![Outre la rémunération d'Elon Musk, les résolutions soumises aux actionnaires prévoient le transfert de l'enregistrement de Tesla de l’État américain du Delaware à celui du Texas.](https://static.latribune.fr/full_width/2389980/elon-musk-lors-du-sommet-sur-la-securite-de-l-ia-a-bletchley-park.jpg)
[Article publié le jeudi 13 juin à 13h42, mis à jour à 17h15]Le vote n'était pas encore clos que déjà Elon Musk en officialisait les résultats. « Les deux résolutions des actionnaires de Tesla sont actuellement adoptées à une large majorité ! », a-t-il écrit mercredi soir sur le réseau social X, dont il est propriétaire. Le milliardaire fait référence aux résolutions visant à approuver son plan de rémunération d'une valeur de 56 milliards de dollars et le transfert de l'enregistrement de Tesla de l'État du Delaware, à l'est des États-Unis, au Texas, au sud.
Les résultats n'ont cependant pas été officiellement annoncés à ce stade, l'assemblée générale devant commencer à 15H30 heure d'Austin, au Texas (22h30 heure de Paris). Sollicité par l'AFP, Tesla n'a pas répondu dans l'immédiat. Vers 15H50 heure de Paris, l'action Tesla bondissait de 7,01% à la Bourse de New York.
Pour rappel, ce montage financier avait été soumis aux actionnaires de Tesla en assemblée générale extraordinaire le 21 mars 2018. Le « oui » l'avait emporté à 73%, en excluant les votes d'Elon Musk et de son frère Kimbal. L'ensemble était alors estimé à 56 milliards de dollars et prévoyait des distributions d'actions pendant dix ans, en fonction d'objectifs précis.
Mais le recours d'un actionnaire devant un tribunal du Delaware a abouti à son annulation par une juge fin janvier. Cette dernière a considéré que les actionnaires avaient reçu des informations « erronées » et « trompeuses » au sujet du conseil d'administration et du comité de rémunération, en amont de l'assemblée générale au cours de laquelle le plan avait été approuvé. Mais le constructeur automobile n'a pas voulu en rester là. Mi-avril, le conseil d'administration a entrepris une manœuvre pour remettre ce plan en piste en l'inscrivant au menu de l'assemblée générale ordinaire de ce jeudi. « Le conseil soutient ce plan de rémunération. Nous y avons cru en 2018, en demandant à Elon de poursuivre des objectifs remarquables pour développer l'entreprise », avait alors fait valoir le conseil.
Digne d'une campagne électorale
Le groupe Tesla a mené une vraie campagne, digne d'une élection politique, pour que ses actionnaires adoptent cet énorme plan de rémunération. Le site « votetesla.com » a été créé pour l'occasion. « Le temps est compté », affichait-il mercredi après-midi, tandis qu'un compte à rebours égrenait les secondes jusqu'à 23h59 au Texas (06h59 heure de Paris), heure de clôture du scrutin. « Votre vote est crucial pour la croissance et la réussite futures de Tesla et pour la valeur de votre investissement », a insisté le spécialiste des véhicules électriques dans une vidéo expliquant, avec l'aide de son robot-humanoïde Optimus, comment voter.
De nombreux messages ont été publiés sur X ainsi que des publicités sur internet pour susciter les votes. Le groupe a même mis en jeu, par tirage au sort, quinze visites de la méga-usine d'Austin, au Texas, avec comme guides Elon Musk et Franz von Holzhausen, chef designer de Tesla.
Dans un mouchoir de poche
Le groupe compte sur les petits porteurs pour faire la différence face aux gros investisseurs, dont plusieurs ont annoncé, ces derniers jours, qu'ils s'opposaient au package de rémunération. D'après le Wall Street Journal, le « oui » et le « non » étaient au coude-à-coude ce mardi. « Nous pensons que les investisseurs vont devoir boucler leur ceinture avant ce qui devrait être une semaine volatile pour leurs actions », a prévenu Garrett Nelson, analyste de CFRA Research. L'action Tesla valait 177,29 dollars à la clôture de Wall Street, mercredi.
La crainte, selon lui, à l'instar d'autres experts et actionnaires favorables au plan, est que, en cas de refus par l'assemblée générale, le milliardaire se détourne de Tesla pour davantage se consacrer à ses autres entreprises (SpaceX, X, xAI, Starlink...). Or, pour beaucoup, Tesla n'est rien sans Elon Musk. Le constructeur automobile représente le plus gros actif de son portefeuille (autour de 3 milliards de dollars au 31 mars) mais il reste un Petit Poucet face à Vanguard, premier investisseur avec une part de 7,23% fin 2023. Sollicité par l'AFP, ce dernier a refusé de dévoiler son vote et BlackRock, second investisseur avec 5,9%, n'a pas répondu. Selon le Wall Street Journal, en 2018 le premier avait voté contre, tandis que le second avait approuvé le plan.
Le fonds de pension des enseignants de Californie (CalSTRS), l'un des trois plus importants des États-Unis, a en tout cas tranché : c'est non. « Ce plan de rémunération est ridicule », a lancé sur CNBC Chris Ailman, son directeur des investissements, soulignant qu'il revenait à payer Elon Musk « 140 fois le salaire moyen d'un employé ». Même refus du fonds souverain norvégien NBIM - le plus gros au monde et actionnaire de Tesla à 0,98% fin 2023 - comme en 2018.
(Avec AFP)
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