Bornes de recharge électrique : des tarifs « particulièrement opaques », selon l’Autorité de la concurrence

Dans un avis rendu mardi 11 juin, l’Autorité de la concurrence s’inquiète de l’opacité des grilles tarifaires appliquées aux consommateurs qui utilisent des bornes de recharge électrique pour leurs véhicules. Pour tenter de réguler ce marché en pleine évolution, les experts formulent des recommandations à destination des pouvoirs publics, avec une idée simple : mettre de l’ordre « avant qu’il ne soit trop tard », selon le président de l’Autorité, Benoît Coeuré.
La France compte plus de 100.000 bornes de recharge électrique sur son territoire.
La France compte plus de 100.000 bornes de recharge électrique sur son territoire. (Crédits : NW Groupe)

Le marché des bornes de recharge électrique pour les véhicules n'est pas assez transparent pour les consommateurs. C'est ce qui émane d'un avis de l'Autorité de la concurrence, rendu mardi 11 juin. Selon les experts, la transparence tarifaire est même « particulièrement opaque » dans ce secteur en plein développement et aux acteurs multiples.

L'institution, qui s'était autosaisie en février 2023 afin d'examiner le « fonctionnement concurrentiel des infrastructures de recharge pour véhicules électriques (IRVE) », formule 40 recommandations à destination des pouvoirs publics, des régulateurs et des acteurs du secteur.

Dans ce marché « nouveau » et « central dans la transition écologique », qui compte environ 400 opérateurs de recharge et 90 opérateurs de mobilité actuellement actifs, en France, « notre intervention est utile pour identifier d'éventuels problèmes de concurrence (...) avant qu'il ne soit trop tard », a expliqué le président de l'Autorité, Benoît Coeuré, lors d'une conférence de presse.

Un « déficit informationnel » des consommateurs

Dans son avis, le gendarme français de la concurrence constate notamment « un déficit informationnel des consommateurs » concernant le tarif de la recharge, à la fois avant de recharger pour comparer les prix, mais aussi « pour connaître le prix effectivement payé ».

Les différents modes de recharge sur une même borne (avec ou sans abonnement et selon les opérateurs) « participent à cette opacité financière », tout comme les paramètres variés du prix de la recharge (à la minute, au kilowattheure, éventuels frais) et leurs variables (puissance de la borne, caractéristiques du véhicule), déplore l'Autorité de la concurrence.

Une étude de l'association UFC-Que choisir a récemment attiré l'attention sur des tarifs fortement variables entre deux usagers sur une même borne, en fonction des abonnements qu'ils ont ou non souscrits.

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Une proposition de loi transpartisane, présentée en février, entendait également contraindre les opérateurs à mieux informer les usagers sur les tarifs des bornes de recharge et à généraliser la possibilité de payer par carte bancaire. Elle souhaitait aussi obliger les gestionnaires d'autoroutes à installer des panneaux sur les bords de routes pour informer les usagers des tarifs, sur le modèle de ce qui se fait pour les prix à la pompe.

« Imposer » une tarification au kilowattheure

L'Autorité de la concurrence recommande dans son avis « d'imposer » aux opérateurs « une tarification de la recharge au kWh (kilowattheure) », ainsi que la transmission et la « mise à jour en temps réel, par point de recharge » de ces tarifs dans la base de données gouvernementale actuelle. L'Autorité suggère également d'expérimenter l'affichage du prix de la recharge « en amont de la station et aux entrées principales d'autoroutes », comme pour les carburants.

Par ailleurs, le gendarme de la concurrence préconise aussi « d'obliger » les opérateurs à « procéder, à la fin de toute session de recharge, à l'affichage instantané du prix effectivement payé par l'utilisateur du véhicule électrique sur la borne ».

« Si cette intensification de la transparence tarifaire pourrait accroître le risque de collusion sur le marché, l'information du consommateur prime aujourd'hui, dans ce secteur émergent », considère l'Autorité de la concurrence.

La France, deuxième pays le mieux équipé d'Europe

L'Hexagone est le deuxième pays le mieux équipé d'Europe en bornes de recharge électrique. Le seuil des 100.000 bornes a été franchi en mai 2023. La France se place ainsi derrière les Pays-Bas, mais juste devant l'Allemagne qui la devançait encore quelques mois auparavant. Et le pays vise 400.000 points de recharge installés en 2030.

De nombreux acteurs se sont déployés ces dernières années sur le marché de la recharge comme Bouygues, Engie, Total ou EDF avec sa filiale Izivia, mais également des entreprises étrangères comme le néerlandais Fastned ou l'américain Tesla. Avec l'obligation de vendre des véhicules neufs zéro émission en 2035 en Europe, l'industrie automobile parie sur le déploiement des bornes pour répondre à la demande.

(Avec AFP)

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