Les industriels français se mobilisent toujours autant pour fabriquer des masques "Made in France". Alors que la demande du système de santé et des entreprises (hors grand public) est estimée en France à environ 100 millions de masques anti-projections textile lavables (catégorie 1 et 2), chirurgicaux, FFP 2 ou 3, les entreprises françaises visent désormais une production de plus de 20 millions de masques par semaines. Entre la production française et surtout les importations, les besoins du système de santé (40 millions de masques par semaine) seraient, selon France Industrie, en train d'atteindre l'équilibre sur les approvisionnements même si il peut encore exister des pénuries locales.
Pour autant, au moment où Emmanuel Macron parle de souveraineté et d'autonomie stratégique, la crise provoquée par le Covid-19 va-t-elle être une opportunité de structurer fortement et pérenniser cette filière française sachant que le port du masque pourrait se généraliser dans les années à venir ? Quelle compétitivité aura-t-elle face à l'Asie à terme ? Les entreprises françaises vont également bénéficier de l'énorme marché à venir grâce au déconfinement : les besoins du grand public, qui est estimé à 200 millions de masques par semaine environ) pour les masques chirurgicaux ou textiles.
Une filière en forte croissance
Dans des conditions d'urgence, les entreprises françaises ont en tout cas su répondre présentes. Sur la production de masques FFP2, les quatre producteurs français actuels (Valmy, Macopharma, Paul Boyé et Kolmi.) ont réussi à passer une production de 3 à 10 millions par semaine. Ils vont ajouter de nouvelles lignes de production en commandant de nouvelles machines à CERA Engineering, basée à Saint-Étienne) pour augmenter à nouveau leur production. Ces quatre fabricants ont été rejoints par des nouveaux ou ex-producteurs (Broceliande, Faurecia, Michelin, Plastic Omnium...), qui ont commandé des machines à CERA Engineering. A terme, ils visent 10 millions de masques par semaine. De son côté, la société stéphanoise va passer sa production de 2 à 10 machines par mois). Enfin, des pistes sur la régénération des masques (ionisation, bain d'éthylène...) sont à l'étude.
Concernant les masques textiles anti-projection, la filière textile française a pu créer en seulement 10 jours une nouvelle offre. Près de 200 industriels se sont mobilisés pour produire 6 millions de masques par semaine, avec comme objectif une production de 16 millions de masques, à travers une "supply chain" passant par la Tunisie et le Vietnam. Cette filière travaille également sur des masques lavables afin d'être réutilisés jusqu'à cinq fois, voire dix fois. Une plateforme dédiée, CSFmodeetluxe-masques.com, va être lancée. Elle devrait être présentée ce lundi par la secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher en présence du président du Comité stratégique de la Filière (CSF) "Mode et Luxe", Guillaume de Seynes, et du directeur général de l'AFNOR, Olivier PEYRAT.
Une vague d'importation en provenance de l'Asie
Outre les commandes publiques pour les besoins exclusivement du secteur santé - soit 2 milliards de masques commandés qui arrivent depuis le 30 mars en France, les entreprises se sont elles aussi lancées dans des commandes privées enfin autorisées par décret. Les maître d'œuvre s'organisent avec leurs sous-traitants pour mettre en place une solidarité vers les ETI et les PME, qui peinent à s'équiper, selon France Industrie. Ces commandes ont commencé à arriver en France dès le 6 avril. Il est prévu une accélération fin avril. La mise en place d'un pont aérien et d'une plateforme de synchronisation des commandes publiques et privées avec 40 grands acheteurs regroupés a facilité cette opération commando.
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