Levothyrox : plainte contre le laboratoire Merck

Par latribune.fr  |   |  491  mots
Une pétition signée par plus de 170.000 mécontents, patients ou proches, circule en ce moment en France contre la nouvelle version disponible depuis mars du Levothyrox.
Une avocate attaque en justice le laboratoire pharmaceutique allemand pour "mise en danger de la vie d'autrui". Elle met en cause la nouvelle formule du Levothyrox, un traitement dédié aux pathologies thyroïdiennes.

Une quinquagénaire a déclaré vendredi à l'AFP avoir déposé plainte à Mougins (Alpes-Maritimes) contre le laboratoire Merck pour "mise en danger de la vie d'autrui" après avoir subi des problèmes de santé liés selon elle à la nouvelle formule du Levothyrox.

Une pétition signée par plus de 170.000 mécontents, patients ou proches, circule en ce moment en France contre la nouvelle version disponible depuis mars du Levothyrox, médicament indispensable pour traiter des pathologies thyroïdiennes. Ils accusent ce nouveau produit d'engendrer divers effets secondaires (crampes, maux de tête, vertiges ...).

"Nous n'avons pas été informés d'un changement de formule"

"J'ai déposé plainte, car nous n'avons pas été informés d'un changement de formule, rien dans la notice ne l'indique", a expliqué à l'AFP Anne-Catherine Colin-Chauley, 58 ans, confirmant une information de Nice-Matin.

"Il y a bien une négligence fautive du laboratoire Merck et une faute de celui qui a ordonné le changement de la molécule sans indiquer les conséquences possibles de ce changement", dénonce-t-elle dans sa plainte déposée mardi et consultée par l'AFP.

"Vertiges, crampes, fatigue"

La plaignante, qui a subi une ablation totale de la thyroïde en 2006, assure souffrir depuis mai de "vertiges, crampes, fatigue". Elle en a fait part à son mari, médecin, qui lui prescrit des examens sanguins venant confirmer ses craintes: "ma TSH (dosage sanguin de la thyréostimuline, une hormone stimulant la glande thyroïde, NDLR) s'est effondrée, et même après avoir essayé de modifier le traitement ça ne change rien".

Mme Colin-Chauley, qui est avocate, déplore: "Je me bourre de cachets pour être en forme, je ne suis vraiment pas bien". Elle envisage d'aller "en Italie ou en Espagne" pour se procurer l'ancienne formule du médicament.

Trois millions de patients concernés par le traitement

Merck assure que le changement de formule ne concerne pas le principe actif  (la lévothyroxine, une hormone de substitution), mais porte sur les excipients -substances accompagnant le principe actif-, qui lui sont associés, par exemple le lactose qui a été remplacé par le mannitol, très courant dans l'alimentation et d'autres médicaments. Trois millions de patients prennent ce traitement en France pour hypothyroïdie ou après une opération de cancer de la thyroïde. Par ailleurs, le laboratoire assure dans un communiqué publié le 23 août que "la transition entre l'ancienne et la nouvelle formule s'est bien effectuée" pour la majorité des patients. Il assure en outre avoir informé "plus de 100.000 professionnels de santé sur la période février-mars 2017".

Face à la polémique, l'Agence du médicament (ANSM) a mis en place le 23 août un numéro vert pour "répondre eux inquiétudes" des patients. Au total, 154.000 appels avaient été dénombrés mercredi depuis sa mise en place, avec un rythme d'appels quotidien tombé à 2.500, indique l'agence sanitaire.

(J-Y.P avec AFP)