Le gouvernement débloque un milliard d'euros pour la décarbonation de 50 sites industriels

Par latribune.fr  |   |  816  mots
Les secteurs les plus émetteurs en CO2 sont la sidérurgie, le ciment et les engrais. (Crédits : Reuters)
Elisabeth Borne va annoncer ce vendredi le déblocage d'un milliard d'euros, sur les cinq milliards prévus, pour accompagner la décarbonation des 50 sites industriels français les plus émetteurs en gaz à effet de serre.

Signe de l'importance du sujet, pas moins de cinq ministres - Bruno Le Maire (Economie), Agnès Pannier-Runacher (Transition énergétique), Roland Lescure (Industrie), Dominique Faure (Collectivités) et Clément Beaune (Transports) - accompagneront Elisabeth Borne, cheffe du gouvernement, lors de la réception, ce vendredi, des représentants de 50 sites industriels parmi les plus polluants.

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La rencontre se déroulera au salon aéronautique du Bourget, dans le cadre d'un Conseil national de l'industrie (CNI). La Première ministre leur annoncera le déblocage d'un milliard d'euros pour les accompagner dans leur stratégie de décarbonation.

L'industrie pèse 18% des émissions de CO2 du pays

La CNI réunit les patrons et syndicats des 19 principales filières industrielles du pays (aéronautique, agroalimentaire, automobile..) et des représentants de l'Etat. Les 50 sites visés (des usines sidérurgiques, chimiques, des cimentiers ou fabricants d'engrais notamment) représentent 30.000 emplois et la moitié des émissions de l'industrie qui pèsent 18% des émissions du pays.

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Les secteurs les plus émetteurs en CO2 sont la sidérurgie, le ciment et les engrais. Géographiquement, les deux zones les plus émettrices en carbone sont le nord de la France autour de Dunkerque avec 12 millions de tonnes de CO2 émises, suivie par le bassin de Marseille-Fos avec un peu plus de 10 millions.

Les industriels s'engagent à réduire de 45% leurs émissions de CO2 d'ici 2030

Ces industriels présenteront à cette occasion leurs feuilles de route de décarbonation, dans lesquelles ils s'engagent à réduire de 45% leurs émissions de CO2 d'ici 2030, et de 80% d'ici 2050. Pour Matignon, ces trajectoires représentent une « très bonne nouvelle » au vu de l'objectif que la France s'est fixé de réduire de 50% ses émissions de carbone d'ici 2030. » « La bonne nouvelle, c'est que c'est possible », avait déjà salué devant la presse le ministre de l'Industrie Roland Lescure lors d'une réunion d'étape à Bercy qui rassemblait les représentants de ces 50 sites industriels.

A la tribune de Bercy, Xavier Astolfi, le directeur général de Cristal Union, entreprise plus connue sous la marque de sucre aux paquets roses « Daddy Sucre », avait  défendu le projet de conversion de la chaudière de son usine d'Arcis-sur-Aube, près de Troyes, à la biomasse en brûlant la pulpe de betterave selon un procédé nouveau. Pourquoi ne pas l'avoir fait avant ? « Cela représente trois ans de capacité d'investissements du groupe » et se chiffre « en centaines de millions d'euros », précisait le président de Cristal Union, Olivier de Bohan, en attente de l'aide publique : « On ne peut pas être seul, il faut qu'on soit accompagné »

Elisabeth Borne devrait également annoncer que les dispositifs pour la décarbonation des plus petits sites ou pour la chaleur biomasse seront « reconduits ». Sur la capture et le stockage du CO2, très demandés par les industriels, elle lancera « une consultation sur la stratégie » à adopter dans ce domaine, en précisant que ces technologies seront surtout réservées aux sites produisant des émissions « incompressibles », comme les cimenteries. Elle exprimera enfin la volonté du gouvernement de mettre en place des outils financiers (de type CFD, « contrats pour la différence ») pour aider au développement des nouvelles technologies de décarbonation.

Le pacte d'Emmanuel Macron

Emmanuel Macron avait proposé le 8 novembre un pacte de décarbonation aux industriels les plus émetteurs de CO2, en promettant un doublement de l'aide publique à 10 milliards d'euros en échange d'un doublement de leur effort en la matière. A cet égard, Matignon a précisé qu'il s'agissait de procéder par « ordre » : d'abord engager les premiers moyens avant d'engager des moyens supplémentaires. « Quand on sera arrivés à la fin de la consommation » des cinq milliards, « les questions se poseront ».

Le chef de l'Etat avait souligné début octobre 2022 qu'il faut « aller plus vite et plus fort sur les grands projets » de transition écologique et énergétique « des grands sites de production ». Et cela les concerne tous, « de Dunkerque dans la sidérurgie jusqu'au port de Fos-Marseille ».

Devant les industriels, il s'était montré volontaire : « Notre objectif est d'aller le plus vite possible. Si nous arrivons à doubler nos efforts de 10 millions de tonnes à 20 millions de tonnes évitées, nous passerons l'enveloppe de 5 milliards d'euros à 10 milliards d'euros. Il y a un effet de levier important », a-t-il expliqué. Le Réseau action climat (RAC) avait alors salué l'ambition du chef de l'Etat de diviser par deux les émissions de CO2 des 50 sites industriels les plus émetteurs. En revanche, les associations engagées en faveur de l'environnement ont pointé « le manque de conditions associées aux aides publiques ».

Avant le CNI, Elisabeth Borne visitera le 54e Salon international de l'Aéronautique et de l'Espace du Bourget.

(Avec AFP)