Automobile : Stellantis dévisse en Bourse, Renault victime de la « contagion »

Renault et Stellantis ont tous deux plongé en Bourse ce jeudi après l'annonce de leurs résultats financiers. Pourtant, les deux constructeurs ont annoncé des résultats semestriels diamétralement opposés. Mais une problématique sur leur modèle économique les unit bel et bien. Explications.
Renault plongeait de 7,49% et Stellantis de 8,66% en Bourse, parmi les plus mauvais résultats du CAC40.
Renault plongeait de 7,49% et Stellantis de 8,66% en Bourse, parmi les plus mauvais résultats du CAC40. (Crédits : Pascal Rossignol)

Journée noire pour l'automobile française. Après les annonces de leurs résultats financiers semestriels, Renault plongeait de 7,49% et Stellantis de 8,66% en Bourse jeudi, parmi les plus mauvais résultats du CAC40. Pourtant, les deux constructeurs ont annoncé des résultats diamétralement opposés. Stellantis a ainsi vu ses ventes chuter alors que Renault les a augmentées. De même que la marge opérationnelle du premier a fondu de 4 points, passant de 14% à 10% quand la marque française a atteint une marge opérationnelle record de 8,1% ce semestre.

Si, pour Stellantis, les mauvais résultats expliquent le plongeon de l'action, celui de Renault est plus surprenant. « Cette chute est liée à celle de nos compétiteurs », a expliqué le directeur général de Renault, Luca de Meo. Une justification confirmée par Stephen Reitman, analyste chez Bernstein Research, parlant même de « contagion ». Cette baisse en Bourse s'explique également par la plongée du titre du constructeur Nissan, partenaire historique de Renault, de presque 7%, après avoir annoncé une chute de 99% de son bénéfice d'exploitation au premier trimestre.

Le patron de Renault s'est dit « un peu déçu. Nous avions envie que la Bourse honore nos performances ».

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L'électrique rend le marché automobile très nerveux

Une explication incomplète, selon Bernard Jullien, économiste spécialisé dans le secteur. La chute du titre de Renault en Bourse est, selon lui, due aux dernières déclarations du dirigeant du groupe dans la presse. Ce dernier a ainsi demandé « de la souplesse et de l'agilité » à l'Europe sur les normes CO2 à venir au vu du recul de la dynamique des ventes de voitures électriques en 2024.

« Cela donne l'impression qu'il y a panique à bord. Les investisseurs se rendent compte que les retours sur investissement de l'électrique ne se verront pas avant au moins trois ans, ce qui est déjà trop loin pour eux », explique l'économiste.

Un résultat principalement causé par la première puissance européenne selon lui. « C'est le revirement allemand qui a entraîné la rupture de la trajectoire d'électrification qui était plutôt celle espérée jusqu'alors. »

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Ces derniers ont en effet décidé de couper brutalement les subventions accordées aux véhicules électriques neufs en décembre dernier, faisant plonger les ventes dans le premier marché automobile européen. La stagnation des ventes de voitures électriques rend l'avenir plus incertain pour le constructeur français, qui a misé fortement sur cette motorisation. À la stagnation des ventes s'ajoute l'incertitude sur les technologies électriques. Encore récemment, le virage des constructeurs vers les batteries de type LFP, moins chères et plus légères, a semé le doute dans les gigafactories du Nord de la France, spécialisées dans les batteries NMC.

Malgré tous les indicateurs au rouge sur l'électrique, Luca de Meo a confirmé l'accélération de cette motorisation dans les années à venir, assurant qu'il s'agissait de la meilleure technologie pour les voitures.

La question de la marge opérationnelle

« Si les constructeurs veulent retrouver un chemin de croissance pour leurs ventes de voitures électriques qui soit compatible avec l'objectif européen des 100% en 2035, il faudra baisser les prix des véhicules et, de fait, baisser la marge opérationnelle. De même, s'ils veulent que les Etats ou l'UE les aident à vendre ces véhicules, ils ne pourront pas les convaincre s'ils exhibent des marges à 15% », avance Bernard Jullien.

Et c'est bien la marge opérationnelle qui concentre toute l'attention des constructeurs et des investisseurs à l'issue de ces résultats financiers.

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« J'ai pris un engagement de maintenir une marge opérationnelle à deux chiffres auprès des investisseurs », a maintenu Carlos Tavares, le patron de Stellantis, assurant qu'il est nécessaire de passer par une réduction des coûts pour y parvenir. De son côté, Renault assure augmenter sa marge opérationnelle au second semestre après un premier semestre record.

Mais parviendront-ils à tenir leurs promesses ? Même Tesla a vu sa marge fondre à 5,9% ce semestre, alors qu'elle atteignait 17% il y a encore deux ans. Les marges opérationnelles avaient augmenté grâce à une offre plus faible de véhicules que la demande, liée à la pénurie de semi-conducteurs fin 2020. « Le marché automobile revient à la normale, c'est-à-dire une surproduction des voitures, qui sont ensuite bradées », souligne l'économiste, avant de conclure : « Peut-être qu'il faut retourner à des marges autour de 6% ou 7% qui étaient la norme. » Une perspective qui pourrait de nouveau faire chuter les titres des constructeurs automobiles en Bourse à l'avenir.

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Commentaires 2
à écrit le 26/07/2024 à 14:25
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Avec des marges à 2 chiffres, Carlos Tavares pratiquent des prix excessifs de ses véhicules et fait fuir de potentiels clients.

à écrit le 25/07/2024 à 22:09
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Tavarès est capable de tuer père et mère pour obtenir une marge à deux chiffres, prenant le risque d'y laisser sa peau.

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