Vente de Biogaran : Gabriel Attal promet une « vigilance exceptionnelle » en cas de repreneur non-européen

Le Premier ministre a averti ce mercredi que « tout repreneur non européen » qui rachèterait le fabricant de médicaments génériques français Biogaran au laboratoire tricolore Servier devait s'attendre à « des conditions drastiques » et une « vigilance exceptionnelle » de la part du gouvernement. Gabriel Attal a également indiqué se laisser la « possibilité d'activer la procédure de contrôle des investissements étrangers en France », afin de « faire respecter notre souveraineté ».
Biogaran représente une boîte de médicament sur huit vendues en pharmacie et près d'un tiers des médicaments génériques en France (photo d'illustration).
Biogaran représente une boîte de médicament sur huit vendues en pharmacie et près d'un tiers des médicaments génériques en France (photo d'illustration). (Crédits : Wikimedia Commons)

La vente de Biogaran n'est toujours qu'une rumeur, mais elle continue de faire parler. Le sujet s'est invité sur les bancs de l'Assemblée nationale ce mercredi, pendant la séance de questions au gouvernement. Pour rappel, selon plusieurs médias, le laboratoire Servier aurait mis en vente sa filière française des médicaments génériques depuis plusieurs mois et plusieurs acquéreurs, notamment des étrangers, seraient sur le coup pour l'acquérir.

« Nous serons d'une vigilance exceptionnelle et tout repreneur non-européen, je le dis ici publiquement et clairement, doit s'attendre à des conditions drastiques s'il veut ne serait-ce qu'espérer acquérir Biogaran », a prévenu le Premier ministre Gabriel Attal.

Le chef du gouvernement a précisé avoir été « très clair avec Servier : nous ne souhaitons pas qu'ils vendent Biogaran », a-t-il indiqué. Au motif que « l'Europe doit être le vecteur de notre souveraineté, notamment en termes de santé et de produits de santé », a-t-il répété.

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Le gouvernement prêt à dégainer

La perspective d'une possible cession du laboratoire, qui représente une boîte de médicament sur huit vendues en pharmacie et près d'un tiers des médicaments génériques en France, contrarie fortement l'Exécutif, engagé dans une reconquête de la souveraineté sanitaire. Et le gouvernement ne compte pas rester les bras croisés.

« Si toutefois Servier choisissait tout de même de vendre Biogaran, oui, nous nous laisserions la possibilité d'activer la procédure de contrôle des investissements étrangers en France », afin de « faire respecter notre souveraineté », a confirmé Gabriel Attal.

Cette procédure peut s'appliquer dès lors qu'un acteur non-européen souhaite acquérir 10% ou plus des droits de vote d'une société française cotée (ou 25% des droits de vote d'une société non cotée) opérant dans un secteur stratégique. Et, d'après le cabinet du ministère de l'Industrie, « la protection de la santé publique » en fait bien partie.

Inquiétude sur l'approvisionnement

Ce n'est pas la première fois que le gouvernement s'affiche déterminé sur le sujet de la vente de Biogaran. Avant le Premier ministre, et depuis des semaines, le ministre délégué chargé de l'Industrie, Roland Lescure et le ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux ont déjà fait part de leur préoccupation vis-à-vis d'un risque de délocalisation de la production qu'entraînerait la vente de Biogaran à un acteur étranger. Car la France connaît déjà des pénuries de médicaments, dont des génériques. En cas de disparition de Biogaran, « on peut donc être sérieusement inquiet » quant à l'approvisionnement de génériques, un marché « sous-dimensionné » dans le pays, selon Frédéric Bizard, spécialiste des questions de santé et professeur d'économie affilié à l'École supérieure de commerce de Paris.

Si « on aura toujours des génériques », ajoute l'expert, le nouvel acquéreur pourrait arrêter certains produits et/ou faire produire ailleurs. Au grand dam du gouvernement et sa stratégie de réindustrialisation du pays. « L'État est à la manœuvre et fait ce qu'il peut pour rassurer », analyse Frédéric Bizard. Reste qu'il ne pourra « pas s'opposer » à une éventuelle reprise mais pourra toutefois exiger, selon lui, « des garanties, comme conserver les contrats avec les façonniers et des emplois en France ».

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Quatre repreneurs potentiels

Reste que, à ce jour, la mise en vente de Biogaran n'a pas été officiellement confirmée. Pour autant, des noms de potentiels acquéreurs circulent déjà. Parmi eux, des étrangers : deux gros groupes indiens, Torrent Pharmaceuticals et Aurobindo Pharma, ou la société d'investissement britannique BC Partners.

Mais aussi un français : le laboratoire et sous-traitant pharmaceutique Benta Lyon, selon un connaisseur du secteur pharmaceutique, confirmant partiellement des informations du magazine Challenges parues début mai. Cette entreprise, qui a repris en 2020 le site Famar à Saint-Genis-Laval près de Lyon, produit et commercialise des médicaments, dont des génériques, ainsi que des dispositifs médicaux. Elle appartient à la holding française Benta SAS, propriété de l'investisseur libanais Bernard Tannoury, compte 118 collaborateurs et prévoit 24 millions d'euros de chiffre d'affaires cette année. Elle a annoncé en avril avoir lancé une nouvelle production de paracétamol dans son usine rhône-alpine en capacité de produire 80 millions de boîtes de paracétamol par an. Un nouveau marché pour le laboratoire qui veut contribuer « à renforcer la production de l'industrie pharmaceutique sur le territoire national ».

(Avec AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 30/05/2024 à 12:48
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He ben vu que hormis un etranger ou qqun qui touche un très gros chèque bienveillant de l'état, on ne voit pas qui ça intéresse ça déposera le bilan, ce qui réduit les inégalités dans les faillites.. Et alors la, des cris de gauche sur la souv...

à écrit le 30/05/2024 à 9:28
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Le repreneur fera ce qu'il voudra, et ce n'est pas Attal qui pourra l'empêcher.

à écrit le 30/05/2024 à 0:44
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Tannory comme...Naouri...Drahi ? Biogaran finira alors comme SFR/Alice...Casino...!!!

à écrit le 29/05/2024 à 21:04
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Si Biogaran ne produit rien, contrairement à la maison mère Servier près d'Orléans, mais fait fabriquer par de nombreuses entreprises sous-traitantes, vendre Biogaran ça consiste en quoi ? Les entreprises qui synthétisent les molécules génériques pou...

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