![ACC est une coentreprise réunissant Stellantis, Mercedes et TotalEnergies.](https://static.latribune.fr/full_width/2176603/gigafactory-batteries.jpg)
Surprise dans le secteur très concurrentiel des batteries électriques. ACC, coentreprise de Stellantis, Mercedes et TotalEnergies a annoncé ce mardi une « pause » dans la construction de deux usines à Kaiserslautern (Allemagne) et Termoli (Italie).
Celles-ci devaient être construites sur les sites historiques d'Opel et Fiat (des marques appartenant à Stellantis). A l'origine, l'usine de Kaiserslautern devait entrer en fonctionnement en 2025, et le site italien de Termoli en 2026.
Cette suspension serait liée à l'évolution des technologies de batteries, a expliqué un porte-parole à l'AFP, confirmant des informations du journal régional allemand Die Rheinpfalz et du quotidien Les Echos.
Une nouvelle technologie en cours de développement
« ACC adapte sa stratégie d'approvisionnement en batteries pour ajouter à son portefeuille de nouvelles chimies de cellules à faible coût, en réponse à l'évolution de la demande du marché vers des véhicules moins coûteux », a ainsi indiqué Matthieu Hubert, secrétaire général d'ACC (Automotive Cells Company).
Ces développements technologiques nécessitent « une nouvelle phase de recherche au cours des prochains mois afin d'être en mesure d'industrialiser des produits abordables », a indiqué le cadre. ACC entend confirmer, avec ses actionnaires, son calendrier industriel et sa stratégie de construction « fin 2024-2025 ».
Autre raison évoquée par ACC pour revoir son calendrier industriel : la progression moins rapide que prévue des ventes de voitures électriques sur le Vieux Continent. Pour le cas de l'Allemagne, la fin soudaine des aides à l'achat dans le pays en automne dernier, est une des raisons évoquées par les experts pour expliquer cette chute.
L'usine stratégique du Pas-de-Calais monte en cadence
Situé dans le Pas-de-Calais (nord de la France), le site de Billy-Berclau/Douvrin, première usine ouverte par ACC, poursuit, en revanche, son développement. Le site dédié à l'équipement de la nouvelle Peugeot 3008, va bénéficier bientôt d'une deuxième ligne de montage, pour une petite capacité totale d'environ 30 gigawattheures.
Pour rappel, l'usine de Billy-Berclau/Douvrin produit à ce jour des batteries lithium-ion NMC (nickel-manganèse-cobalt), tandis que les batteries LFP (lithium, fer et phosphate) - une alternative moins chère, plus durable, mais moins puissante - équipent de plus en plus de voitures électriques, comme celles de BYD ou de Tesla.
4,4 milliards d'euros d'investissements obtenus en février
En février dernier, Automotive Cells Company (ACC) avait contracté 4,4 milliards d'euros de dette pour développer ses nouvelles unités de production, auprès d'un consortium composé de BNP Paribas, Deutsche Bank, ING et Intesa Sanpaolo.
Cette levée de fonds doit permettre la construction de quatre blocs de production supplémentaires sur les neuf prévus au total. Stellantis et Mercedes sont également montés au capital d'ACC, atteignant respectivement 45% et 30% des parts environ, alors que Saft, la filiale de TotalEnergies, a été diluée à 25%.
Une cinquantaine de gigafactories en Europe
Ces dernières années, une cinquantaine de projets de gigafactories de batteries ont été annoncés à l'échelle européenne. La première a été ouverte en décembre 2021 par le suédois Northvolt, située dans la ville de Skellefteå, en Suède. L'objectif est clair : ne pas laisser l'Europe à la merci des fournisseurs asiatiques de batteries, mais leur financement, comme leur construction, restent incertains.
A noter : ACC n'est pas le seul fabricant de batteries à ralentir la cadence en Europe. Le constructeur chinois SVolt, a récemment annoncé l'abandon de son projet de deuxième gigafactory, en Allemagne.
Faire face à la concurrence automobile chinoise
De Mercedes à Ferrari, l'Europe est le berceau de marques automobiles prestigieuses. Championne des moteurs essence et diesel. Mais le Vieux-Continent craint pourtant de devenir un musée industriel s'il échoue à endiguer la déferlante annoncée des modèles chinois qui ont une longueur d'avance dans l'électrique.
Accusant Pékin de doper illégalement ses constructeurs sur ce marché d'avenir, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a d'ailleurs sonné la mobilisation en septembre, en ouvrant une enquête antisubventions. Celle-ci devrait aboutir courant juin, et au plus tard le 4 juillet, à l'augmentation des droits de douane de l'UE sur les importations de voitures électriques chinoises, actuellement à 10%.
Enfin, la Chine, qui, l'an dernier, a doublé le Japon comme première exportatrice automobile mondial, a investi très tôt dans les batteries, cœur technologique des véhicules électriques, dont elle a fait sa spécialité.
(Avec AFP)
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