Immobilier : jamais le nombre de logements vacants n'a été aussi élevé que depuis 1990

Par latribune.fr  |   |  669  mots
Les départements ruraux situés le long de la « diagonale du vide » sont particulièrement touchés par la hausse des logements vacants. (Crédits : DR)
Selon l'Insee, le nombre de logements vacants a atteint 3,1 millions en France en 2023, soit une hausse de 60% depuis 1990. Leur part est plus importante dans les espaces en déprise démographique.

Les chiffres ne mentent pas. En 2023, en France, le nombre de logements vacants, 3,1 millions (à distinguer des résidences secondaires), représentait 8,2% du parc total de logements en France hors Mayotte, soit 1,2 million de plus qu'en 1990. En pourcentage, cela équivaut à une hausse de 60%. Ces résultats, publiés ce mardi par l'Insee, s'appuient sur des données fiscales et le recensement de la population.

Les logements vacants plus nombreux dans les espaces peu denses

« « La part de logements vacants est plus forte dans les espaces les moins denses en population », analyse l'institut statistique. Et d'ajouter : « A l'inverse, elle reste plus faible dans les aires d'attraction des villes les plus peuplées, dans les territoires en croissance démographique ou dans ceux réputés pour leur attrait touristique ».

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Les départements ruraux situés le long de la « diagonale du vide » (ligne de faible densité de population qui va des Ardennes à l'Ariège, ndlr), ainsi que l'Orne, sont particulièrement touchés, contrairement aux départements alpins et à ceux situés « le long de l'Atlantique, en Ile-de-France et dans le Var ».

Paris, parmi les villes où les logements inoccupés sont les plus nombreux

A Paris, et dans les villes de plus de 700.000 habitants, la vacance est plus faible (7%). Mais, selon une étude récente de l'Agence parisienne d'urbanisme (Apur), en incluant les logements occupés occasionnellement ou comme résidences secondaires, la capitale est la deuxième ville comptant le plus de logements inoccupés (19%), derrière Nice (28%) et devant Grenoble (17%) et Nancy (16%).

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Cette hausse de logements vacants concerne « presque tous les départements » à l'exception de ceux de Corse et de l'Hérault. Les situations sont contrastées dans les aires des villes comprises entre 200.000 et 700.000 habitants, avec un faible taux de vacance à Bayonne ou Cannes, et un fort taux à Pau, Avignon ou Saint-Etienne. C'est dans les villes de moins de 50.000 habitants que le taux de vacance des logements est en moyenne le plus élevé, à 9,6% en 2020, avec également des différences marquées.

Augmentation constante depuis 2005

Cette augmentation intervient essentiellement « à partir de 2005 » et atteint depuis « 2,5% en moyenne par an » note l'Insee, ce qui signifie que le nombre de logements vacants augmente « 2,3 fois plus vite que le nombre total de logements entre 2005 et 2023 ».

La vacance longue reflète généralement, selon l'Insee, une « déprise démographique, une inadéquation entre l'offre et la demande, une ancienneté voire une insalubrité des logements, des litiges entre locataires et propriétaires ou encore des problèmes de succession ». Parmi les multiples causes de la hausse constatée, le statisticien évoque « l'évolution de la population et de la construction » mais aussi les « effets de la conjoncture économique ou les évolutions fiscales et réglementaires ».

Une loi pour réquisitionner les logements vacants ?

Devant ce constat, le groupe communiste au Sénat entend déposer une proposition de loi pour permettre aux maires de réquisitionner les logements « vacants, inoccupés ou insuffisamment occupés depuis plus de six mois ». Un pouvoir jusqu'ici réservé à l'Etat. Brandie en pleine vague de froid, cette proposition vise à « permettre aux communes de réquisitionner elles-mêmes » des « bâtiments qui sont vides depuis parfois 10 ans, 15 ans », a expliqué le sénateur parisien Ian Brossat jeudi dernier sur la radio RMC.

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La loi permet déjà « à l'État de réquisitionner des logements vacants », mais les passages à l'acte sont « extrêmement rares » car « les préfets ne réquisitionnent aujourd'hui que si les propriétaires sont d'accord », a fait valoir l'ancien adjoint au logement à la mairie de Paris.

Pour rappel, selon la fondation Abbé Pierre, « le nombre de personnes sans domicile fixe en France a atteint 330.000 en 2023, soit une augmentation de 30.000 par rapport à l'année précédente », rappellent les sénateurs communistes.

(Avec AFP)