Une première assemblée générale dans le calme pour Casino depuis l’arrivée des nouveaux propriétaires

Mardi, le grand distributeur a tenu sa première assemblée générale depuis son rachat par le milliardaire Daniel Kretinsky. Stratégique, la réunion s'est tenue dans le calme. Dans un nouvel élan, Casino va affronter de nombreux défis économiques dans les mois qui viennent.
Philippe Palazzi, DG de Casino, promet que la direction  présentera son « projet stratégique et sa trajectoire financière de manière détaillée et chiffrée cet automne ».
Philippe Palazzi, DG de Casino, promet que la direction présentera son « projet stratégique et sa trajectoire financière de manière détaillée et chiffrée cet automne ». (Crédits : © JOËL SAGET/AFP)

Les assemblées générales des acteurs de la grande distribution se suivent mais ne se ressemblent pas. Autant celle de Carrefour avait été émaillée d'incidents, autant celle de Casino, malgré son destin chahuté, s'est déroulée dans le calme.

Il y a bien eu quelques signes de mécontentements de la part d'actionnaires historiques qui ont perdu la quasi-totalité de leur mise, des interrogations sur la « taille critique », mais l'ensemble des résolutions ont été adoptées à une écrasante majorité mardi, à la Maison de la Mutualité à Paris.

Pour rappel, Casino, qui employait fin 2022 encore 200.000 personnes dans le monde dont 50.000 en France, a connu en 2023 une spectaculaire restructuration de sa dette contractée sous la houlette du précédent patron, Jean-Charles Naouri. Cette situation a profondément modifié à la fois l'identité du groupe et le profil de ses propriétaires.

Un endettement devenu insoutenable

Casino a multiplié les cessions pour tenter de survivre à un endettement devenu intenable, se retirant de l'Amérique latine, où travaillaient les deux tiers de ses salariés et vendant notamment la quasi-totalité des magasins français grand format, le cœur historique de son activité, à ses concurrents.

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« Conformément aux accords conclus le 24 janvier 2024, avec le Groupement Les Mousquetaires (Intermarché) et Auchan Retail France, et le 8 février 2024 avec Carrefour pour la cession d'un total de 287 magasins », Casino annonçait fin mai la vente de 90 magasins et précisait que « la cession des 76 magasins restants interviendra le 1er juillet ».

A cette occasion, le distributeur rappelait que Les Mousquetaires (Intermarché) et Auchan Retail France s'étaient engagés « à reprendre l'ensemble des contrats de travail des salariés affectés aux magasins et aux stations-service transférés » et à « maintenir à l'égard des salariés affectés aux magasins les dispositions et avantages résultant du statut collectif Casino pour une durée minimale de 15 mois à compter de la date de réalisation de la cession ».

Effectifs fortement réduits

Les  effectifs du distributeur sont passés sous la barre de 30.000 salariés et le groupe a annoncé fin avril que 1.300 à 3.200 postes pourraient encore disparaître dans les mois à venir : 1.293 suppressions nettes au sein des fonctions sièges et jusqu'à « 1.974 postes au maximum » dans des supermarchés et des sites logistiques n'ayant pas trouvé preneur.

Il est « impératif de redresser très rapidement les comptes et de revoir notre gestion de la trésorerie pour assurer la pérennité du groupe », a déclaré le directeur général Philippe Palazzi lors de l'assemblée générale.

Il promet que la direction du groupe présentera son « projet stratégique et (sa) trajectoire financière de manière détaillée et chiffrée cet automne », alors qu'elle se livre à une analyse « en profondeur la situation financière, commerciale, opérationnelle et culturelle du groupe ».

Devenir un « champion de la proximité »

Commercialement, le groupe conserve les 'Petits Casino', enseigne historique qui pèse une toute petite part des ventes ; Monoprix qui, avec Naturalia, représente près de la moitié des 9 milliards d'euros de chiffre d'affaires réalisés en 2023 sur le périmètre conservé (8.634 magasins) ; Franprix ainsi que des réseaux de proximité comme Vival ou Spar. Le distributeur entend devenir un « champion de la proximité », dixit son directeur général, en s'appuyant sur l'exploitation de magasins en franchise.

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A l'issue de cette assemblée, le président de Monoprix, Guillaume Sénéclauze, a présenté à la presse un magasin situé boulevard Saint-Michel, qui rouvre ce mercredi après quatre mois de travaux avec pour ambition d'être « à la fois près du client » géographiquement « mais aussi par le cœur ». L'accent est mis, en outre, sur l'offre « traditionnelle », notamment la boucherie.

La rémunération de Jean-Charles Naouri validée

Précédemment premier actionnaire, Jean-Charles Naouri a vu sa participation massivement diluée par les différentes augmentations de capital, au même titre que l'ensemble des actionnaires historiques. Les nouveaux actionnaires, Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds Attestor, détiennent une large majorité du capital et des droits de vote, d'où une adoption très large de l'ensemble des résolutions soumises au vote mardi, y compris la rémunération de l'ancien dirigeant pour 2023 et 2024.

La rémunération brute annuelle fixe pour 2023 de Jean-Charles Naouri sera de 825.000 euros. Il a renoncé à toucher une rémunération variable « au regard de la restructuration » du groupe et « de ses impacts sociaux potentiels », mais a perçu 336.000 euros de « rémunération variable long terme 2020 », soit un total de 1,1 million d'euros.

Pour 2024, il touchera uniquement la rémunération fixe (825.000 euros brut), au prorata du temps passé dans l'entreprise, qu'il a quittée le 27 mars. Il « ne percevra aucune indemnité de départ ni de non-concurrence et perdra ses droits à l'attribution des rémunérations variables long terme (LTI) encore en vigueur » précise la documentation financière de Casino.

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De son côté Philippe Palazzi, directeur général en place depuis la restructuration du groupe, a vu sa rémunération fixe annuelle brute fixée à 825.000 euros et devrait donc percevoir un montant brut de 618.750 euros au titre de 2024. Laurent Pietraszewski, président du conseil d'administration et ancien secrétaire d'Etat macroniste, chargé des Retraites et de la Santé, reconduit par les actionnaires, a vu sa rémunération fixe annuelle brute fixée à 200.000 euros et percevra un montant brut de 150.000 euros au titre de 2024.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 12/06/2024 à 18:19
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Une honte ! Vivement la commission d’enquête parlementaire

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