Le monde se réarme, et la Turquie n'est pas en reste. L'Agence de l'industrie de la défense (SSB) turque - qui dépend de la présidence - a annoncé ce mercredi que le pays s'apprête à construire son propre système de défense antimissile, baptisé « Dôme d'acier ».
« Notre projet national Dôme d'acier permettra l'intégration de nos systèmes de défense aérienne, de nos capteurs et de nos armes dans un réseau unique », a affirmé son président Haluk Görgün, dans une vidéo partagée par son organisme.
Muni d'un système de soutien d'intelligence artificielle, le projet sera mené par des acteurs publics de l'industrie de la Défense comme Aselsan, Rokatsan et MKE, ainsi que l'organisme public de recherche Tubitak Sage. Contactée par l'AFP, la SSB n'a pas souhaité partager plus de détails sur le projet.
Selon la chaîne publique TRT Haber, le Dôme d'acier sera conçu comme « un parapluie de sécurité » couvrant l'ensemble de l'espace aérien turc. Objectif, répondre aux menaces « allant des très basses altitudes aux plus hautes », ainsi que de « très courte à la longue portée ».
Berlin songe aussi à s'équiper d'un bouclier anti-missiles
Ankara n'est pas le seul à vouloir imiter le système de défense israélien. En mars 2022, l'Allemagne avait annoncé réfléchir à la construction de son propre système de défense antimissiles dans l'éventualité d'une attaque de la Russie. Selon Bild, le système coûterait environ 2 milliards d'euros et pourrait être opérationnel dès 2025 depuis trois sites en Allemagne. Le bouclier serait même suffisamment puissant pour couvrir également la Pologne, la Roumanie et les pays baltes.
En janvier dernier, le candidat à la présidentielle américaine Donald Trump a lui aussi affirmé vouloir construire « grand Dôme de fer au-dessus de notre pays, un dôme comme on n'en a jamais vu. ».
La Turquie s'arme à toute vitesse
En dehors de ce nouveau projet, Ankara s'illustre depuis plusieurs années avec des projets ambitieux de défense, y compris des drones et des avions de combat.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan rappelle régulièrement son souhait de renforcer l'industrie turque de défense avec des appareils et systèmes construits par des entreprises locales. « Les projets que nous avons lancés il y a des années se transforment aujourd'hui en avions, chars, navires, missiles et fusées qui sont une source de fierté pour nous tous. La Turquie est littéralement en train d'écrire une épopée dans le domaine de l'industrie de défense », avait-il affirmé en février.
Un réarmement motivé par la multiplication des conflits chez ses voisins, à commencer par la guerre entre Israël et le Hamas, rejoint par le Hezbollah libanais... sur laquelle lui et son gouvernement se sont fréquemment exprimés. La Turquie s'est d'ailleurs jointe, ce mercredi à la procédure intentée par l'Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour violation présumée de la Convention sur le génocide de 1948, dans un contexte de tensions redoublées.
Une délégation de parlementaires turcs accompagnés de l'ambassadeur de Turquie aux Pays-Bas s'est rendue à cette fin à La Haye (Pays-Bas), où siège la CIJ, selon la télévision publique turque TRT qui l'a suivie en direct. « Notre décision d'intervenir reflète l'importance que notre pays attache à la solution de la question palestinienne dans le cadre du droit et de la justice », a fait valoir le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan.
« Israël, encouragé par l'impunité de ses crimes, tue chaque jour de plus en plus de Palestiniens innocents », a-t-il dénoncé sur X. « La communauté internationale doit faire sa part pour mettre fin au génocide. Elle doit exercer la pression nécessaire sur Israël et ses partisans. La Turquie fera tous ses efforts sur cette voie », a-t-il ajouté.
(Avec AFP)
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