Voiture électrique : le Chinois BYD veut devenir « leader » en Europe d'ici 2030, devant Tesla

Par latribune.fr  |   |  869  mots
Pour conquérir l'Europe, BYD va s'appuyer sur sa première usine européenne de voitures qui doit démarrer dès 2025 en Hongrie. (Crédits : Reuters)
BYD estime pouvoir doubler Tesla en Europe d'ici 2030 sur le marché de la voiture électrique, notamment avec des modèles d'entrée de gamme, a indiqué jeudi le directeur européen du constructeur chinois. Pour y parvenir, l'entreprise s'appuiera dans un premier temps sur son usine basée en Hongrie.

BYD ne se fixe pas de limites. Le constructeur chinois de voitures électriques estime d'ailleurs pouvoir doubler Tesla en Europe d'ici 2030.

« Nous sommes confiants dans le fait que nous pourrions devenir leaders » d'ici la fin de la décennie en Europe, a lancé Michael Shu, son directeur européen, lors de la conférence annuelle du Financial Times (FT) sur le futur de l'automobile.

Après avoir commencé comme fabricant de batteries, BYD (« Build Your Dreams ») a dépassé Tesla au quatrième trimestre 2023 pour devenir le premier vendeur mondial de véhicules électriques, soit 526.409 voitures écoulées entre octobre et décembre, contre 484.507 véhicules pour l'entreprise d'Elon Musk. En Chine, près de 8 voitures sur 10 vendues sont de la marque BYD. Une écrasante domination sur ses concurrents chinois comme SAIC, propriétaire de la marque MG, Dongfeng Motors ou encore FAW. Sur l'année complète, Tesla demeure néanmoins le plus gros vendeur et le groupe américain a récemment souligné avoir repris le titre de champion des ventes au premier trimestre cette année.

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Baisse de la progression du chiffre d'affaires en 2024

Côté résultats financiers, BYD a dégagé l'an dernier un bénéfice net de 30,04 milliards de yuans (3,83 milliards d'euros) contre 16,6 milliards de yuans un an plus tôt, une hausse de 80,7% sur un an. Et cela malgré « une reprise de la consommation relativement lente début 2023 en raison des fluctuations des prix du marché » a commenté en mars dernier le patron du constructeur, Wang Chuanfu.

C'est moins bien depuis : le chiffre d'affaires des trois premiers mois de l'année a progressé de seulement 4,0% - son rythme le plus lent depuis quatre ans - à 124,94 milliards de yuans (16,1 milliards d'euros), quand les analystes interrogés par Bloomberg tablaient sur 135,53 milliards. Pour l'expliquer, le constructeur a indiqué que ses dépenses de recherche-développement et marketing avaient fortement augmenté au premier trimestre.

L'usine basée en Hongrie doit démarrer en 2025

Pour conquérir l'Europe, BYD va s'appuyer sur sa première usine européenne de voitures qui doit démarrer dès 2025 en Hongrie, où il fabrique déjà des bus. Le pays est devenu une base importante pour l'industrie chinoise, une coopération célébrée jeudi avec l'arrivée du président Xi Jinping pour presque trois jours de visite, après un passage en France.

BYD s'apprête de plus à « effectuer un lourd investissement dans l'Union européenne », qui pourrait représenter « plusieurs milliards d'euros », dans les usines, réseaux de distribution et en marketing, a annoncé Michael Shu Shu sur la scène londonienne du FT.  Le constructeur doit notamment décider dans les prochains mois s'il construit une deuxième usine européenne de voitures. Le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, a dit lundi à ce propos que BYD et l'industrie automobile chinoise étaient « les bienvenus en France ».

Le constructeur commence tout juste son offensive en Europe, avec des véhicules de gamme moyenne et à prix compétitifs. BYD pourrait cependant se positionner assez vite dans l'entrée de gamme électrique avec sa petite Seagull (mouette, en anglais), proposée autour de 20.000 euros, et concurrencer la Citroën C3 et les futures petites Renault ou Volkswagen électriques.

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BYD tisse sa toile en France

La nouvelle usine hongroise de Szeged fabriquera des voitures électriques « en Europe et pour l'Europe », a souligné le dirigeant. Si BYD est en train d'envoyer des milliers de voitures sur ses propres cargos, « l'export de voitures depuis la Chine vers l'Europe n'est pas faisable sur le long terme », a commenté le dirigeant. Szeged devrait aussi fabriquer des modèles hybrides rechargeables (avec un moteur thermique et une grosse batterie électrique) car l'Europe, selon Michael Shu, a pris du retard dans l'installation de bornes de recharge.

En France, le constructeur tisse sa toile. Ses véhicules vont bientôt être distribués par le principal groupe de concessions de l'Hexagone, Emil Frey France, ont annoncé fin avril les deux partenaires. Deux premières concessions doivent ouvrir courant mai à La Teste de Buch et Poitiers, avant Tours, Niort, Clermont-Ferrand, ainsi qu'en Champagne et dans les Hauts-de-France.

BYD comptait 23 concessions en France en 2023, et en vise 80 d'ici la fin de l'année 2024. Un développement essentiel pour le constructeur encore relativement inconnu des automobilistes, selon son directeur des ventes Laurent Dutot. « L'essai est un levier très important pour nous », a-t-il souligné. Par ailleurs, pour se faire connaître, BYD a noué un coûteux partenariat avec l'Euro 2024 de football.

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Son concurrent MG, propriété du grand groupe chinois SAIC, prévoit de son côté d'avoir 200 concessions en France d'ici fin 2024. Tesla compte de son côté 31 succursales en France, mais réalise une grande partie de ses ventes en ligne. « C'est une année critique pour nous, tout le monde nous regarde », avait décrit la directrice France de la marque, Havana Lan, lors d'une journée presse mi-mars.

(Avec AFP)