![Tir d'un missile Exocet, fabriqué par MBDA et incorporant les logiciels d'aide à la décision développés par Thales.](https://static.latribune.fr/full_width/2386456/tir-d-un-missile-exocet-fabrique-par-mbda-et-incorporant-les-logiciels-d-aide-a-la-decision-developpes-par-thales.jpg)
La référence est inattendue. «Dans Matrix (film de science-fiction de 1999, N.D.L.R.), vous voyez Neo qui évite les balles en se contorsionnant parce qu'on lui a téléchargé le bon logiciel, puis vous avez Trinity sur le toit d'un immeuble qui télécharge le logiciel pour apprendre à piloter un hélicoptère Bell 101. C'est paroxystique mais c'est un peu ça qu'on a à l'esprit. » Qui parle ? Le major général des Armées, l'amiral Pierre Vandier, dans un podcast récent du ministère des Armées consacré à l'intelligence artificielle (IA). En attendant de façonner dans le futur des soldats capables d'éviter des balles comme Neo (Keanu Reeves), l'armée française, tout comme la plupart des armées des pays du G20, utilise l'IA ou son ancêtre (programmation de logiciels) depuis très longtemps. Notamment dans certains missiles. C'est le cas du missile antinavire Exocet fabriqué par MBDA. Son autodirecteur, le cerveau du missile, est dopé depuis sa mise en service en 1974 par des « logiciels de décision » qui choisissent sa cible, rappelle l'amiral Pierre Vandier.
Pour tenter de maintenir la supériorité opérationnelle de l'armée française, l'IA fait partie des technologies cruciales pour atteindre cet objectif existentiel. Elle est déjà indispensable. Pour l'amiral Vandier, « l'IA va servir à deux choses dans les armées : faire des choses que l'homme fait déjà, aussi bien ou mieux que lui. Et puis, faire des choses qui sont impossibles pour l'homme compte tenu de l'urgence lorsqu'il n'y a pas assez de temps pour réfléchir face à la multitude de données ».
Le brouillard de la guerre cher à Clausewitz semble dissipé
En outre, le champ de bataille est devenu à la fois extrêmement complexe, interactif, rapide et transparent en raison de la multiplication des capteurs (drones, satellites, avions, guerre électronique...) Le brouillard de la guerre cher à Clausewitz semble dissipé. Ou presque : il reste encore à entrer dans le cerveau de l'ennemi - la dernière zone d'ombre - pour anticiper ses ordres.
Par conséquent, la différence sur un théâtre d'opérations va désormais se jouer dans la qualité et la vitesse de la prise de décision ainsi que dans la capacité d'appréciation des situations stratégiques et tactiques. Et l'actuelle dynamique de l'IA le permet en traitant l'énorme flux de données (big data) apporté par tous les capteurs sur un champ de bataille. Soit un gain de temps vital. Puis, dans un second temps, l'IA assiste l'opérateur dans sa prise de décision en lui proposant différentes options. C'est ce qui se passe en Ukraine, devenue un laboratoire tactique et stratégique pour tester des milliers d'idées très rapidement. Désormais, il y a clairement un match IA entre les pays, et notamment contre les pays considérés comme ennemis. C'est dans ce cadre que le ministère des Armées a créé le 1er mai l'Agence ministérielle de l'intelligence artificielle de défense (AMIAD), qui sera dotée d'un supercalculateur et de 300 personnes en 2026. Avec l'objectif de traiter de façon autonome tous les flux de données.
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