![(Photo d'illustration)](https://static.latribune.fr/full_width/2283901/construction-batiment.jpg)
25.000 emplois supprimés au premier trimestre 2024. C'est la terrible annonce matinale du président de la Fédération française du bâtiment. « S'il n'y a aucune mesure puissante de relance sur le neuf, ce sont 150.000 emplois qui seront concernés dans le bâtiment » d'ici à 2025, a enchaîné, ce mercredi, Olivier Salleron, lors d'une conférence de presse.
Et pour cause, le secteur pâtit d'une chute des mises en chantier et des permis de construire dans l'immobilier neuf, ainsi que d'un recentrage de Ma Prime Rénov' - quoique reporté finalement au 1er janvier 2025 par le gouvernement Attal - après le lobbying du secteur. C'est la raison pour laquelle son représentant a formulé « dix solutions » en direction des députés élus les 30 juin et 7 juillet.
Rétablissement du PTZ et adaptation du ZAN
Au premier chef, le président de la Fédération du bâtiment souhaite le rétablissement du prêt à taux zéro (PTZ) universel, ainsi que celui d'un dispositif de soutien à l'investissement locatif. Lors du dernier budget du gouvernement Attal, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a en effet acté le recentrage du PTZ sur l'immobilier neuf collectif en zone tendue, là où l'offre de logements est inférieure à la demande, et sur le logement individuel ancien en zone détendue, sous réserve de le rénover. De même que le patron de Bercy a décrété la fin du dispositif de défiscalisation dit Pinel, confirmée par son collègue du Logement, Guillaume Kasbarian, en janvier.
Olivier Salleron pousse par ailleurs en faveur de l'adaptation de l'objectif de zéro artificialisation nette (ZAN) des sols aux réalités des territoires. « Certains ont déjà utilisé de 2021 à 2024 plus de 50% de leur quota [de consommation foncière] tant est si bien qu'il en restera moins de la moitié d'ici à 2031 », alerte le lobbyiste du secteur.
Arrêt de la surenchère réglementaire
Ce dernier demande aussi l'arrêt de la surenchère réglementaire. Concrètement, il plaide pour que le palier 2025 de la réglementation environnementale des bâtiments neufs - dite RE2020 -, encore plus exigeant sur le plan climatique que le premier jalon, soit repoussé à 2028.
« Le cas échéant, cela risque d'augmenter les coûts de construction de 5-6%. Ce n'est pas tenable au regard de la conjoncture », martèle le patron du Bâtiment.
Il rêve aussi d'une révision du dispositif REP, c'est-à-dire de la responsabilité élargie des producteurs de déchets dans le bâtiment. Selon Olivier Salleron, seule la moitié des reprises ne sont pas effectuées par les éco-organismes agréés par l'Etat, alors même que chaque année, le secteur produit plus de 45 millions de tonnes de déchets, autant que la population française tout entière !
Limitation de la sous-traitance en cascade
Dans un autre registre, le président de la Fédération du bâtiment défend la limitation de la sous-traitance en cascade. «Tout le monde est d'accord, mais il y a encore trop de mauvais comportements. Il faut légiférer, ne serait-ce que pour lutter contre le travail illégal », affirme Olivier Salleron.
Il se fait en outre l'avocat du maintien d'une politique de soutien à l'apprentissage et de l'équilibre du dialogue social, tout en étant l'adversaire du montant de la franchise de TVA. En cause, les entreprises européennes qui pourront bénéficier d'une franchise de 85.000 euros à compter du 1er janvier 2025. « Ce serait de la concurrence déloyale », insiste Olivier Salleron.
Reste désormais à l'Assemblée nationale de se réunir le 18 juillet pour dénicher un ou une présidente et aux groupes politiques de se mettre d'accord le 20 sur la répartition des postes-clés. Qui sait, dans l'intervalle, le président Macron aura peut-être un nouveau gouvernement...
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