L'émirati Adnoc veut mettre la main sur l'un des géants allemands de la chimie Covestro

Si elle aboutit, cette opération financière valoriserait Covestro à 11,72 milliards d'euros. Après cette annonce, le cours du chimiste allemand a gagné jusqu'à +6,95% dans la journée. Adnoc est la compagnie nationale pétrolière des Emirats arabes unis.
Le chimiste Covestro affiche une technologie et une expertise dans des domaines tels que le recyclage chimique et la réutilisation du CO2.
Le chimiste Covestro affiche une technologie et une expertise dans des domaines tels que le recyclage chimique et la réutilisation du CO2. (Crédits : Reuters)

Une opération financière notable dans le secteur de la chimie. Le fabricant allemand de plastique et de produits chimiques Covestro a annoncé ce lundi « entrer dans des négociations concrètes » sur son rachat par la compagnie nationale pétrolière émirati Adnoc.

Cette offre valoriserait Covestro à 11,72 milliards d'euros, selon un calcul de l'AFP.  Après cette annonce, le cours du chimiste allemand gagnait +6,95% à 54,80 euros à 12h30 GMT, sur un indice DAX en hausse de 0,58%.

« Le conseil d'administration de Covestro a décidé aujourd'hui après consultation du conseil de surveillance, d'entrer dans des négociations concrètes avec Adnoc » avec comme « point de départ des discussions sur une offre possible de 62 euros par action », a-t-il indiqué dans un communiqué.

Négociations en cours

« A l'heure actuelle, il n'est pas certain que les négociations à venir aboutissent à un accord », même si « les discussions menées jusqu'à présent ont montré que Covestro et Adnoc peuvent s'entendre sur les aspects essentiels d'une éventuelle transaction », a toutefois précisé Covestro.

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Un éventuel accord sera en effet soumis notamment aux résultats d'un audit dit de « due diligence », c'est à dire une procédure de consultation des comptes de l'entreprise, rachetée par le potentiel acquéreur. « Nous nous félicitons de la décision de Covestro de débuter une phase de due diligence sur la base de notre dernière offre », a de son côté commenté un porte-parole du groupe émirati.

Les discussions entre les deux entreprises durent depuis plusieurs mois. Leur existence a été confirmée par Covestro en septembre dernier. Les premières approches d'Adnoc comprenaient un prix de rachat de 55, puis 57 euros par action, selon l'agence de presse financière Bloomberg. Ce montant a ensuite été progressivement relevé au cours des discussions entre les deux entreprises.

Spécialiste du recyclage chimique et de la réutilisation du CO2

Covestro affiche une technologie et une expertise dans des domaines tels que le recyclage chimique et la réutilisation du CO2. Adnoc s'intéresse à ces technologies cruciales pour l'avenir de la chimie. Le portefeuille de produits de Covestro donne aussi accès aux marchés finaux, notamment les véhicules électriques, l'isolation thermique et les adhésifs.

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« L'intérêt d'ADNOC pour notre entreprise souligne notre position forte en tant que l'un des principaux fabricants mondiaux de plastiques de haute qualité et en tant que pionnier sur la voie d'une économie circulaire », avait déclaré Markus Steilemann, PDG de Covestro, en septembre 2023.

Pour rappel, la compagnie nationale Adnoc est le géant pétrolier des Emirats arabes unis, qui compte parmi les premiers exportateurs de brut au monde. Son patron, Sultan Al Jaber, a notamment été président de la COP28.

La chimie allemande en grande difficulté

Partie prenant de 5% du PIB allemand, la chimie allemande traverse depuis plusieurs mois une grave crise industrielle liée au renchérissement des coûts de l'énergie depuis l'interruption des livraisons de gaz russe. Selon une étude de l'office public allemand des statistiques (Destatis), la chimie est le secteur qui affiche les plus fortes baisses de production en Allemagne. En 2022; celui-ci a perdu environ 11% en 2022, et en 2023, la baisse a été de 12%.

Autre fait illustrant cette mauvaise passe, d'après la fédération allemande de la chimie (VCI) : le taux d'utilisation des capacités de production du secteur est inférieur à 82% depuis trois ans. Ce qui constitue la limite d'activité minimale d'après la fédération, qui estime que 15% des entreprises chimiques du pays seraient en grande difficulté.

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Notamment le géant Bayer, qui en 2023 a essuyé une très lourde perte de 2,9 milliards d'euros. Sa dette nette a même atteint la somme élevée de 34,5 milliards d'euros. Dans ce contexte, le chimiste a annoncé 2 milliards d'économies annuelles à partir de 2026.

Autre grand nom en difficulté : BASF, qui en février dernier, a dévoilé un nouveau plan massif d'économies assorti de suppressions d'emplois sur son site historique de Ludwigshafen, où travaillent quelque 39.000 personnes. Avec derrière, une menace, à peine voilée, de délocalisations.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 26/06/2024 à 0:06
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Il y a qu à boycotter ces firmes …leurs dirigeants et actionnaires qui se livrent au chantage et n’ ont aucun patriotisme ou respect de la démocratie sociale…

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