Prêt-à-porter : chez Naf Naf, 90% des emplois sauvés grâce au rachat par une entreprise de textile turque

Lancée en 1973, la marque de prêt-à-porter avait été placée, pour la seconde fois, en redressement judiciaire en septembre 2023, malgré le rachat par le groupe franco-turc, SY International, trois ans plus tôt.
L'enseigne Naf Naf avait déjà été placée en redressement judiciaire en 2020.
L'enseigne Naf Naf avait déjà été placée en redressement judiciaire en 2020. (Crédits : ReutersMagali Cohen / Hans Lucas via Reuters Connect)

Lourdement endettée, Naf Naf voit son horizon s'éclaircir. Et ce, grâce à la société Migiboy Tekstil. Selon une décision de justice consultée par l'AFP, ce mardi, celle-ci a offert plus de 1,5 million d'euros pour reprendre la marque de prêt-à-porter féminin en redressement judiciaire depuis septembre dernier. L'entreprise de fabrication de tissus, qui emploie environ 1.000 personnes, si l'on en croit son site internet, s'est engagée à sauvegarder près de 90% des emplois, soit ceux de 521 personnes et à conserver 100 boutiques en propre. Appartenant à la famille Canpolat, elle se présente comme « l'une des principales entreprises du secteur textile turc, avec une expérience de plus de 40 ans ».

Son choix de reprendre l'enseigne française apparaît comme un soulagement pour cette dernière. La direction de Naf Naf avait, en effet, fait savoir, en mai dernier, que l'offre de Migiboy Tekstil témoignait d'une « réelle volonté de reprendre l'entreprise ». En 2020, elle avait, d'ailleurs, déjà été reprise par le groupe franco-turc SY International - 1.000 employés dans le monde et qui détenait également Sinéquanone depuis 2019 - après avoir été placée en redressement judiciaire la même année.

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Longue liste d'enseignes en difficulté... voire disparues

Cette reprise n'avait pas permis à Naf Naf de sortir la tête de l'eau. Créée en 1973 par deux frères, Gérard et Patrick Pariente, l'enseigne avait souffert d'« une baisse de fréquentation des zones de chalandises » et de l'effet de « l'inflation et de l'augmentation du coût des matières premières », comme le rappelle le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis) dans sa décision de ce mardi.

Elle s'était alors retrouvée fortement endettée, notamment en raison de loyers impayés durant la pandémie de Covid-19. Naf Naf avait donc, de nouveau, été placé en redressement judiciaire en septembre 2023. Cette procédure avait entraîné de premières suppressions d'emplois et fermetures de boutiques.

Un mois plus tard, la marque employait ainsi 682 salariés en France et possédait 125 boutiques en France et 69 boutiques affiliées, selon la décision de justice qui explique également que : « Compte tenu des résultats de la période d'observation, la présentation d'un plan d'apurement s'est avérée compromise » et les administrateurs judiciaires avaient alors lancé un appel d'offres pour reprendre l'entreprise en avril.

Naf Naf n'est pas seule dans ce cas. De Camaïeu, Kookaï, à Gap France, en passant par Don't Call me Jennyfer, André, San Marina, ou encore Minelli, Pimkie, et Comptoir des Cotonniers... La liste des enseignes de prêt-à-porter à avoir connu de sérieuses difficultés ces dernières années, voire à avoir disparu, est longue. Ainsi, Camaïeu a été liquidée en septembre 2022, entraînant le licenciement de 2.100 salariés. Même sort pour San Marina ou Burton of London plus récemment.

Les Français se restreignent sur les achats de vêtements

Un phénomène qui s'explique par un cocktail détonant : pandémie, inflation, hausse des prix de l'énergie, des matières premières, des loyers et des salaires, ou encore concurrence de la seconde main et de la fast fashion.

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Ainsi, selon l'Institut français de la mode (IFM), le volume des ventes dans le secteur de la mode a reculé de 4% en 2023. « Dans un contexte économique qui stagne, l'activité de la mode ne fait pas exception », analysait pour La Tribune Gildas Minvielle, le directeur de l'Observatoire économique de l'IFM, en février dernier. Et d'expliquer que « dans un contexte économique difficile, les arbitrages réalisés par les consommateurs se font au détriment de la mode qui, pour une partie d'entre eux, constitue, en effet, une variable d'ajustement ».

En 2023, 42% des sondés affirmaient s'être imposé des restrictions dans leurs achats de vêtements, ce poste de dépenses étant le premier à souffrir, ex-aequo avec les loisirs, suivis des vacances (40%), de l'épargne (35%), selon l'enquête Tendances de consommation réalisée par le Credoc, en juillet dernier et citée par le rapport de l'IFM.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 18/06/2024 à 18:36
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"Les Français se restreignent sur les achats de vêtements" A quoi bon acheter des collections éphémères lorsque le port d'un simple abaya permet de se vêtir pour toute occasion... Et dissimuler bien des laideurs.

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