreprise, dans sa réponse, n'a pas « abordé spécifiquement les deux arguments les plus sérieux », à savoir « les transactions immobilières et la trésorerie avec la reclassification effectuée par Deloitte », le cabinet d'audit. Toutefois « un certain nombre de points soulevés dans le rapport manquent de pertinence », estiment-ils dans une note, pointant davantage « un risque réputationnel » qu'« opérationnel » pour Eurofins.

Le fonds « se base sur des éléments qui peuvent faire débat » mais il ne s'agit que « de faisceaux d'arguments et pas de preuves », abonde un autre expert du secteur de la santé et ancien analyste financier, s'exprimant sous couvert d'anonymat.

Mauvaise période

Par ailleurs, Eurofins constate « que le rapport de MW a été publié le premier jour de la période de blackout de Eurofins précédant la publication des résultats du premier semestre 2024 de Eurofins le 24 juillet 2024, montrant l'empressement de MW à perturber les marchés ». Pour rappel, pendant la période de « blackout » appelée aussi période de silence, les entreprises cotées en Bourse limitent leur communication avec les investisseurs.

« Cela a empêché Eurofins et sa direction de modifier ou d'émettre de nouvelles instructions de rachat d'actions », compliquant ainsi sa capacité de réaction aux fluctuations de marché provoquées par le rapport de MW, souligne Eurofins.

En effet, après la publication des résultats semestriels, Eurofins a l'intention « d'augmenter potentiellement de manière significative les programmes de rachat d'actions en cours », selon le communiqué. Il affirme qu'il « communiquera de manière systématique sur toute zone de préoccupation potentielle soulevée par ses principaux investisseurs et rendra publics les résultats de ses investigations ».

Ce n'est pas la première fois qu'Eurofins se retrouve sous le feu des projecteurs. « Certains sujets mis en avant par Muddy Waters ont déjà fait l'objet de critiques de la part de certains analystes », indique l'expert du secteur de la santé et ancien analyste financier, sous couvert d'anonymat. En 2019, Eurofins avait aussi été critiqué par un autre vendeur à découvert, ShadowFall.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 03/07/2024 à 15:35
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C'est le principe même de la vente à découvert qui est injuste et déloyal. Que des spéculateurs en profitent est logique et équitable, puisque les sociétés s'en servent elles aussi.

à écrit le 03/07/2024 à 13:45
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Le "boulot " des vendeurs à découvert est de faire baisser la valeur des actions. Tous les moyens sont bons pour y parvenir, le mensonge, la désinformation. Une solution: Interdire la vente à découvert.

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