Exploration spatiale : Quelles ambitions pour l'Europe ?

PARIS AIR FORUM 2024 - A l’ère post-ISS, comment l’écosystème du Vieux Continent défend-il sa place dans la conquête de l’espace ? Cargo réutilisable, stations commerciales, mission lunaire Artemis - avant la ruée sur Mars, sont autant de projets et de perspectives qui ont été débattus lors de l’édition 2024 du Paris Air Forum.
« Grâce au leadership de l'Agence spatiale européenne (ESA) et à la coopération des Etats, ces dix dernières années, l'Europe est devenue un partenaire fondamental de l'exploration spatiale. Il est difficile d'imaginer une mission sans l'Europe », (Massimo Claudio Comparini, PDG de Thales Alenia Space Italie)
« Grâce au leadership de l'Agence spatiale européenne (ESA) et à la coopération des Etats, ces dix dernières années, l'Europe est devenue un partenaire fondamental de l'exploration spatiale. Il est difficile d'imaginer une mission sans l'Europe », (Massimo Claudio Comparini, PDG de Thales Alenia Space Italie) (Crédits : Reuters)

Cela fait déjà une décennie que le robot européen Philae a atterri sur la comète Tchouri et que l'ATV, le cargo automatique européen de l'espace, s'est envolé pour la dernière fois. Aujourd'hui, à l'heure de la prochaine mise à la retraite de la station spatiale internationale (ISS), à l'horizon 2031, une nouvelle ère s'ouvre, dans laquelle l'Europe joue sa place. Elle tente donc d'affirmer ses ambitions pour rester dans la course de l'exploration spatiale. En se posant d'abord des questions, dont celle de l'autonomie du Vieux Continent dans ce nouveau paysage.

« Sans autonomie, on ne peut pas être reconnu en tant que partenaire égal dans le monde », prévient Ralf Zimmermann, directeur de l'exploration de l'espace chez Airbus Defence&Space. « Néanmoins, l'Europe ne devrait pas avoir l'ambition de tout faire toute seule », estime ce responsable. Au sein d'une co-entreprise aux côtés du japonais Mitsubishi et de l'américain Voyager Space, le groupe européen fait partie de Starlab, l'un des projets de stations spatiales commerciales qui prendraient le relais de l'ISS et dont la Nasa serait un client.

Du fret pour les stations spatiales

« Grâce au leadership de l'Agence spatiale européenne (ESA) et à la coopération des Etats, ces dix dernières années, l'Europe est devenue un partenaire fondamental de l'exploration spatiale. Il est difficile d'imaginer une mission sans l'Europe », se félicite Massimo Claudio Comparini, PDG de Thales Alenia Space Italie. Son entreprise a récemment été sélectionnée par l'ESA pour co-développer un véhicule cargo destiné à l'orbite basse, en vue de déployer un service de fret pour l'ISS et les futures stations spatiales commerciales.

Ce cargo réutilisable pourrait être, pour l'Europe, « une manière de garder et de jouer un grand rôle » dans la conquête de l'espace. Mais être prêt en 2028 nécessitera l'effort de tout l'écosystème. Ce qui implique en particulier pour la supply chain, touchée par la pandémie et d'autres crises, de relever le défi et de tenir les délais...

Nouveau modèle

Autre défi de cette nouvelle ère, la décision de la NASA d'utiliser des stations privées commerciales, dont elle serait cliente, pour remplacer l'ISS. Un changement vers un modèle jusqu'ici inconnu. « Cette évolution vient du fait que la NASA veut réduire les coûts de LEO (l'orbite terrestre basse) pour transférer les budgets vers la lune », décrypte Didier Schmitt, chef de la stratégie et coordination des vols habités et exploration robotique à l'ESA.

En tout cas, sur ce nouveau chemin d'utilisation commerciale, où les industriels devront trouver un marché et des clients, « je crois personnellement en un soutien institutionnel fort », avance Didier Schmitt. En fait, « c'est une vision, plus qu'un soutien, qui sera extrêmement importante après l'ISS, complète Massimo Claudio Comparini. De notre côté, nous devons nous préparer pour être compétitifs, de même que nous avons besoin de synergies entre tous les différents programmes que lance l'ESA ».

Sur la lune avec les Etats-Unis

Autre perspective, la mission Artemis, du nom de la sœur jumelle d'Apollo, vise à envoyer à nouveau des êtres humains sur la lune. Et voit l'Europe y être l'un des partenaires de la NASA. « Nous avons montré que nous pouvons être un partenaire crédible et compétent », se félicite Didier Schmitt. Mais à l'heure de la course à la domination technologique et spatiale, dans laquelle, désormais, l'Inde veut elle aussi marcher sur la lune, comme la Chine et les Etats-Unis, la question se pose de savoir si les Européens doivent se tenir aux côtés de leurs partenaires privilégiés, les diversifier ou mûrir et un jour exister seuls. « En attendant, nous allons sur la lune avec les Etats-Unis », poursuit-il.

« Nous pourrions, théoriquement, le faire seuls », affirme de son côté Ralf Zimmermann. Mais plus loin nous allons dans l'espace, plus se pose la question de la volonté et la capacité financière institutionnelle des pays européens à le faire. Ainsi, ajoute-t-il, « la question n'est pas de savoir si nous pouvons le faire seuls, mais qui sont les bons partenaires » pour marcher sur la lune. Avec, en ligne de mire, une autre étape, vers Mars.

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Commentaires 4
à écrit le 15/06/2024 à 18:55
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Débattre de projets et de perspectives. Mais cela a déjà été fait par d'autres bien plus pro-réactifs qui sont déjà en train de les réaliser et de nous faire rêver en XXL. Il faudrait que l'Europe se lance dans un paquebot géant comme le France ou un...

à écrit le 15/06/2024 à 9:11
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"Exploration spatiale : Quelles ambitions pour l'Europe ?".... Aucune et je rajoute : Hélas. Effectivement, le début du commencement d'un nettoyage de nos déchets spatiaux seraient souhaitables..

à écrit le 15/06/2024 à 8:50
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L'ambition européenne devrait être le nettoyage de toute les orbites basses avant qu'un problème majeur ne se déclenche...Toute autre ambition ne serait qu'innovation à risque sans le moindre progrès !

le 15/06/2024 à 12:26
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Bonjour, oui bien sûr, comme toujours s'est a nous pays riches de pourvoir au nettoyage des orbites basses... S'est vrais , comme ons est de nettoyage des plages et de certains pays d'Europe, nous pouvons aussi payer pour l'espace...

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