Éolien en mer : les Normands appelés à se prononcer sur un cinquième parc

Le second projet de parc éolien offshore du Centre Manche, et le cinquième en Normandie, entame la longue marche qui pourrait le mener à un raccordement au réseau en 2031. Depuis le début de la semaine, les riverains sont invités à donner leur avis.
D'une puissance de 1,5 MW, le cinquième parc normand devrait abriter entre 75 et 125 éoliennes en fonction du choix technologique pour lequel optera le lauréat de l'appel d'offres.
D'une puissance de 1,5 MW, le cinquième parc normand devrait abriter entre 75 et 125 éoliennes en fonction du choix technologique pour lequel optera le lauréat de l'appel d'offres. (Crédits : DR)

Pas un mât n'émerge encore des flots mais les projets de parcs s'additionnent dans les eaux venteuses et peu profondes de la Manche normande, en passe de devenir un paradis pour les moulins à vent marins (ou un enfer selon l'opinion que l'on en a). Qu'on en juge. Si tous arrivent à bon port, ce sont quelque 1.200 pales qui brasseront l'air, d'ici la fin de la décennie, sur cette partie du Channel comprise entre la pointe du Cotentin et Le Tréport. Pas de quoi faire de l'ombre au voisin britannique, champion du wind power, mais de quoi électriser une filière locale qui piaffe depuis plus de douze ans dans les starting-blocks.

Annoncé par Jean Castex à Saint Nazaire, le dernier projet en date vient de se placer sur la ligne de départ. Sophie Mourion, directrice de l'énergie au ministère de la transition écologique, a donné ce mardi (04/01) à Cherbourg, le coup d'envoi de la concertation publique* sur le neuvième projet de parc éolien marin français. Le cinquième au large des côtes de la Normandie... mais aussi le plus capacitaire. D'une puissance de 1,5 GW -l'équivalent de la consommation d'un million de foyers-, il ne rivalisera pas avec le futur giga-parc britannique de Dogger Bank (3,6 GW) mais sera tout de même le plus gros mis sur le marché en France à ce jour. D'où son coût estimé entre 4 et 5 milliards d'euros, deux fois ceux des premiers appels d'offres de Fécamp, Courseulles ou Dieppe/Le Tréport.

Fort d'une centaine d'éoliennes, il sera aussi situé plus au large que ces derniers, à l'intérieur de la même zone que le parc dit de Barfleur (dont le lauréat sera désigné à la fin de cette année) avec lequel il partagera certaines installations électriques. Quant à son raccordement, ou atterrage dans le jargon, il devrait se faire pour une partie dans le département de la Manche et pour l'autre dans le Calvados ou en Seine-Maritime. C'est l'une des questions qui seront sur la table pendant les trois mois que durera la concertation*. Laquelle s'annonce au moins aussi houleuse que les précédentes d'autant qu'elle se déroulera en pleine campagne présidentielle : période propice aux effets de tribune.

La Manche saturée ?

Il faut, en effet, s'attendre à une forte opposition dans les rangs des pêcheurs pour qui ce cinquième parc, même situé plus loin des côtes, est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Alors que l'industrie des renouvelables presse le gouvernement d'accélérer pour honorer les promesses de la PPE, eux invitent au contraire à « ralentir les processus d'attribution ». « La Normandie est déjà la région où se cumulent le plus d'usages en mer » s'insurge le Comité régional des pêches qui cite en exemple les dix sites d'extraction de granulats marins, les 31 sites de clapage (là où sont déversés les sédiments de dragage de la Seine) ou encore les six projets de câbles électriques sous- marins entre la France et la Grande Bretagne. « Les pêcheurs ont le sentiment que leur activité devient la variable d'ajustement d'une occupation croissante de la mer », concluent leurs représentants.

L'absence d'une planification nationale de l'éolien marin, réclamée depuis belle lurette par tous les acteurs, pourrait aussi pousser les Normands les moins hostiles à se montrer plus réservés que par le passé faute de visibilité sur d'éventuels futurs projets. Chantal Jouanno, présidente de la Commission nationale du débat public, s'attend d'ailleurs à ce genre de réaction. « Le public, sur chaque projet de parc, se méfie et nous interpelle : « c'est quoi le coup d'après ? », observait-elle récemment dans une interview à Sciences & Avenir. Les mêmes doutes commencent à se manifester chez les élus. Pourtant favorable à l'éolien offshore, le centriste Hervé Morin, président de la Région, très occupé il est vrai à batailler pour l'implantation d'un double EPR à Penly (Seine-Maritime), pointait il y a peu « un risque de saturation ».

Du côté des industriels en revanche, l'adhésion est totale, notamment au Havre où se tiendra la première réunion publique (ce vendredi 7 janvier) et où Siemens Gamesa met la dernière main à son usine d'assemblage de pâles et de nacelles. Le groupe embauche à tour de bras en vue d'une mise à feu de ses installations au printemps prochain. Précisément lorsque s'achèvera la concertation qui vient de débuter. Un argument qui pèsera certainement dans la balance à l'heure des arbitrages gouvernementaux. Lesquels sont attendus à la fin de l'été... après la présidentielle.

*du 3 janvier au 7 mars et du 25 avril au 16 mai.

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Commentaires 2
à écrit le 06/01/2022 à 15:16
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9 ans, c est long. Meme puissance qu un EPR. Meme disponibilite qu un EPR (50%). Mais, c est moins long a construire qu un EPR (15 ans s il fonctionne...) , beaucoup moins cher qu un EPR.(sans les derapages budgetaires a repetitions). Donc , en gros,...

à écrit le 06/01/2022 à 8:01
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2031 il faut tant de temps que ça pour construire un parc éolien !? Encore la faute des non vaccinés ça c'est sûr...

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