C'est l'un des neuf investissements étrangers dans l'industrie de santé annoncés lors du sommet Choose France. Emancipée depuis mai 2023, Kenvue, ancienne filiale du groupe Johnson & Johnson spécialisée dans la santé grand public, s'apprête à investir un peu moins de 11 millions d'euros pour relocaliser en Normandie la fabrication de quatre produits : l'antifongique Daktarin, le spray nasal Olynth mais surtout les antiallergiques Zyrtec et Benardryl. Lesquels figurent dans la liste de 15 marques classées comme « prioritaires » par le fabricant américain.
Jusqu'ici réalisés sur un site de J&J en Italie, ces quatre médicaments vendus sans ordonnance seront donc désormais produits à Val-de-Reuil dans l'Eure : l'une des deux usines françaises (avec celle de Sezanne dans la Marne) dont Kenvue est devenu propriétaire, il y a un an, après son entrée en bourse. « Ils sont essentiellement destinés au marché américain », a précisé, ce mardi, Guillaume Hardy, son président pour la France devant le ministre délégué au commerce extérieur, Franck Riester, qui était en visite sur place pour assurer le SAV de la grand-messe élyséenne.
Un gros portefeuille de marques
A la clef, la promesse de la création d'au moins 45 emplois directs. Les nouveaux arrivants viendront grossir l'effectif de 400 collaborateurs de ce site stratégique dans l'armature industrielle du nouveau poids-lourd US de la pharmacie et de la cosmétique. « Il figure dans le top de nos usines mondiales », confirme sa porte-parole.
L'établissement est installé sur une vaste campus arboré de 24 hectares acquis à la fin des années 80 par Johnson & Johnson pour y regrouper l'ensemble de ses activités industrielles françaises. Doté de dix lignes de production, bientôt de douze, il fabrique déjà tout ou partie de marques blockbusters telles que Petit Marseillais, Neutrogena, Immodium, Biafine, Actifed, Retinol ou Microlax. En tout, « un millier de références exportées dans 70 pays », s'enorgueillit Delphine Blanc, directrice du site.
Sa montée en puissance arrive à point nommé pour l'ancienne place forte hexagonale de J&J, ébranlée par plusieurs réductions de voilures successives. La dernière en date remonte à 2021 avec le départ brutal du laboratoire de recherche de Janssen Discovery (autre filiale du groupe américain). Lequel avait laissé trois dizaines de chercheurs sur le carreau malgré de belles découvertes sur le traitement de la tuberculose antibio-résistante. Repris in extremis par la société de recherche strasbourgeoise Novalix, le laboratoire (80 collaborateurs aujourd'hui) a depuis bien remonté la pente.
Pour autant, le campus de Val-de-Reuil est loin d'avoir retrouvé ses niveaux d'effectifs des années 90. A l'époque, près de 2.000 personnes y étaient employées. Elles sont aujourd'hui quatre fois moins nombreuses.
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