![En France, l'Assemblée nationale a adopté en mars une proposition de loi pour rendre les produits de Shein moins attractifs.](https://static.latribune.fr/full_width/2160543/photo-d-archives-du-logo-shein-au-bureau-de-singapour.jpg)
[Article publié le 3 juin 2024 à 11h54, mis à jour à 14h24] Shein s'apprête à entrer en bourse. Selon plusieurs médias britanniques, citant des sources proches du dossier ce lundi, le géant de la fast fashion devrait publier dans les jours à venir un projet d'entrée en bourse à près de 60 milliards d'euros à Londres.
Le site de vente de vêtements à bas prix, fondé en Chine et basé à Singapour, « prévoit de déposer de façon confidentielle un projet d'entrée en bourse à Londres dans les prochains jours » pour ce qui serait l'une des plus grosses offres boursières des dernières années à la Bourse de Londres, écrit le FT.
Le quotidien financier, citant des sources proches du dossier, précise que ce projet à 50 milliards de livres serait déposé auprès des régulateurs britanniques pour signifier un souhait de cotation. La chaîne de télévision Sky News précise que cela pourrait avoir lieu dès cette semaine mais pourrait également être repoussé à plus tard ce mois-ci.
Ce serait une bonne nouvelle pour la place londonienne, qui fait face à des départs pour Wall Street ou des choix de première cotation outre-Atlantique, où les entreprises espèrent bénéficier de meilleures valorisations et d'un plus vaste accès à des investisseurs.
Shein envisageait à l'origine une cotation à New York avant d'y renoncer vu un accueil tiède des régulateurs américains, en raison des dissensions entre Washington et Pékin. En février, Sky News écrivait que le ministre des Finances britannique Jeremy Hunt avait discuté avec le président exécutif de Shein, Donald Tang, d'une cotation à Londres.
Contactée par l'AFP, la Bourse de Londres (LSEG) n'a pas souhaité commenter. Shein n'avait pas répondu dans l'immédiat aux demandes de commentaires de l'AFP.
Shein lance une plateforme de revente de vêtements en France
Le géant chinois des achats en ligne et de la « fast fashion » va par ailleurs lancer une plateforme de revente de vêtements d'occasion en France, « premier pays d'Europe » à proposer ce service. Cette plateforme nommée Shein Exchange permettra de revendre uniquement des vêtements achetés sur Shein, contrairement à des alternatives de revente d'occasion, comme Vinted ou Leboncoin.
« La transaction est très simple, car votre historique d'achat étant enregistré, il suffit d'un clic pour revendre un produit », explique le président exécutif de Shein Donald Tang, dans une interview accordée aux Echos, estimant que cela « favorise une économie circulaire ».
Une telle plateforme existe déjà aux Etats-Unis, où elle compte plus de 4 millions d'utilisateurs, selon le quotidien économique. Souvent attaquée sur son impact environnemental, notamment sur son bilan carbone avec ses articles produits en Chine puis acheminés en Europe, Shein veut que sa production soit « de plus en plus » locale, a aussi indiqué le patron. « Nous faisons déjà appel à des fabricants en Turquie et nous allons augmenter la part de cette production pour servir le marché européen et réduire l'usage du fret aérien », a affirmé le président exécutif du groupe.
Dans le collimateur des parlementaires français et de Bruxelles
Fondé en 2012 en Chine et désormais basé à Singapour, Shein a rapidement conquis le marché mondial de la « fast fashion », basée sur le renouvellement rapide des collections à très petits prix, et ne vend qu'en ligne, ciblant une jeune clientèle s'abreuvant aux réseaux sociaux.
Accusée de travail forcé, de plagiat de modèles de ses concurrents, d'incitation à la surconsommation, montrée du doigt pour l'impact environnemental de ses produits et peu transparente sur sa production, la marque s'attire les foudres des défenseurs de l'environnement et des droits humains. Le mois dernier, une étude de l'ONG américano-canadienne Stand Earth plaçait Shein à la dernière place d'un classement de l'impact environnemental des marques de fast fashion.
En France, l'Assemblée nationale a adopté en mars une proposition de loi pour rendre ces produits moins attractifs et ainsi limiter l'impact sur l'environnement d'une production qu'elle juge excessive et qui ferait en partie appel à des produits chimiques toxiques. Le Sénat doit encore se prononcer sur ce texte. De plus, fin avril, Bruxelles a ajouté Shein à la liste des très grandes plateformes en ligne soumises à des contrôles renforcés dans le cadre de la nouvelle législation sur les services numériques (DSA).
Elle est alors devenue la 23e plateforme, aux côtés de X, TikTok, Google ou Facebook, à se voir imposer les règles de l'UE les plus strictes pour « protéger les consommateurs contre les contenus illégaux », annonçait la Commission européenne dans un communiqué. Ces entreprises doivent notamment analyser les risques liés à leurs services en matière de diffusion de contenus ou produits illégaux et mettre en place les moyens pour les atténuer. Cette analyse doit faire l'objet d'un rapport annuel remis à la Commission européenne qui assume désormais un rôle de gendarme du numérique dans l'UE.
Ces obligations s'appliqueront à Shein à partir de fin août. « Nous partageons l'ambition de la Commission de faire en sorte que les consommateurs de l'UE puissent faire leurs achats en ligne en toute sérénité et nous nous engageons à jouer notre rôle », déclarait dans la foulée Leonard Lin, responsable mondial des affaires publiques du groupe.
Shein, qui n'est pas tenu de publier ses résultats car non coté en Bourse, a réalisé 23 milliards de dollars de chiffre d'affaires et 800 millions de bénéfice en 2022, selon le quotidien américain The Wall Street Journal.
(Avec AFP)
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