Pharmacie : pourquoi les laboratoires Brothier veulent miser sur des algues franco-françaises

Installés depuis les années 1980 à Fontevraud-l’Abbaye près de Saumur (Pays de la Loire), les laboratoires Brothier sont spécialisés dans la transformation d'algues brunes en produits pharmaceutiques (compresses et mèches). Si, jusqu’alors, cette matière 100% marine était essentiellement récoltée à l’étranger, cela va changer dès l’année prochaine. En effet, une filière bretonne se met en place.
Les laboratoires Brothier (Pays de la Loire) sont spécialisés en hémostase et cicatrisation à partir de biopolymères marins issus des algues, bientôt bretonnes.
Les laboratoires Brothier (Pays de la Loire) sont spécialisés en hémostase et cicatrisation à partir de biopolymères marins issus des algues, bientôt bretonnes. (Crédits : Laboratoires Brothier)

Direction le Maine-et-Loire, où Brothier est spécialisé dans la valorisation des algues, au service de la cicatrisation. C'est ici, plus précisément à Fontevraud-l'Abbaye, que ce laboratoire indépendant conçoit et fabrique des produits hémostatiques (anti-saignement), cicatrisants ou de réparation tissulaire, à base de biopolymères, des alginates de calcium issus d'algues brunes « très particulières ».

Celles-ci sont transformées sous la forme de poudre, indique Christian Girardière, le président du groupe (capital 100% familial) et actionnaire majoritaire, qui emploie environ 150 salariés dont 80 à Fontevraud, le reste de l'effectif se trouvant pour partie au siège de Nanterre (Hauts-de-Seine).

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Sécuriser l'approvisionnement

« Cette matière première, on ne la trouve que dans les eaux froides. Ces algues sont principalement récoltées au Chili et en Norvège », poursuit Christian Girardière qui en vante les vertus. Ce dernier projette désormais de faire appel à une filière plus locale, en Bretagne, dès 2025.

« C'était un projet de longue haleine, mais nous n'avions jusqu'alors pas trouvé le bon partenaire. »

C'est chose faire avec la SAS JRS Marine Products, filiale du groupe allemand JRS, située à Landerneau (Finistère). Laquelle fournira entre 10% et 15% des volumes dans un premier temps avant de monter « en puissance ». L'idée n'est pas d'atteindre les 100%, mais de diversifier les sources en s'appuyant sur, « au moins », deux fournisseurs, et ainsi sécuriser les approvisionnements en cas de pollutions des mers.

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La compresse du futur

En parallèle, les laboratoires Brothier vont poursuivre leurs travaux de recherche dans cette usine décrite comme « ultra-moderne et high-tech ». Au total, 14% du chiffre d'affaires (52 millions d'euros, soit une croissance annuelle comprise entre 3% et 5%) est injecté dans la R&D, pilotée à Fontevraud par une équipe d'une dizaine de personnes.

« Nous avons un niveau d'investissements très élevé, ce qui fait notre force », souligne Christian Girardière.

Les laboratoires mènent actuellement 5 à 6 projets de développement qui sont « malheureusement ralentis par des exigences réglementaires européennes », regrette-t-il. Des recherches sont menées autour d'un projet de compresses connectées, équipées d'un capteur. « [Ce dernier] signalerait des pertes sanguines très importantes qui peuvent intervenir dans le cadre de certaines pathologies (diabète...) », explique le président du groupe.

Mené dans le cadre du programme France 2030 sur l'innovation en dispositif médical et numérique, ce projet chiffré à « plusieurs centaines de milliers d'euros » sera mené sur les 4 à 5 ans à venir.

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Poursuivre l'extension des capacités de production

Le site de Fontevraud qui a déjà fait l'objet de plusieurs extensions pour s'étaler aujourd'hui sur 40.000 mètres carrés a atteint « 85 à 90% » de sa capacité. D'où la nécessité de voir plus grand pour « répondre aux futures demandes du marché, mais aussi créer de nouveaux produits ».

Cette fois-ci, le projet est de construire un nouveau bâtiment de 7.000 mètres carrés à horizon 2026. Montant des travaux ? Entre 10 millions d'euros et 20 millions d'euros. « C'est une dizaine d'emplois à la clé au cours des trois premières années », précise Christian Girardière.

Les laboratoires Brothier qui écoulent plus d'un million de boîtes de compresses et mèches par an sur le site saumourois principalement auprès des hôpitaux (40%) et sur le marché français (95%) ont également pour projet d'accroître leurs ventes à l'international. « Nous investissons également beaucoup à l'étranger pour nous développer là où il y a des capacités de financement, c'est-à-dire en Europe, Amérique du Nord et au Japon », conclut le président.

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