Santé : dans le grand Ouest, le cluster Atlanpole Biotherapies veut faire émerger la filière de demain

Le 5 juillet prochain est la journée nationale de la bioproduction et des biomédicaments. Ce n’est donc pas un hasard du calendrier si le pôle Atlanpole Biotherapies, qui porte la filière du bio-médicament dans le grand Ouest, organise son assemblée générale en région nantaise (Loire-Atlantique) là où il siège. L’occasion de faire un zoom sur ce pôle et sa place à l’échelle nationale mais aussi de parler des enjeux majeurs pour la filière santé et de ses difficultés, avec sa directrice Florence Hallouin.
Atlanpole Biotherapies compte 220 membres, dont OSE Immunotherapeutics (Nantes), considéré comme un fleuron de la filière santé.
Atlanpole Biotherapies compte 220 membres, dont OSE Immunotherapeutics (Nantes), considéré comme un fleuron de la filière santé. (Crédits : Ose Immunotherapeutics)

Né en 2005, Atlanpole Biotherapies, qui s'appuie sur une équipe d'une dizaine de personnes, est l'un des six pôles de compétitivité en santé, avec BioValley France, Cancer-Bio-Santé (CBS), Eurobiomed, Lyonbiopôle et le Clubster NSL. Sa mission principale ? « Favoriser le développement de la filière santé à l'échelle du grand Ouest (Pays de la Loire - Bretagne - Centre-Val de Loire) », indique Florence Hallouin à sa direction depuis 2016, lors d'une entrevue accordée à La Tribune, la veille de son assemblée générale. Plus précisément, ce pôle interrégional « aide les entreprises à aller chercher un réseau qualifié d'acteurs pour trouver des partenaires R&D, clients et fournisseurs, au travers des événements thématiques autour de quatre axes : les biothérapies, le digital, les technologies médicales innovantes et la prévention des maladies ».

La raison d'être d'Atlanpole Biotherapies est aussi de « soutenir l'innovation et le déploiement de nouveaux projets mais aussi de favoriser le développement des membres à l'international, via notamment des salons comme NutrEvent à Lille en octobre prochain et BIO-Europe à Stockholm (Suède) le mois d'après, ou encore de leur donner plus de visibilité et d'assurer leur promotion (newsletter, réseaux sociaux...) ».

Lire aussiSanté et innovation : les entreprises des Pays de la Loire se fédèrent sous la bannière du coq blanc

Le grand Ouest pèse 44% du chiffre d'affaires national

Aujourd'hui, Atlanpole Biotherapies, dont le budget a atteint 1,2 million d'euros en 2023, fédère 220 membres, dont 160 TPE/PME, quand la filière nationale compte 2.660 entreprises. D'après le dernier panorama France Biotech (enquête menée sur un échantillon de plus de 500 entreprises), le grand Ouest arrive deuxième sur le plan national derrière l'Île-de-France en nombre de sociétés biotech « 65% d'entre elles ont moins de douze ans d'existence », précise Florence Hallouin. Parmi elles, notons la présence de deux fleurons de la filière santé : OSE Immunotherapeutics, une société de biotechnologie nantaise qui développe des produits first-in-class en immunooncologie et immuno-inflammation pour des patients atteints de cancer et de maladies chroniques inflammatoires, ou encore le groupe pharmaceutique Valneva qui vient d'obtenir le feu vert de l'Europe pour commercialiser son vaccin contre le chikungunya.

L'année dernière, le pôle a accueilli 20 nouveaux membres parmi lesquels la société AKIVI (application d'anatomie du corps humain) dans le Maine-et-Loire, la startup nantaise de biotechnologie BluCare Discovery qui développe des actifs à partir de microalgues pour fournir la médecine de précision, HC Next (Lille) dont la mission est d'accélérer et dérisquer les développements de médicaments et de dispositifs médicaux ou encore HRV Simulation (Mayenne) qui est le spécialiste de la simulation médicale et industrielle en combinant des technologies novatrices (haptique, VR...).

Lire aussiAprès un épisode Covid douloureux, Valneva mise sur les vaccins contre la maladie de Lyme et le chikungunya

« Le grand Ouest représente 44% du chiffre d'affaires national (1,4 milliard d'euros en 2022, contre 794 millions d'euros en 2020) », poursuit Florence Hallouin. Signe, selon elle, d'un réel dynamisme. Le grand Ouest pèse également 18% des dépenses en R&D du secteur (1,3 milliard en 2023 et 1,1 milliard en 2020) ce qui témoigne de « la maturité des entreprises du territoire ».

Concernant les effectifs du grand Ouest, ils représentent 26% des emplois nationaux, en sachant que la filière tricolore comptait 15.000 emplois directs et 45.000 emplois indirects en 2023.

Parmi les difficultés : le manque d'investisseurs

Une autre étape attend désormais ce secteur, celle de l'industrialisation. « Aujourd'hui, la filière a atteint une telle maturité que, désormais, elle prend le virage de la production », confirme Florence Hallouin. Ce qui se traduit par la construction d'usines. A l'image de Clean Cells qui a investi 22 millions d'euros dans un site de 5.300 m², comprenant 2.800 m² de laboratoires, en Vendée dédié à la production de cellules et de virus pour les biotechs. D'après Florence Hallouin, il y a en tout 12 projets financés qui vont se mettre en place petit à petit dans le grand Ouest, avec des sociétés comme Affilogic, une startup nantaise spécialisée dans les biotechnologies qui relocalise sa production en Loire-Atlantique.

Si la réindustrialisation du grand Ouest est donc bien une réalité dans le domaine de la santé, la filière devra malgré tout composer avec certaines difficultés, comme la rareté du foncier, d'après Florence Hallouin. Autre frein à lever : le financement. « Aujourd'hui, ces entreprises ont des difficultés à lever des fonds et à aller chercher des financements auprès de capitaux risqueurs. » Le danger : « qu'elles aillent chercher des investissements à l'étranger, en Europe et aux États-Unis ». Et d'ajouter : « C'est la souveraineté de notre pays qui est enjeu. »

Autre problématique : le recrutement. « Dans le grand Ouest, ces entreprises sont en pleine croissance et recrutent. En 2023, par exemple, 70% d'entre elles ont renforcé leurs équipes. Mais elles se retrouvent confrontées à des difficultés de recrutements. D'où la nécessité de former les jeunes aux nouveaux métiers (bioproduction, usinage des dispositifs médicaux, digital...) et de leur proposer des formations qui soient en adéquation avec les besoins des entreprises », conclut Florence Hallouin.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.