Autobus électriques : le néerlandais Ebusco lance son offensive sur le marché français

Nanti d’une nouvelle base industrielle près de Rouen, le neo-constructeur néerlandais d’autobus électriques Ebusco compte bien prendre sa part du (gros) marché français du bus grâce à la poussée du zéro émission.
Vue de la ligne d'assemblage de l'usine dont les effectifs devaient se monter à 300 personnes à pleine capacité (40 aujourd'hui).
Vue de la ligne d'assemblage de l'usine dont les effectifs devaient se monter à 300 personnes à pleine capacité (40 aujourd'hui). (Crédits : Ebusco)

L'usine sent encore la peinture fraîche. Depuis quelques semaines, Le fabricant néerlandais de bus électriques Ebusco a pris ses quartiers à quelques kilomètres de Rouen dans l'enceinte du campus Ampère de Renault : vaisseau amiral de la marque au losange pour la fabrication du moteur électrique. Renault ne lui fournit pas (ou pas encore) les moteurs de ses bus mais lui loue un bâtiment de 21.000 mètres carrés juste à l'entrée de son complexe industriel de Cléon en Seine-Maritime. Le néo-constructeur, fondé en 2010 « à partir d'une page blanche » mais déjà valorisé plus d'un milliard d'euros, y assemble le deuxième et dernier né de sa gamme, baptisé « 3.0 ».

Le véhicule trône en bonne place, en version entière et désossée, dans le nouveau show room qui jouxte les lignes de production. Signe particulier : sa caisse bannit le métal. Elle est entièrement réalisée en fibres de carbone et de verre comme celle des avions de chasse de dernière génération dont elle est inspirée. Cette caractéristique unique permet à Ebusco de revendiquer « un gain de poids de 5.000 tonnes, une autonomie de 30% supérieure à celle de la concurrence et un coût total d'acquisition égal à celui d'un bus diesel », dixit son PDG et co-fondateur, Peter Bijvelds.

Encore en rodage, l'usine normande est la deuxième du constructeur après celle de Deurne aux Pays-Bas inaugurée en 2021. Elle devrait fabriquer 500 autobus par an à compter de 2026. Sa mise en orbite coïncide avec le lancement de l'offensive commerciale de la marque dans l'Hexagone. Avec 30.000 bus en circulation, le marché français constitue, en effet, un morceau de choix pour ce jeune groupe de 550 salariés en quête d'une reconnaissance internationale. « La France est le plus gros marché du bus en Europe et la part du zéro émission y est d'à peine plus de 5%», rappelle son PDG.

 « Toutes les capacités de production seront saturées »

Dans la ligne de mire de l'intéressé, l'échéance de 2025. Date à laquelle toutes les grandes agglomérations auront l'obligation d'acheter exclusivement des bus « propres » lors des opérations de renouvellement de leur flotte. Le néerlandais compte sur cet appel d'air pour garnir le carnet de commandes de sa nouvelle usine. « Peter Bijvelds a bien compris tout l'intérêt du made in France », glisse à La Tribune Jean-François Chiron, ancien numéro 2 de Transdev devenu patron de la filiale française d'Ebusco. Lui chiffre les besoins futurs à 4.500 autobus par an. « Quoi qu'il arrive, toutes les capacités de production des constructeurs seront saturées d'autant qu'il n'en reste que trois en France : Heuliez, Mercedes et maintenant nous », prédit-il.

Vu comme un challenger, le groupe doit cependant encore convaincre les autorités organisatrices de transport que les promesses d'autonomie et de robustesse de son nouveau véhicule seront tenues. Pas forcément gagné d'avance sur un marché réputé conservateur où les collectivités tendent à privilégier les fournisseurs les plus matures pour s'éviter de mauvaises surprises. En attendant, il peut se flatter d'avoir décroché un premier gros contrat avec la Métropole rouennaise qui lui a commandé 80 bus. L'un de ses véhicules est également en phase de test à Marseille en attendant peut-être Paris dans les prochains mois. Pour mémoire, sur les 30.000 autobus roulant dans notre pays, pas moins de 10.000 sont exploités par la RATP. Autant dire, un Graal pour celui que certains observateurs présentent comme le « Tesla de l'autobus ».

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