Ne pas abuser de la clim', couper les appareils en veille quand on part en vacances, y compris le chauffe-eau, privilégier le covoiturage... Même si la menace des coupures d'électricité de l'hiver ne semble plus d'actualité, le gouvernement appelle les Français à ne pas relâcher leurs efforts pour réduire durablement leur consommation d'énergie (électricité, gaz mais aussi carburants), huit mois après le lancement en grande pompe de son plan de sobriété énergétique. L'objectif est de développer chez chacun « du bon sens énergétique », a indiqué à l'AFP le cabinet de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.
Parmi les 14 « mesures phares » de cet acte II, dévoilées lundi soir par Le Parisien, un rappel à l'ordre : dans les bureaux et magasins en particulier, la climatisation ne doit pas faire descendre la température en dessous de 26 degrés. Il est aussi demandé aux maires d'assurer la bonne application du décret d'octobre 2022 qui impose aux commerces de ne pas laisser leurs portes ouvertes lorsqu'ils utilisent un climatiseur. Secteur très actif l'été, le spectacle vivant s'engage aussi à réduire sa consommation énergétique, salue le ministère, qui cite l'exemple du festival Main Square d'Arras qui sera alimenté sans groupes électrogènes.
Rouler à 110 km/h sur autoroute
Le gouvernement compte voir diminuer la consommation de carburants, notamment par le biais des entreprises qui sont incitées à demander à leurs salariés de rouler à 110 km/h maximum sur autoroute, au lieu de 130. Vingt-sept entreprises du CAC 40 s'y sont engagées. La mesure a le mérite de réduire de 20% ses émissions de gaz à effet de serre tout en économisant 20% de carburant, met en avant le gouvernement.
Pour élaborer son plan, le gouvernement a mené une concertation associant dix grands secteurs (Etat, grandes entreprises, transports...). L'ensemble des 40 entreprises du CAC 40 s'engagent à adopter des objectifs chiffrés de baisse de consommation d'énergie et à les rendre publics. Trente-sept d'entre elles se sont aussi engagées à réfléchir à baisser leur consommation énergétique via une rationalisation du télétravail. « L'option d'avoir un jour fixe de télétravail dans la semaine permet de fermer le bâtiment », a illustré le cabinet de la ministre de la Transition énergétique.
La sobriété « n'est plus une option » (RTE)
Selon le gestionnaire du réseau de transport d'électricité RTE, la sobriété et toute forme d'économie n'est désormais « plus une option » alors que la demande en électricité va augmenter massivement. Le gestionnaire s'attend à une consommation annuelle d'électricité en forte hausse, comprise entre 580 et 640 terawattheures en 2035, alors qu'en 2021 il tablait encore sur une consommation de 540 TWh dans un scénario moyen dit de référence, et de 585 TWh en cas de « réindustrialisation profonde » du pays. Cette accélération de la consommation va contraindre le pays à doubler sa production d'énergies renouvelables d'ici à 2035, a déjà pu souligner RTE.
L'acte I lancé à l'automne dernier a été couronné de « succès », estime le cabinet d'Agnès Pannier-Runacher. Les appels à la sobriété volontaire lancés par le gouvernement, mais aussi la flambée des prix de l'énergie ont fait reculer la consommation de gaz et d'électricité de 12% (hors effets météo) par rapport à 2018-2019, selon le ministère. L'Etat avait fixé l'objectif d'une baisse de 10% de consommation d'énergie d'ici 2024.
Depuis le 1er août 2022, la consommation d'électricité a baissé de 8% et celle de gaz, de 16,9% par rapport aux années d'avant-Covid 2018-2019. Dans un autre domaine, dès la saison 2023-2024, l'octroi de la licence club de Ligue 1 et de Ligue 2, qui permet de bénéficier des droits télévisuels - une manne annuelle de plusieurs centaines de millions d'euros - « sera notamment conditionné à des critères de sobriété énergétique » avec notamment une réduction de la consommation de 10%.
Les collectivités n'avancent pas toutes au même rythme pour réduire leurs coûts énergétiques et leur empreinte carbone, les métropoles devançant les villes moyennes, selon une étude de l'institut privé Xerfi publiée fin mai. S'appuyant sur l'audit du bilan carbone de 260 communes et agglomérations, l'étude montre que le chemin vers la neutralité carbone est encore « long et chaotique ». Elle évalue à 3,5 millions de tonnes équivalent CO2 les émissions de gaz à effet de serre des communes et intercommunalités. « En réalité, les communes et agglomérations avancent en ordre dispersé » et « si la transition écologique est bel et bien enclenchée, c'est davantage sous l'effet des contraintes réglementaires que de l'adhésion des maires », estiment les auteurs. Les grandes métropoles « ont une longueur d'avance tandis que des projets de transition environnementale collaborative essaiment au niveau local ». A Paris, les émissions de gaz à effet de serre (GES) de la ville ont ainsi déjà baissé de plus de 21% entre 2014 et 2020. D'autres villes comme Grenoble, Nantes, Boulogne-Billancourt ou Cagnes-sur-Mer sortent également du lot avec une intensité carbone « relativement faible ». Mais les villes intermédiaires, qui comptent entre 20.000 et 100.000 habitants, semblent « à la traîne ». Les auteurs ont identifié trois pistes pour réduire le bilan carbone des collectivités : la rénovation énergétique des bâtiments publics, qui permettrait de réduire de 5,7 millions de tonnes équivalent CO2 les émissions de gaz à effet de serre, la modernisation de l'éclairage public et le verdissement des flottes de véhicules.Les collectivités avancent en ordre dispersé
(Avec AFP)
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