Crise du logement neuf : le nombre de permis de construire continue de plonger

Par latribune.fr  |   |  596  mots
Dans ce contexte, les permis de construire ont poursuivi leur chute en septembre, avec 371.300 nouveaux logements autorisés en 12 mois. (Crédits : DR)
Les permis de construire enregistrent une baisse de 28,3% en un an. Le secteur du bâtiment fait face à une baisse des commandes, et anticipe des suppressions d'emplois d'ici 2025.

Le secteur du bâtiment fait pâle figure. Avec le contexte économique actuel et les crises successives, les coûts des matériaux se sont envolés. S'ajoute à cela, la hausse des taux d'intérêt qui ajoute des difficultés, notamment pour les primo-accédants, à devenir propriétaire. Dans ce contexte, les permis de construire ont poursuivi leur chute en septembre, avec 371.300 nouveaux logements autorisés en 12 mois, soit une baisse annuelle de 28,3%, selon les chiffres provisoires dévoilés ce vendredi 27 octobre, par le ministère de la Transition écologique. Depuis un niveau record atteint en août 2022, du fait de dates butoirs réglementaires, le nombre de permis délivrés chaque mois s'est stabilisé à un niveau faible, faisant inexorablement baisser le total annuel.

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La chute des autorisations concerne tous les types d'habitat : l'individuel pur (-31,8%), l'individuel groupé comprenant les lotissements (-27,6%), et le collectif (-28,3%). De leur côté, les résidences (étudiantes, seniors, etc.) souffrent un peu moins (-19,7%). Le nombre estimé de chantiers commencés, qui suit traditionnellement de quelques mois celui des permis, s'érode également, avec 315.800 mises en chantier sur 12 mois, une baisse de 16,6%.

150.000 suppressions d'emplois d'ici 2025

De facto, les emplois sont également menacés. Le secteur anticipe la suppression de 150.000 emplois d'ici 2025, ainsi qu'une baisse d'activité pour 2023. La Fédération française du bâtiment (FFB) a tiré la sonnette d'alarme en septembre :

« A l'horizon 2025, si rien n'est fait, donc si l'on laisse la crise du neuf s'enclencher, l'activité bâtiment reculera d'environ 8% hors effet de prix, soit 14 milliards d'euros en moins. S'en suivra une réelle montée des défaillances et une chute de l'emploi, avec près de 150.000 destructions de postes », a déclaré Olivier Salleron, président de la FFB, lors d'une conférence de presse.

Concernant les défaillances d'entreprises, même si elles restent contenues, elles progressent « de près de 39% entre les huit premiers mois de 2022 et 2023 », a averti Olivier Salleron.

Le PTZ maintenu et élargi en 2024

La FFB, qui tablait déjà au printemps sur 100.000 destructions d'emplois d'ici 2025, avait dès lors relevé ce chiffre à 135.000 début juillet, après que le gouvernement avait annoncé la fin progressive du dispositif Pinel de soutien à la construction neuve et le resserrement du prêt à taux zéro (PTZ) pour l'accession à la propriété. Mais depuis, le gouvernement a annoncé que lPTZ sera maintenu et élargi en 2024. Il va être amélioré pour les ménages les plus modestes et élargi aux revenus moyens l'an prochain, pour répondre à la crise du crédit immobilier, mais il ne pourra plus servir à faire bâtir une maison, par souci écologique.

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La réforme, qui se prolongera jusqu'en 2027, recentre cependant le PTZ sur les achats d'appartements neufs en zone tendue - c'est-à-dire où il est difficile de se loger - ou d'un logement ancien avec travaux en zone non tendue. Le secteur du bâtiment avait alors déploré que les constructions neuves soient désormais réservées aux zones tendues, ce qui « exclut à peu près 90% du territoire », selon le président de la FFB, même en incluant les nouvelles communes annoncées mercredi.

Seuls éléments positifs : le retour de la commande publique (bâtiments administratifs, écoles) et le quasi doublement de MaPrimeRénov', dispositif-phare du gouvernement d'aide à la rénovation énergétique.

(Avec AFP)