Les syndicats d'EDF, "scandalisés", exigent une compensation de l'Etat

Par latribune.fr  |   |  625  mots
"Nous demandons à l'Etat actionnaire de compenser intégralement le coût du soutien provisoire demandé à EDF" pour limiter la hausse des prix de l'électricité, ajoutent-ils, (Crédits : STEPHANE MAHE)
Dans un communiqué titré "Le Groupe EDF spolié par l'Etat sur l'autel des promesses électorales", les six administrateurs salariés d'EDF écrivent : "Nous refusons que ce soit le Groupe EDF qui assume, seul, encore et toujours, les risques de marché".

Les représentants syndicaux des salariés au conseil d'administration d'EDF se disent vendredi "scandalisés" par les annonces du gouvernement pour limiter la hausse des prix de l'électricité en France et réclament que l'Etat compense "intégralement" le coût de ces mesures pour le groupe.

Face à la flambée des prix de l'énergie, à désormais moins de trois mois de l'élection présidentielle, le gouvernement français a annoncé jeudi un relèvement du volume d'électricité nucléaire vendu à prix réduit par EDF à ses concurrents, dans le cadre du dispositif Arenh (accès régulé à l'électricité nucléaire historique), une mesure susceptible d'avoir un impact de 7,7 à 8,4 milliards d'euros sur les résultats du groupe.

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Dans un communiqué titré "Le Groupe EDF spolié par l'Etat sur l'autel des promesses électorales", les six administrateurs salariés d'EDF, dont le conseil d'administration compte 18 membres, se disent "scandalisés que l'Etat organise le pillage de l'entreprise EDF sur l'autel de considérations politiciennes".

"(...) nous demandons à l'Etat actionnaire de compenser intégralement le coût du soutien provisoire demandé à EDF" pour limiter la hausse des prix de l'électricité, ajoutent-ils, jugeant que "d'évidence, EDF vend à perte" sa production électrique nucléaire.

"Nous refusons que ce soit le Groupe EDF qui assume, seul, encore et toujours, les risques de marché alors que c'est aussi lui seul qui assume tous les risques industriels."

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L'arrêt de certains réacteurs nucléaires prolongé

Par ailleurs, EDF a prolongé l'arrêt de certains de ses réacteurs nucléaires, où des problèmes de corrosion ont été identifiés, et dans certains cas l'arrêt se prolongera jusqu'à la fin de l'année, a indiqué le groupe vendredi. Le redémarrage du réacteur numéro 2 de la centrale de Chooz (Ardennes) est ainsi désormais prévu le 31 décembre, selon des données publiées par le groupe sur son site. Début janvier, son arrêt avait déjà été prolongé jusqu'au 20 avril. Le redémarrage des deux réacteurs de Civaux (Vienne) est attendu le 31 août pour le premier réacteur et le 31 décembre pour le second.

Des problèmes de corrosion avaient été identifiés sur un circuit de sécurité de ces trois réacteurs. Les mêmes problèmes ont depuis été détectés sur l'un de ceux de la centrale de Penly (Seine-Maritime), d'une moindre puissance. Penly 1 est ainsi arrêté jusqu'au 30 mai. Les investigations se poursuivent pour déterminer si le réacteur numéro 1 de Chooz est également concerné. Il doit redémarrer le 27 juillet, vient d'annoncer EDF, et non le 11 février comme attendu jusqu'à présent.

Actuellement, sur les 56 réacteurs du parc nucléaire français, cinq sont ainsi à l'arrêt à cause de problèmes de corrosion identifiés ou soupçonnés sur un circuit de sécurité, plus autant à l'arrêt pour d'autres raisons.

Ces cinq réacteurs représentent à eux seuls environ 12% de la capacité nucléaire française. Cela a conduit EDF à revoir en baisse sa prévision de production nucléaire jeudi soir. Ces arrêts non prévus accroissent un peu plus la tension sur la sécurité d'approvisionnement électrique cet hiver en France, alors que la disponibilité du parc est déjà faible avec au total 10 réacteurs arrêtés.

La question se pose désormais de possibles arrêts supplémentaires en raison des problèmes de corrosion.

(Avec Reuters et AFP)