Shell Pays-Bas plaide pour la fermeture du plus grand gisement gazier d'Europe

Pour la directrice de Shell Pays-Bas, le gouvernement néerlandais devrait fermer le gisement de gaz de Groningue, le plus grand d'Europe, dès cette année. Les extractions menées depuis les années 1960 sont à l’origine de multiples séismes dans la région ces quarante dernières années, qui ont endommagé de nombreuses habitations. Un récent rapport d’une commission parlementaire pointe la responsabilité de l’État néerlandais dans ce dossier et accuse le Premier ministre d’avoir « longtemps sous-estimé la gravité et l'urgence du problème ».
Une décision finale du gouvernement néerlandais sur la fermeture définitive du gisement est prévue en juin.
Une décision finale du gouvernement néerlandais sur la fermeture définitive du gisement est prévue en juin. (Crédits : ANTON VAGANOV)

C'est une prise de position qui peut surprendre de prime abord, en pleine crise énergétique. La directrice de Shell Pays-Bas, Marjan van Loon, s'est prononcée publiquement en faveur de la fermeture du gisement de gaz de Groningue.

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Ce dernier, situé dans le nord des Pays-Bas et exploité depuis 1963, est le plus grand d'Europe. Mais, depuis 1986, les habitants de la région le bordant ont subi une série de séismes dus aux poches de vide formées lors de l'extraction de gaz. Si bien que le gisement n'est plus que très peu utilisé.

« Ce gisement doit être fermé. Il peut l'être et il doit l'être », a déclaré la directrice de Shell Pays-Bas sur la chaîne de télévision WNL dimanche 26 mars. « Il est peut-être inconfortable d'y mettre un terme définitif en pleine crise énergétique... Mais il faut le faire », a-t-elle insisté.

Décision sur la fermeture en juin

Shell Pays-Bas et ExxonMobil ont une participation égale dans la NAM, société responsable de l'extraction du gaz de Groningue depuis le début des années 1960. La directrice de Shell Pays-Bas, qui doit quitter ses fonctions à la fin du mois, a par ailleurs ajouté que « les parties impliquées pensent que le gisement peut être fermé cette année ».

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Une décision finale du gouvernement néerlandais sur la fermeture définitive du gisement est prévue en juin. Mais l'exécutif a déjà prévenu qu'« elle dépendra de la situation internationale ». Les Pays-Bas avaient précédemment prévu la coupure définitive du robinet en 2022. Ils ont finalement repoussé la date en raison de la situation géopolitique après l'invasion de l'Ukraine. Le pays prévoit désormais de le fermer à l'automne 2023, au plus tard d'ici 2024, « si la situation géopolitique le permet ».

La cupidité de l'État et des compagnies pétrolières dénoncée

Reste que de nombreuses habitations ont subi des dommages considérables à cause des séismes provoqués par les extractions. Un rapport d'une commission parlementaire publié fin février a incriminé le gouvernement néerlandais pour avoir failli dans ce dossier.

« L'extraction du gaz naturel a été si fructueuse et lucrative pour l'État et les compagnies pétrolières qu'il n'y a guère eu d'attention pour les risques à long terme et les signaux de plus en plus forts du monde extérieur », écrit notamment la commission d'enquête, après deux ans de travail.

Le rapport stipule que le Premier ministre Mark Rutte « a longtemps sous-estimé la gravité et l'urgence du problème à Groningue ». Au cours d'une conférence de presse hebdomadaire où il a reconnu la « dureté » du rapport de 2.000 pages, il a indiqué qu'il voulait d'abord le lire avant d'en tirer des conclusions.

Le secrétaire d'État chargé des Industries extractives a, de son côté, évoqué un sentiment de « honte ». « C'est très grave. Quand vous lisez tous ces faits d'affilée, cela vous coupe le souffle », a déclaré Hans Vijlbrief devant des journalistes à Groningue, lors de la présentation du rapport. « Je ressens surtout de la honte et cela signifie que nous devons faire quelque chose à ce sujet », a-t-il ajouté.

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La commission d'enquête note que le gouvernement a une obligation morale de remédier à la situation. De leur côté, les habitants de Groningue, qui dénoncent une lenteur des procédures de dédommagement, se sentent laissés pour compte par La Haye, responsable selon eux de la situation.

La présidente de Shell a en tout cas assuré ce dimanche que la compagnie pétrolière paierait les dommages et renforcerait les infrastructures dans la région.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 27/03/2023 à 20:18
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En même temps le gisement est probablement épuisé...

à écrit le 27/03/2023 à 13:31
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Quand une exploitation minière est fermée l'exploitant est délié de toutes obligations. Ca vaut pour quasiment toutes les Mines au monde depuis l'antiquité. On comprend qu'il soit toujours urgent pour l'exploitant de fermer une mine qui n'est plus re...

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