Le géant du pétrole Shell multiplie par deux ses superprofits : près de 50 milliards d'euros en 2022

Shell a réalisé un bénéfice annuel record en 2022, totalisant 42,3 milliards de livres (47,5 milliards d'euros), plus que doublé sur un an, dopé par les cours élevés des hydrocarbures. De son côté, ExxonMobil, qui a aussi annoncé des profits record, attaque la taxation voulue par l'Europe sur les superprofits des géants de l'énergie.
Shell a fait une très belle année 2022 avec un bénéfice record de 42,3 milliards de livres, le double de celui réalisé en 2021.
Shell a fait une très belle année 2022 avec un bénéfice record de 42,3 milliards de livres, le double de celui réalisé en 2021. (Crédits : Toby Melville)

Voilà un résultat qui devrait être largement commenté au moment où les prix à la pompe remontent. Comme d'autres majors pétrolières, Shell, géant britannique, a fait une très belle année 2022 avec un bénéfice record de 42,3 milliards de livres, le double de celui réalisé en 2021.

Lire aussi55 milliards de dollars : les superprofits d'ExxonMobil préfigurent ceux de TotalEnergies

Ce résultat a été dopé par le rebond de la demande, qui avait chuté pendant la pandémie de Covid-19, et par la baisse des exportations russes dans la foulée de la guerre en Ukraine.

Sur le seul quatrième trimestre, le bénéfice net a progressé 54% à 10,4 milliards de dollars, tiré en particulier par les prix du gaz naturel liquéfié (GNL). « Ces résultats démontrent la force du portefeuille différencié de Shell, ainsi que notre capacité à fournir une énergie vitale à nos clients dans un monde instable », s'est félicité dans un communiqué le nouveau directeur général de Shell Wael Sawan, qui a remplacé Ben van Beurden le 1er janvier.

« Shell profite de la destruction du climat et de l'immense souffrance humaine », a dénoncé dans un communiqué Elena Polisano, de Greenpeace UK, estimant que « les dirigeants mondiaux devraient forcer les méga-pollueurs historiques à alimenter un fonds pour les pertes et les dommages causés par la crise climatique ».

« Je fais ma part pour faire baisser les prix, il est temps que Big Oil fasse la sienne » (Joe Biden)

Cette annonce du pétrolier arrive après celle d'ExxonMobil qui a dégagé un profit record de 55,7 milliards de dollars en 2022, un résultat supérieur de presque 33 milliards de dollars à celui de 2021, et de 10 milliards au précédent record qui remontait à 2008.

C'est trop pour Joe Biden, le président américain, qui a tweeté que la seule chose « qui empêche les grandes compagnies pétrolières d'augmenter leur production est leur décision de verser des milliards aux actionnaires au lieu de réinvestir les bénéfices ». Avant d'ajouter :  « je fais ma part pour faire baisser les prix, il est temps que Big Oil fasse la sienne. »

Exxon veut bloquer la taxe imposée par l'Europe sur les superprofits

Malgré son excellent bilan financier annuel, Exxon a indiqué que ses résultats du quatrième trimestre avaient été impactés à hauteur de 1,3 milliard de dollars par la taxation européenne sur les superprofits des géants de l'énergie et par des dépréciations d'actifs.

Le groupe texan a saisi fin décembre la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) afin de bloquer cette taxe que sont censés payer les producteurs et distributeurs de pétrole, de gaz et de charbon ayant réalisé des bénéfices considérables en 2022.

La Commission européenne avait indiqué fin septembre qu'elle voulait réclamer une « contribution temporaire de solidarité » aux producteurs et distributeurs de gaz, charbon et pétrole qui réalisent des bénéfices massifs grâce à la flambée des cours consécutive à la guerre en Ukraine. Elle doit être fixée à 33% de la part des superprofits de 2022, c'est-à-dire des bénéfices supérieurs de plus de 20% à la moyenne des années 2019-21, tout en tenant compte des mesures prises par les États taxant déjà ces bénéfices. La France l'a transposée dans son budget 2023. Le gouvernement britannique a introduit en mai, puis augmenté en fin d'année à 35%, une taxe sur les bénéfices énergétiques exceptionnels.

La contribution de solidarité de TotalEnergies va « dépasser les deux milliards » d'euros dans l'Union européenne et au Royaume-Uni

TotalEnergies ne contestera toutefois pas cette contribution au niveau européen. Par contre, il en tirera « les conséquences » : « au Royaume-Uni, nous investirons moins ». La contribution de solidarité sur les profits des groupes énergétiques que TotalEnergies aura à payer en 2022 va « dépasser les deux milliards » d'euros dans l'Union européenne et au Royaume-Uni, a indiqué Patrick Pouyanné PDG de TotalEnergies à la presse belge. « Le raffinage a perdu de l'argent pendant des années, et maintenant l'année où nous commençons à gagner de l'argent, il est surtaxé comme un superprofit, alors que ce n'est qu'un profit », a regretté le dirigeant.

Patrick Pouyanné a par ailleurs précisé que son groupe paierait « 33 milliards de dollars » en taxes et impôts à travers le monde en 2022. « Nous sommes dans les 10 plus gros contributeurs au monde ».

TotalEnergies a déjà annoncé un nouveau bénéfice record au troisième trimestre, de 6,6 milliards de dollars et n' échappera pas au débat sur les superprofits: « Je comprends qu'il y a là un sujet sociétal, collectif, compliqué. Et je comprends  que ça fâche », affirme le responsable.

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.