Et si le rafale atterrissait un jour à Tachkent en Ouzbékistan, voire à Astana au Kazakhstan... Ce qui apparaissait très improbable encore au début de la décennie est désormais envisageable. Selon plusieurs sources concordantes, Dassault Aviation prospecte activement depuis plusieurs mois ces deux pays d'Asie centrale avec lesquels la France souhaite approfondir ses relations bilatérales. C'était d'ailleurs tout le sens du voyage d'Emmanuel Macron au Kazakhstan puis en Ouzbékistan les 1er et 2 novembre. Ce déplacement au pas de charge du chef de l'État français survenait à la suite des visites en France du président ouzbek, Shavkat Mirziyoyev, les 21 et 22 novembre 2022, puis dans la foulée du Kazakhstanais Kassym-Jomart Tokaïev les 29 et 30 novembre.
Ces deux pays s'intéressent bien au Rafale. L'Ouzbékistan veut remplacer ses vieux appareils russes (12 MiG-29, et 29 Sukhoï) par des avions de combat d'une génération plus récente et pense logiquement au Rafale, comme l'a révélé en premier le site Intelligence Online. Il regarderait également d'autres engins du même type, voire des avions de combat légers (et donc moins chers), comme le KAI FA-50 fabriqué par la Corée du Sud. Mais non l'Eurofighter à ce stade, selon nos informations. Et il semble peu probable que l'armée de l'air ouzbèke puisse s'offrir des avions américains. Un tel achat serait très mal accepté par la Russie, qui pourrait montrer ses griffes. Au total, elle vise, selon plusieurs sources, l'acquisition de 24 nouveaux avions de combat.
« Dassault Aviation y croit », nous assure-t-on. « Il joue sérieusement cette campagne », précise une autre source. Les équipes du constructeur chargées de l'export commencent d'ailleurs de plus en plus à voler vers Tachkent. Une capitale qui a peu acheté à la France dans le domaine de l'armement ces dix dernières années (401,6 millions sur la période 2013-2022).
La France va jouer sa chance
En revanche, le « prospect » au Kazakhstan semble beaucoup plus lointain. Selon nos informations, Dassault Aviation fait le job. Un succès de l'avionneur français à Astana serait une énorme surprise, même si aujourd'hui l'armée de l'air kazakhstanaise souhaite elle aussi renouveler sa flotte de combat vieillissante. Selon le magazine britannique Flight International, elle dispose d'une flotte vieillissante de 120 avions de combat, principalement des Sukhoï 27/30 (soit 37 appareils) et des MiG-29 (21) et MiG-31 (20). A priori, la proximité géographique, voire politique, d'Astana et de Moscou ne joue pas en faveur d'une double source de fourniture avec un avionneur occidental. Le faible flux de commandes du Kazakhstan en faveur des industriels de l'armement français en est l'illustration (seulement 330 millions sur la période 2013-2022) alors que Paris et Astana sont liés par un partenariat stratégique depuis quinze ans.
La France a toutefois décidé de jouer crânement sa chance aussi bien au Kazakhstan qu'en Ouzbékistan. Elle souhaite les accompagner « dans leurs efforts de réforme et de modernisation, pour contribuer à la diversification de leurs partenariats, pour appuyer leur indépendance et souveraineté, et leur volonté de renforcer leurs liens avec l'Europe », soulignait ainsi l'Élysée avant la visite officielle d'Emmanuel Macron à Astana et Samarcande. Un souhait également exprimé par les deux pays. Ce rapprochement concerne entre autres la défense. À l'issue de la visite du président français, Paris et Tachkent ont d'ailleurs convenu d'intensifier leurs relations dans le domaine de la sécurité.
Au-delà de ces objectifs de plus long terme, Dassault Aviation a en cette fin d'année comme priorité de conclure deux commandes de très court terme, qui piétinent actuellement : l'une en Inde (26 Rafale Marine), qui doit être absolument signée avant la date butoir de fin janvier 2024, l'autre en Indonésie (la dernière tranche de 18 derniers appareils sur les 42 annoncés en février 2022), où le calendrier semble glisser pour des raisons financières. Enfin, en Arabie saoudite, les négociations sur la vente de 54 Rafale s'intensifient. À tel point que Dassault Aviation semble aujourd'hui être de plus en plus convaincu qu'une commande est désormais dans le domaine du possible.
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